Aldo Campo Son blog
Renaud : Mistral gagnant
A m'asseoir sur les bancs d'l'Assemblée avec toi
Et r'garder les gens qui sont là
Nous parler du chômage qui explose à tout-va
En créant d'la misère ici-bas
Nous donner à bouffer d'la pub et de l'info
Nous filer de l'espoir pour de faux
Et entendre nos cris bien noyés dans l'azur
On meurt bien de silence, ça c'est sûr
Te raconter un peu comment j'étais vaillant
Les copains de turbin, qui riaient tout le temps
Pour un rien ou si peu, de leurs blagues à deux francs
Pour un patron gagnant...
A marcher sous la pluie en quittant Pôle emploi
Et semer l'ennui sous nos pas
Te faire rêver qu'un jour, on en aura plus qu'eux
Se moquer de la mouise, pas qu'un peu
Entrer dans un palace, dire « Champagne glacé ! »
Vider nos gorgeons, puis s'barrer
Et s'entendre nous dire qu'on a trop de la chance
S'enivrer du bonheur sans méfiance
Te raconter en gros l'enveloppe de la paye qui tombait l'vendredi
Et les soirs d'apéros qu'on fêtait comme des frères
Au bistrot en chantant
Pour des patrons gagnants...
A m'asseoir sur un banc de la ville qui s'éteint
En regardant passer les trains
Te parler des salauds qui font leur beurre en Chine
Nous laissant sans boulot, sans usine
Que si moi j'suis furax, c'est bien à cause d'eux
Car ils sont criminels et heureux
Et entendre leurs rires me dégoûte à jamais
D' cette putain de fraternité
Te raconter enfin qu'il faut aimer la pluie
L'aimer même si, elle nous tombe dessus
Quand on dort dans la rue où l'on crève souvent
Pour des patrons gagnants
Pour des patrons gagnants !