"Ruelle des faubourgs" 

Olivier Mottet -

 musique de La coupole.- Renaud

Elle s’habillait Paco Rabane
Portait tous les jours des Ray-ban
Même le soir lorsqu’il fait noir
Avait des lunettes sur sa tête

Devait avoir la quarantaine
Voilée sous des allures d’vingtaine
Les yeux "rimelés", les lèvres rouges
Pour embraser tout ce qui bouge

Son p’tit boulot, j’vous l’jure mesdames
C’est le plus vieux de la planète
Hôtesse de terre, rue Pigalle
S’envoie en l’air pour dix piécettes

C’était un vrai p’tit réverbère
Elle allumait les vieux pervers
Des rayons bleus, au fond d’ses yeux
Rendaient les cœurs noirs amoureux

Elle lisait Proust et pis Camus
Ou bien Hugo le vieux barbu
Dans ces instants, bien heureusement
Où elle n’avait pas de clients

Mais au matin, après l’travail
Après une nuit de vrai bail
Elle pleurait, elle jurait
Disait putain encore demain

C’est humiliant, ça j’en convient
De remplacer la femme d’certains
Aigris, vieux, cons, et corrompus
Qui trouvent l’amour ruelle des faubourgs

C’est pour ça qu’un d’ces beaux matins
L’a décidé de prendre le train
Et gare de Lyon, d’vant ses clients
Elle a souillé les rails d’son sang

Avant d’partir, elle m’a laissé
Une d’ces lettres à décacheter
Où elle disait même qu’en Enfer
N’existait aucun réverbère

Laï, laï, laï, laï, laï, laï, laï, laï……

 

Renaud

Odes & Parodies