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A m'asseoir sur la terre une bonne heure avec toi,
Regarder les gens j'ter leurs revues.
Te parler du beau temps qu'est mort et qui r'vient plus,
En broyant dans ma main tes gros doigts.
Puis parler d'ta mère, Ah ! comme elle me plaisait !
Mais j'lui foutait des coup d'pieds pour de vrai ,
pis entendre ses pleurs et parfois ses murmures ,
et même la voir panser ses blessures.
Te raconter un peu comment j'étais mignon.
Mes cheveux fabuleux ,
coiffés en "Catogan" ,
soignés chez le coiffeur ,
retouchés toutes les heures ...
Mais c'est moi le perdant !
A courir sous la neige , vingt minutes avec toi,
regarder l'Beau Papa qui vient là ...
Te montrer ma colère , en le visant des yeux ,
Te parler de c'gars là un p'tit peu .
Et attendre dehors pour un peu l'faire râler ,
bousiller mon argent pour manger.
Et entendre ses cris comme on entend l'tonnerre ,
m'énerver , le taper au derrière ,
le frapper alors que j'en peux plus ,
zieuter c'vieux barbu .
Puis , continuer à l'cogner , toujours toujours l'cogner ...
"Papa j'crois qu'tu l'as tué !"
... là c'est moi le perdant !!!
A pelleter dans la terre trente minutes avec toi ,
Et regarder la tronche de c'pauv' gars !
Te parler d'Beau Papa qu'est mort et puis ma foi ...
Te dire que le méchant c'est pas moi .
Que si moi je suis barge , ce n'est que de tes yeux.
Ils ont l'avantage de m'rendre heureux ,
Et entendre tes pleurs s'envoler aussi haut ,
Ils s'envolent et me déchirent le cœur .
Te raconter enfin qu'il faut aimer "bibi" ,
Et l'aimer même si
Ton père est assassin et emporte avec lui
Le rire de son enfant ...
Et c 'est moi le perdant !
... c'est moi le perdant .
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