Le Profiteur

 Fréderic Mignot 

 Déserteur de Renaud

 

Monsieur le Président, j'vous écris une bafouille
Pour vous dire simplement: "on s'en met plein les fouilles".
Je viens de recevoir mes dividend' juteux,
Les impôts que je carme sont symboliques, au mieux.
J'peux pas imaginer tout c' que je pourrais fair'
De c' pognon amassé , mêm' en vivant cent'naire.
J' peux pas me mettr' dans l' nez
Plus de 100 grammes par mois
Et je peux pas bouffer qu' du caviar béluga.
Du caviar béluga.

Je ne pense qu'à mon derche, qu'à ma p'tite vie à moi.
Ceux qui sont dans la dèche, je ne m'en soucie pas.
Je fais comm' tous mes potes, des traders très marrants
On s'fait des rails de coke
Et on spécul' gaiement.
Je sais que des gens crèvent et que leur sort se joue
A Dubaï, à Genève quand on est entre nous.
J'ai null'ment l'intention d'fair' le soixante-huitard,
Mais aux informations je vois des trucs bizarres.
Je vois des trucs bizarres.

Monsieur le Président, je suis un profiteur
Et je me bats les flancs des gens dans le malheur
Mais j'entends les chroniqu' des médias dits sérieux
Qui s'étalent à propos des gilets jaunes furieux.
Tous ceux qui ont du mal à boucler leurs fins de mois
Dans des cités infâmes, des bleds en mauvais' voie.
Ils n'ont qu'un seul mot d'ordre, ils n'ont qu'un seul credo:
Qu'en haut lieu les charognes déserrent enfin l'étau.
Déserrent enfin l'étau.

Monsieur le Président du groupe Bilderberg,
Je tente simplement de bien mettre en exergue
Que si ces gens sont nuls, sont moches et sont teigneux,
Faudrait, quoi qu'il en soit, faire attention à eux.
Bien qu'on ait la main-mise sur toute la planète
A part quelques bastions communist' obsolètes,
On pourrait êtr' pris d' cours par ces petits salauds
Qui occupent les carrefours aux quat' points cardinaux.
Aux quat' points cardinaux.

Alors que fait l'Etat face à ces Sans-culottes?
Il faudrait des soldats pour mater la révolte.
Comm' ça on s'rait pépère, on pourrait tranquillos
Faire nos petites affaires entre amis à Davos.
Je me plais à penser, monsieur le Président
Qu'on peut manipuler les élus aisément,
Que les syndicalistes ont un côté schizo
Et qu'on peut en corrompre certains quand il faut.
Oui, certains quand il faut.

Monsieur le Président, l'État français cafouille.
Les pauvres crient vengeance mais s'ils n'ont plus la trouille
Ils vont prendre le pouvoir et ils vont nous bouffer.
Avant qu'il soit trop tard, on devrait se poser
La question du partag', on devrait en causer

 

 

Renaud

Odes & Parodie