Pour Ingrid, le militant Renaud de retour !

Samedi soir (04/03/06), Renaud, vous êtes à Auray (Morbihan) et chantez en soutien à Ingrid Betancourt. Comment a démarré votre engagement ?
                    J'ai été touché par la détermination, l'amour, la dignité de sa fille Mélanie et de sa soeur Astrid. Au début, je ne comprenais pas qui était cette femme. J'ai tendu l'oreille. J'ai lu les journaux. Et j'ai voulu agir en écrivant une chanson (Dans la jungle), comme un témoignage de solidarité et de soutien.

On a l'impression que vous êtes né militant...
                    Ma famille est de gauche, militante, manifestante, solidaire, syndicaliste du côté de mon grand-père maternel dans les mines du nord de la France. La politique a accompagné mes repas d'enfant. Il y a aussi eu les chanteurs que j'ai écoutés, de Bob Dylan à Hugues Auffray en passant par Brassens. Je crois avoir toujours été un citoyen impliqué, motivé, solidaire, faisant des manifs, signant des pétitions, concerné par la marche du monde. J'aime pas les gens qui s'en désintéressent, qui ne pensent qu'à leur vie.

Il n'était pas plus facile d'être militant il y a 20-30 ans ?
                    C'est vrai que les atteintes aux Droits de l'Homme à l'autre bout de la planète faisaient descendre dans les rues de Paris des milliers de jeunes. Peut-être qu'il y a moins d'internationalisme dans les manifestations. Mais la vie est de plus en plus difficile. Quand t'as pas de quoi bouffer ou payer ton loyer, que tu vis une vie de merde dans une banlieue à la con, tu te fous un peu des bidonvilles de Bogota. Je ne leur jette pas la pierre.

Il y aura plusieurs chansons militantes dans votre prochain album, à sortir en mai ou septembre ?
                    Oui. Des chansons qui parlent de manière générale de la barbarie de ce monde, des intégrismes, des guerres, du terrorisme. Une chanson résume bien ça. Elle s'appelle J'ai retrouvé mon flingue. Il y a aussi Quelle galère, sur la misère des pays et des peuples en guerre. Et Chanson pour Léonard, dédiée à un Indien d'Amérique, accusé à tort, depuis trente ans en prison aux États-Unis, malgré le soutien de nombreuses personnalités à travers le monde.

La hargne est bel et bien revenue...
                    Elle m'avait quitté un moment où je désespérais du monde, de moi-même. Comment aimer les autres quand on ne s'aime pas soi-même, s'intéresser au monde quand le sien s'écroule ? C'est revenu. J'essaye de mettre mes actes en harmonie avec mes convictions, faire en sorte que ma vie d'être humain et mon travail d'artiste soient cohérents.

 

Par Michel TROADEC  .  www.vannes.maville.com

 Renaud