"Rouge sang", "vu et noté"  par ANTOINE

Une Chronique énerveillée (sic)                  

   
 


                    Il n'y a pas à s'y tromper, "Rouge Sang" est un album marquant pour Renaud. Vingt-cinq chansons nouvelles, il a fait fort, le « chanteur énervant » ! Moi qui le suis fidèlement depuis ses débuts je me colle avec plaisir à la chronique de son nouvel ouvrage, histoire de voir s'il s'y dévoile autant (d'aucuns diraient « exhibe ») que dans les précédents, en particulier que sur l'avant dernier, où il annonçait à la terre entière que sa femme l'avait mis dehors parce qu'il était devenu pochtron- La plupart d'entre nous, en pareilles circonstances, fermeraient leur gueule-Lui, Renaud, il l'ouvre en grand, met tout le monde dans sa poche- et vend deux millions d'albums !
                    Renaud a commencé sa carrière en chantant «Avant moi y'a eu Antoine, avant lui y'a eu Dylan, la société les a récupérés, société, tu m'auras pas ». Quand je l'ai rencontré quelques années plus tard et qu'il m'a annoncé qu'il avait lu mes livres, qu'il avait craqué et allait à son tour partir en voilier avec sa femme et sa gamine, il était un peu gêné, et m'a demandé comment j'avais pris sa phrase- Je lui ai répondu que je l'avais trouvée marrante parce que - regarde-moi, regarde ma façon de vivre, est-ce que tu as vraiment l'impression que la société m'a récupéré ? - Renaud s'est acheté un bateau mais il a moins réussi que moi ce projet là, son bateau est devenu (il le dit lui-même) un bistrot pour les potes, et sa femme et sa gosse se sont désintéressées du projet, qui a capoté- Il avait quand même eu le temps, un soir de tempête dans le golfe du Lion, de composer, en tapotant sur le roof de son voilier «C'est pas l'homme qui prend la mer». Le destin de Renaud, ce n'était pas de réussir un voyage en voilier, mais de devenir une énorme vedette de la chanson.
                    Renaud a toujours raconté à loisir les parties les plus secrètes de sa vie dans ses chansons, sa femme En cloque, sa Lola, et même ses cuites dans l'album ou il décrit la lutte du gentil Renaud et du vilain Renard. Dans "Rouge Sang", il n'y coupe pas, et une bonne dizaine de ses nouvelles chansons parlent essentiellement de sa blonde, de sa fille, de son fils (encore à naître lorsqu'il a écrit la chanson), de ses parents, de son bistrot préféré. Mais vu le nombre de ses plages, l'album comporte aussi une dizaine de pamphlets vigoureux, plus quelques chansons à caractère social ou satirique, comme le premier tube, plutôt gentillet et anodin, « politiquement correct », que la maison de disque et les media en ont tiré, Les Bobos ou comme sa chanson compassionnelle pour les agriculteurs, Pas de dimanche.
                    Je ne sais pas vous, mais moi je trouve que le CD est un mode d'écouter de la musique totalement dépassé : un truc qui n'affiche même pas le nom de l'artiste et le titre du morceau quand il le joue, je trouve ça d'un désuet ! Quand tous les lecteurs de mp3, surtout ceux des ordinateurs, comme Musicmatch ou Windows Media Player peuvent afficher un tas d'informations, artiste, titre, durée, notes en tout genre, illustration, tempo. Les maisons de disque, bien sûr, qui veulent continuer à vendre des CD, y vont à reculons, mais qu'est-ce qu'elles attendent pour fournir des morceaux sous forme de fichiers incluant plein d'informations, composition de l'orchestre, paroles et tablature de la chanson, etc-
Découvrant un jour sur un site Internet la sortie de l'album "Rouge Sang" de Renaud, j'ai tout de suite voulu voir si les choses avaient évolué ; bonne surprise, l'offre incluait, outre les 25 titres pour la version complète, un livret graphique épais et tentant, et une vidéo d'une dizaine de minutes ; j'y suis donc allé de mes quinze euros, et je n'ai pas été mécontent de l'investissement ; le livret est un joli ouvrage dessiné illustrant richement chacune des chansons. La vidéo est une petite oeuvrette apparemment tournée par la blonde de Renaud, qui l'a accompagné dans les studios - elle apparaît d'ailleurs, fort mignonne, quelques instants dans ladite vidéo, il est permis de penser que c'est Renaud qui, à son tour, l'a filmée. C'est un bon début ; quand est-ce qu'ils vont nous filer des albums pleins d'infos des vidéos, des bonus- ( et en 5.1, comme tous les DVD musicaux qui se respectent !) ? Ce sont ces valeurs ajoutées qui inciteront à acheter des versions « légales » plutôt que de télécharger des versions piratées, bordéliques, incomplètes, parfois de mauvaise qualité, mais plus faciles à obtenir- c'est tout de même un comble ! - que les versions légales, vendues trop cher et pas simples à utiliser avec leurs DRM stupides et vains.
                    Passons donc aux chansons, en commençant par les messages personnels de Renaud : là, y'a pas de doute, il nage dans le bonheur (ce qui doit en énerver quelques-uns) ; après avoir longuement raconté sa déprime des années passées, voilà qu'il porte aux nues sa Romane. J'avais un copain, célèbre producteur de spectacles, entre autres ceux de Charles Aznavour, qui me disait « Quand un auteur-interprète est heureux, il n'écrit pas de bonnes chansons ; il faut qu'il en bave pour en faire de bonnes »- Là, Renaud nous prouve le contraire !
Excusez-moi si ça fait un peu « prof », mais le nombre des chansons est si élevé que j'ai choisi de donner à chacune d'elles une note sur dix pour le « fond » (sujet, propos) et une seconde pour la « forme » (musique, paroles).


 

Sa Blonde :

Ma blonde
Depuis toujours, au Québec, on dit « ma blonde » même pour une brune ; ici Renaud parle vraiment de sa (vraie) blonde, la défend contre les mauvaises blagues blondistes- il perd un peu son temps, c'est comme si les Belges avaient lutté contre les histoires belges- Fond ? Allez, 4 pour le propos ; mais la forme, un rock sympa, me plait, en particulier, apparemment une grande première, un solo de guitare saturée par Renaud lui-même ! forme : 8

Je m'appelle Galilée
Chanson érotico-poétique ; on a tous envie d'écrire un truc dans le genre pour la femme qui vous fait bander ; Renaud le fait plutôt bien, mais les images qu'il utilise, ce n'est pas non plus « la petite mort » ni « l'origine du monde »- Uranus rime avec- mont de Venus- Renaud s'est arrêté un peu trop tôt. Quand à la mélodie, répétitive, elle ne me fascine pas- Faudrait un pont, un putain de pont qui nous emporte quelque part sur la planète Romane, le petit passage orchestral ne fait pas l'affaire. Fond : 6, forme : 4

Danser à Rome
Jolis, les anagrammes, marrante l'ambiance, on dirait un peu du Vian ou du Bobby Lapointe. Amusante parodie de canzonette napolitaine. Une information utile : la voix italienne qui dit « Viens, viens jeune fille, allons à Rome », ajoute à la fin « -culo, testa di cazzo, finocchio », des jurons qui veulent dire à peu près « - cul, tête de n ud, pédé » ! Fond : 7, forme : 7

Rien à te mettre
La mélodie te prend toute suite, et les images de sa blonde en petite culotte me vont très bien ; généreux, le Renaud, de partager ces petites scènes intimes avec ses millions de fans ; à quand une jolie séance de photos de charme de Romane, photos prises par Renaud ? Il suivrait l'exemple de son maître Gainsbourg, qui avait photographié Jane Birkin nue menottée à un radiateur ; fond : 8, forme : 8

RS et RS
L'ambiance de l'intro est tout de suite très Renaud, et l'ambiance entière de ses chansons, comme Mistral Gagnant et d'autres ballades dont il nous a régalés au fil des décennies. Bon, graver son nom dans l'écorce d'un arbre, ce n'est pas joli joli, je n'ai jamais aimé les gens qui laissent des traces de leur amour, aussi brûlant soit-il, dans le paysage. Donc Fond : 5, forme : 9

Jusqu'à la fin du monde
Jolie intro guitaristique ; mais tout de suite un paquet d'images un peu trop convenues, « tes yeux sont comme des pierres précieuses »- La mélodie du refrain est très jolie, et la russification du prénom de l'intéressée me plait. L'ambiance de la guitare saturée est plaisante. Bon, enfin, « ton corps est un arc en ciel éternel », c'est un peu fort, vous oseriez dire ça à votre doudo ? J'aime bien « c'est pour lui qu'on a inventé les dentelles ». Mais la mélodie ne va pas très loin Fond : 8, forme : 6

Sa fille :

Adieu l'enfance
Musicalement, le genre de rock que je préfère ; Renaud essaie de retrouver un peu l'inspiration de Mistral Gagnant ou de C'est quand qu'on va où ?; sa nostalgie de l'enfance ne me fait pas rêver, car je n'en ai aucune pour les cours de récré de mon enfance, et l'enfance, j'étais plutôt content d'en être sorti. Fond : 6, Forme : 8

Son fils, Malone :

Malone
On retrouve la voix d'un Renaud d'antan ; message d'espoir et de découragement aussi (cette planète moribonde). Pour moi, ce n'est pas une grande chanson, mais allez faire un tour sur le site de la Fondation Malone  > www.fondation-malone.fr < . J'espère qu'elle se développera, et que son fils Malone la reprendra quand il sera grand, un peu comme France, la fille de Brel a pris les rênes de la fondation Jacques Brel.

Ses Parents :

Nos Vieux
Très jolie ballade ; j'adore « ses omelettes aux oeufs » (à manger avec un sandwich au pain ?) ; on a du mal à imaginer que dans la première chanson, jamais enregistrée, je crois, que Renaud ait écrit de sa vie, il chantait « Crève, salope » à son père ! Pas beaucoup de mélodie non plus, mais assez attachante quand même. Fond : 9, forme : 7

Son bistrot préféré, la Closerie des Lilas :

A la Close
Putain, il lui aura fait de la pub à ce bistrot, qu'auraient hanté des gens comme Hemingway (le nombre de bistrots hantés par Hemingway dans le monde m'a toujours stupéfié !). Le coté récital au piano désuet sert bien la chanson, et le refrain a un air de vieille chanson française, on imagine bien le public le reprendre en choeur.

Social :

Les Bobos
L'ambiance musicale est agréable, mais le gentil pamphlet sur les bobos ne me semble pas à la hauteur de la provocation habituelle de Renaud, ça ne vaut pas Mon HLM, ni d'autres chansons de ce disque-ci ; en fait, lesdits bobos doivent être ravis que Renaud leur dédie cette apologie. Fond : 6, Forme : 7

Pas de dimanche
Renaud m'émerveille par la capacité qu'il a de chanter des chansons comme celles-ci, prenant la défense des petites gens, « Paysan mon frère »- et de gagner des droits d'auteurs avec- Bon, c'est vrai, il donne 20% de ses revenus à la fondation Malone, mais la différence de destin entre le sien et ceux qu'il chante, joliment d'ailleurs, avec un beau mariage de l'accordéon et de la guitare ouatée, me puzzle toujours- Bon allez, on ne peut tout de même pas lui reprocher d'avoir trop de succès ! Fond : 7, forme : 6

Arrêter la clope
Bravo Renaud, il fallait qu'il y ait quelqu'un qui se décide à attaquer cette « putain de came en vente libre »- Y'avait que Renaud pour le faire ; la guitare est d'enfer, et le refrain parfait ; comment peut-il y avoir encore des bureaux de tabac après ça, « avec leur carotte pour te faire marcher » ? Y'a qu'un truc qui me déplait, il y associe sa blonde et ses potes.. Renaud t'as une blonde d'enfer, qui nous fait tous envie, alors laisse un peu tomber tes potes, enfin, les pochtrons, les clopeurs et les clampins, tu te rappelles la dernière fois que tu les a mis dans ta vie de couple chez toi ou sur ton bateau ? Enfin chacun fait les conneries qu'il veut ; cette chanson, en tout cas devrait être sponsorisée par la Santé publique. Fond : 9, forme : 9

Sentimentale mon cul
Hommage à Souchon, puis pamphlet contre la bêtise des foules responsables de bien des maux dans l'histoire- et le paradoxe final : « J'espère que ma foule sentimentale à moi sera présente à mes galas »... le même paradoxe dont je parlais plus haut... et Renaud arrive même à en faire une chanson, que sa « foule sentimentale mon cul » reprendra en c ur- Fond : 8, forme : 8

Poésie :

Les Cinq sens
Doisneau, Brassens, Charles Trenet, on connaît déjà ça chez Renaud, avec la petite ritournelle d'accordéon, et les jolies images, pas la plus importante des chansons de l'album ; allez, joli quand même. Fond : 7, forme : 8 pour le joli cul les seins bien ronds- allez Renaud, tu nous les montres ?

Pamphlets :

Dans la jungle/en la Selva
Je suis toujours un peu défrisé par le paradoxe d'émettre des demandes politiques, sociales ou humaines sur des chansons, qui sont tout de même liées à des gains financiers ; mais si cette chanson peut aider à atteindre le but visé par Renaud, Bravo ; et bravo d'avoir fait l'effort de la traduire en espagnol pour qu'elle ait une chance d'atteindre ceux à qui elle est destinée, les ravisseurs d'Ingrid Betancourt ; Fond : 10, forme : 10

J'ai retrouvé mon flingue
Malgré l'enfer du Ricard et le paradis de Romane, Renaud nous sort une merveille, dont chaque parole est à méditer, sur Bush et l'Amérique fasciste, et sur les religions (Imagine ?). Alors sans aucun doute, fond : 11, forme : 11

Filles de Joie
Dommage, cette chanson attaque les bimbos et les chanteuses kleenex ( il y en aurait autant à dire pour les chanteurs idem) des émissions de télé réalité- mais elle ne rend pas hommage à celles qui sont de vraies prostituées en l'ayant choisi, et qui pratiquent une profession à mon avis aussi honorable que bien d'autres, mais couverte d'opprobre par des milliers d'années de religions judéo-chrétiennes. A quand une chanson véritablement à la gloire des femmes qui ont choisi le métier de donner du plaisir aux autres, Renaud ? Peut-être que ton fond huguenot s'y oppose ? La musique un peu inspirée du Dutronc des débuts n'est pas terrible non plus. Fond : 8, forme : 4

A la Téloche
Cette chanson là aussi il fallait que quelqu'un la fasse- Peut-être Renaud a-t-il comme moi échappé dans son enfance à cette autre drogue en vente libre qu'est la télé, qui vous fascine, vous hypnotise, vole trois à cinq heures de votre vie chaque jour ; j'aurais aimé une musique plus intéressante que cette sorte de cornemuse et ce rythme ternaire un peu fest-noz ou celte- Les paroles en perdent de leur valeur pourtant extraordinairement ciblées- « Ces animateurs qui nous prennent pour des cons, des cibles, des clients- nous font les poches »- fond : 10, mais forme : 6

Elle est Facho
Dans la lignée de Mon HLM ; je suis d'accord avec tout ce que Renaud dit, sauf en ce qui concerne le voile, qui me semble quand même être, dans les cultures qui l'imposent, une façon de plus pour les hommes d'asservir les femmes. Dans la bande dessinée qui accompagne le disque, des policiers fascistes viennent chercher Renaud avec un mandat d'arrêt de la « L.F.H.O » (« elle est facho) ; ça me ramène au L N A HO de Polnareff, au L H O O Q de Marcel Duchamp en 1919-Si Georges Perec était encore en vie, il pourrait écrire un livre entier dans ce langage, largement utilisé dans les SMS et les chats, par exemple : « a12c4 » pour « à un de ces quatre »- Je propose :
7éT GéT O IMN, GBZFI éGMSA.

Leonard's song
Il me manque des informations sur le Léonard en question ; la critique du peuple américain est un peu convenue, mais assez justifiée ; fond : 7, forme : 6

Pondichéry
Le bonus, le cadeau, et pour moi la plus belle et la plus essentielles des chansons de l'album. Fond : 12, forme : 12 ; on devrait l'enseigner à tous les enfants des écoles, à tous les connards et à tous les génies, aux hommes politiques et aux SDF, aux chanteurs, aux camionneurs et aux navigateurs. Apparemment, elle est donnée en bonus à ceux qui achètent la version luxe du CD... à quoi ça rime ? Elle devrait être donnée gratuitement, envoyée en flux à chacun d'entre nous tous les matins-

Rouge Sang
En fait de chanson anti-corrida, j'avais tendance à préférer celle de Cabrel, mais les corridas ne sont toujours pas arrêtées, alors allez-y, Renaud, les autres aussi, faites des chansons contre ce truc barbare et préhistorique ; musicalement, ne me fascine pas. Fond : 9, forme : 6

Elsa
Encore une ballade dont je ne sais pas trop à quoi ou à qui elle fait référence- Sans doute un message personnel à quelqu'un que Renaud connaît ; l'art du poète est de généraliser les émotions personnelles, que tout le monde les ressente comme lui, Renaud n'y arrive pas trop dans cette chanson dont je ne retiens pas grand-chose. Fond : 6, forme : 6 ; dommage.



                    Bon, je crois que je n'en ai pas oublié- En tout cas, je l'ai dit, un grand album de Renaud, il continuera sans doute longtemps à nous énerver et à nous émerveiller (je propose donc le néologisme : énerveiller).
                    Un petit message personnel : on t'a vu, Renaud, faire l'apologie du « téléchargement légal » ; D'accord, il faut que les créateurs soient rémunérés pour ce qu'ils créent- mais quel était le salaire du patron de Vivendi, déjà, et combien de stock options il a emportées ? Tu n'as plus besoin des multinationales pour nous communiquer tes uvres, Renaud ; réconcilie-toi avec les 80 % de tes fans qui ont téléchargé de façon prétendument illégale ton album ; tu as la chance de pouvoir vivre confortablement des revenus de tes spectacles vivants, qui ne sont pas « copiables », eux ; les gens qui dépensent à deux 60 ou 80 euros pour aller voir ton spectacle ne devraient- ils pas avoir droit à ton prochain album gratuitement ? Ton prochain album, fais-le aussi magnifique que celui-ci, mais sans avoir recours à EMI, Universal ou SonyBMG, sois un héros, sois le premier à le mettre en téléchargement gratuit sur ton site Internet, éventuellement avec l'aide d'un sponsor honorable pour payer les enregistrements et la SACEM (la publicité dans ce domaine n'a rien de plus déshonorant que la coopération avec ces grosses multinationales). Et comme ça, cent pour cent des possesseurs de ton disque, pas seulement vingt pour cent, seront en parfait accord avec toi.

Antoine

 

 
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 Renaud