Quelques INEDITS, que c'est même pas des inédits mais des brouillons, que Renaud conservait sur ses cahiers ou au fond du disque dur de son Mac et qu'il nous a comuniqué un jour de février 2007 . D'autres, en blanc , sont issues de diverses sources que j'indique si elles me  sont connues (SVPat)

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Quelques "brouillons" ? (By Renaud) Mar 14 Fév 07
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Attention, cadeau ! pour les acharnés, les fétichistes, les fans, les amoureux, les collectionneurs, les "comme moi" qui eussent aimé naguère recevoir la même chose from mes "idoles" à moi...  quelques chansons jamais finites, jamais enregistrées, jamais chantées, jamais aimées pour certaines même. 

....Bien évidemment, quiconque veut s'amuser à mettre en musique n'importe lequel de ces textes et le chanter, carte blanche, libre à lui .... ( Faudra demander quand même pour en faire un "tube - SVPat)
(...)

Voila ...  sur mon ordi j'ai que ça (Pis qq autres in-montrables, trop la honte) des dizaines d'autres dans mes archives manuscrites.

Merci de m'avoir lu....

RENAUD


 

**LA VIE EST MOCHE ET C’EST TROP COURT*KITCHEN-BLUES*NOCES OCCITANES*À L'HEURE DU LAITIER...*DEUX PAUVRES BALEINES*CHANGER LA FIN !*PAYSAN*MARIE MISERE*UN MONDE SI BEAU...*LA NUIT EN TAULE*L.O.L.I.T.A*UNE CHANSON*UNE FEMME QUI S’EN VA...*JE T’EMMENE AU TOUQUET*PINPON*PETITE FILLE SLAVE *

*Tirées de sources diverses*

Y'a une fleur...*L'oeuf à la Coque*Les Funérailles*Donnez-moi...*Regardez, bourgeois*!
 



LA VIE EST MOCHE ET C’EST TROP COURT

La preum (écrite sur la musique de "je vis caché") trop déprime grave..


La vie est moche et c’est trop court
A peine le temps d’être malheureux
Tu pleures plus souvent qu’à ton tour
Tu te retournes et puis t’es vieux

Tu vis ton enfance trop vite
Quelques fois douce, quelques fois terne
Bientôt la société t’invite
A intégrer une caserne

Tu pleures ton paradis perdu
L’enfance à jamais envolée
Que tu n’revivras jamais plus
Qu’tu vois chaque jour s’éloigner

Petite chanson désabusée
Un peu triste, pardonnez -moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
Le désespoir tombe sur toi

A vingt ans tu cherches l’amour
Si tu le trouves tant mieux pour toi
Tu voudrais qu’il vive toujours
Mais un jour ou l’autre il s’en va

Alors tu te retrouves seul
Et tu te détruis quelques fois
Tu ne penses plus qu’à ta gueule
Qui devient vite gueule de bois

Petite chanson désabusée
Un peu triste, pardonnez-moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
Tu crois que le diable est en toi

L’enfant que tu as eu parfois
Grandit lui aussi mais, hélas
Quand il ne te méprise pas
T’annonce un beau jour “je me casse !”

Même ton boulot qui, souvent
T’apportait le bonheur, la joie
Te semble futile comme du vent
Tu n’le fais plus qu’ du bout des doigts

Petite chanson désabusée
Un peu triste, pardonnez-moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
L’amour des autres te suffit pas

Tu vois tes amis disparaitre
Le plus souvent bien avant l’heure
Artistes, écrivains, poêtes
Tous ceux que tu aimaient se meurent

Tu te dis je porte la poisse
A ceux que j’admirais le plus
La vie est vraiment dégueulasse,
Ciao Desproges, Brassens, Coluche !

Petite chanson désabusée
Un peu triste, pardonnez moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
La mort s’acharne autours de toi

Tu te lèves à pas d’heure, cassé
Et tu as mal ici et là
Dans ton miroir tu vois, gravés
Sur ton visage, les dégâts

Que la vie, cruelle et sauvage
Et les jours, les années passés
Ont infligé à ton image
Et tu te hais à tout jamais

La vie est moche et c’est trop court
A peine le temps d’être malheureux
Tu pleures plus souvent qu’à ton tour
Tu te retournes et puis t’es vieux...

BIS
 



KITCHEN-BLUES
(texte écrit esspécialement pour Patrick Bruel, à sa demande, sur la musique de ce qui devint, sur son album, la chanson “bouge !”)

Ces soirées à la con, à chaque fois c'est comme ça
Qu'ça s'termine !
Déserté le salon, on s'retrouve toujours à
La cuisine !
Le mec qui met la musique
Il est sourd ou il est mort ?
Repli stratégique
Au bout du corridor,
Y reste des bières tout en bas du frigidaire !
Et alors ? On est bien, on a chaud,
On peu salir mais pas trop,
La cuisine on s'en fout, c'est du lino !

Ça fait peur ce couillon qui vient là se sniffer
Une p'tite ligne,
Grand seigneur, y m'demande si j'veux pas m'allumer
Les narines !
J'vais t'allumer quelque chose,
Tu vas voir la vie en rose !
J'vais t'faire sniffer l'bout d'mon soulier,
T'écraser l'blaire contr' la porte du frigidaire !
Et alors ? On est bien, on a chaud,
On peu m'gonfler mais pas trop,
La cuisine c'est pas bon pour les blaireaux !
C'est notre coin, notre repaire, c'est là qu'on oublie l'hiver,
Toute la nuit, tant qu'il restera des bières...

Si on s'faisait un p'tit Poker ?
On baisse un peu la lumière,
Y'a des allumettes près d'la cuisinière,
Virez les verres, et ceux qui jouent pas, de l'air !
Et alors ? On est bien, on a chaud,
On peut flamber mais pas trop,
La cuisine, c'tte nuit c'est Monte-Carlo !
Sur la nappe à carreaux, sous les néons pas beaux,
J's'rai pépère tant qu'y m'restera une paire...

Le buffet, vidé ! Les gonzesses, maquées !
Le Di-Ji, mongol ! A la cuisine ça rigole !!!

Eh, dis donc, toi, la minette !
T'as pas l'air dans ton assiette
Tu cherches un couteau ? Ça va pas la tête !
Tes p'tits poignets sont trop jolis pour saigner
Reste là, on est bien, on a chaud,
On peut souffrir mais pas trop,
La cuisine c'est pas fait pour les sanglots !
Viens t'asseoir avec nous, y'a une place sur mes genoux,
T'y s'ras mieux que dans les bras d'un salaud !

Eh ! Ça craint, tu crois pas ?
D'pleurer dans l'formica,
Ou alors chiale un bon coup pis basta !
Tant-pis,
Vas-y !
Qu'ça coule
par-terre,
A flots,
On s'en fout, c'est du lino !!!

 



NOCES OCCITANES
Un des textes les plus cucls de toute ma carrière( sur une sublime zic de Buc, pour le next album de Romane. On a finalement tout jeté elle et moi. On a bien fait hein? LOL !


Nous nous tenions main dans la main
Toi dans ta robe blanche
Moi dans mon costume de lin
Comme un dimanche
C’était l’été, le Sud
Les oliviers d’argent
Et les cyprès
Qui ondulaient au vent
Il y’avait des enfants
Les amis, les parents

Nous étions tous les deux
Dans la chapelle romane
Je t’ai dit « je te veux
Amante, amie et femme »
Je n’oublierai jamais
Ces noces occitanes
Déjà je t’appelais
Princesse Catalane
I’m yours, I’m yours

Tu ne croyais pas à grand chose
Je t’ai faite huguenote
Epouseras-tu toutes mes causes
De croque-notes
Je sais, depuis l’enfance
Tu rêvais en silence
De cette alliance
Que j’ai mise à mon doigt
Et qui me lie à toi
Et qui te lie à moi

Toute ma vie j’aurai
Dans mon cœur, dans mon âme
Ce beau matin d’été
A l’ombre des platanes
Je n’oublierai jamais
Ces noces occitanes
Déjà je t’appelais
Princesse Catalane
I’m yours, I’m yours
 




À L'HEURE DU LAITIER...
Une merde jamais finite (débutée il y a 10 ans...)


C’est à l’heure du laitier
Qu’ils débarquent toujours
Les pas dans l’escalier
troublent le petit jour
Alors au bruit des bottes
Tu réalises enfin
Qu’ils défoncent ta porte
Ou celle du voisin
Tu sais ce drôle d’oiseau
Qui écrivait des livres
Et trouvait dans les mots
Une raison de vivre

C’est à l’heure du laitier
Lorsque tu dors encore
Que viendra t’embarquer
L’escadron de la mort
Seront bardés de cuir
Ou de chemises sombres
Miliciens à vomir
Revenus d’outre-tombe
Ressurgis des entrailles
De cette bête immonde
Qui ?
Dévorera le monde
 



DEUX PAUVRES BALEINES
J'aimis bien mais trop long et trop "datée"...
Ai repris deux-trois phrases dans " J'ai retrouvé mon flingue" ...


Deux pauvres baleines Sous la banquise
Qui se démènent Et qui s'épuisent
Tiennent en haleine Le populo
Depuis des s'maines C'est rigolo
Deux baleines bleues Pleines de grâce
Respirent un peu A la surface
Des Esquimaux Brisent la glace
A coups d'marteaux Et de caillasses
Le monde entier Se mobilise
Grâce aux télés Qui médiatisent
Cette agonie Entre deux eaux
Cette frénésie De p'tits Cousteau
Qui se déchaînent Comme des héros
Pour deux baleines Et un baleineau

Deux pauvres baleines Sous la banquise
Depuis des s'maines Sensibilisent
Monsieur Ducon Qu'est concerné
Qu'aime les poissons En liberté
Les écolos Des ministères
Les gros bateaux Et l'nucléaire
Qu'aime bien les Verts Pas les barbus
Qu'adore la mer Et les morues
Qu'aime tout c'qui y'a Sur sa planète
Pourvu que sa Télé soit nette
Qu'admet qu'ça casse Et que ça meurt
Pourvu qu'ça passe Dans le " 20 heures "
C'est l'poids des chaînes L'choc des infos
Pour deux baleines Et un baleineau

Deux pauvres baleines Sous la banquise
Bientôt atteignent La mer promise
Les supergrands Ont dit : C'est assez !
Allons au d'vant Des cétacés
Brisons la glace Et montrons qu'on
N'est pas des crasses Ni même des cons
Qu'on a du coeur Et des idées
Quand c't'en couleurs A la télé
Et le blaireau D'crétin moyen
De dire : C'est beau ! D'trouver ça bien
D'aimer les Russes Et les Ricains
Parc' qu'ils ont pu s' Donner la main
Aller sans haine Sauver la peau
De deux baleines Et d'un baleineau

Va pas lui dire Que c'est les mêmes
Qui font mourir Et les baleines
Et les humains Et les oiseaux
Et que demain Pour nos marmots
Y'aura plus d'Terre Plus d'océans
Plus d'forêt vierge Plus d'éléphants
Dis-lui quand même Qu'y s'en fasse pas
Qu'y'aura des chaînes Pour filmer ça
Qu'y'aura toujours Un projecteur
Comme un vautour Sur le malheur
Et toujours l'oeil D'une caméra
Pour les aveugles Et les béats
Qui sinon peinent Le bec dans l'eau
Comme les baleines Et les baleineaux

J'ai un dégoût Définitif
Pour cet égout Informatif
Pour cette époque Télé-merdique
Et pour cette opinion publique
Ce marécage Qui ne vit plus
Que des images Du vécu
Ce ventre mou Et ce cloaque
Qui a soif de tout C'qui est spectacle
Pour ce miroir Où nos bassesses
Brillent le soir Dans chaque pièce
Pour ces discours Qui ont remplacé
Les mots d'amour Et les idées
Pendant qu'je saigne Et vais à vau-l'eau
Comme les baleines Et les baleineaux


 


 CHANGER LA FIN !
Texte écrit pour Patrick Bruel, à sa demande, sur la musique de “bouge !” ENCORE refusé..

 


Le scénar, déjà lu, déjà vu, pas bon,
Ringard !
Le décor c'est les ruines et le feu, c'est la mort,
Encore !
L'héroïne c'est la haine,
Premier rôle à une chienne,
Les figurants c'est les enfants,
De tous les plans, de tous les bombardements !
Déchirons l'écran de ce cinoche,
De cette histoire trop moche,
Faudra bien si on veut changer la fin !

Les acteurs, un civil, un soldat, un tueur,
Snipper,
La couleur c'est le rouge du sang, c'est le blanc
De la peur,
L'héroïne c'est la guerre,
Premier rôle à la misère,
Les figurants c'est les enfants,
De tous les plans, de tous les enterrements !
Déchirons l'écran d'indifférence,
L'écran noir de nos silences,
Faudra bien si on veut changer la fin,
Pas écouter demain les sermons assassins
Qui diront "Dieu reconnaîtra les chiens !"

L'héroïne c'est la haine,
Premier rôle à une chienne,
Et la produc' ? Tous les trous-duc'
De tous les trônes, de tous les gouvernements !
Déchirons l'écran de ce cinoche,
De cette histoire trop moche,
Faudra bien si on veut changer la fin !
Sauver les figurants,
les femmes, les enfants,
Innocents aux mains pleines de sang !

Le scénar, ringard ! Le décor, la mort !
Les acteurs, snippers ! La couleur, la peur !

L'héroïne c'est la guerre,
Premier rôle à la misère,
Sarajevo, ton scénario
J'en veux pas, il est trop mauvais pour moi !
Trop métal, trop cradoque, trop banal,
Trop sauvage, animal !
Tiens-toi bien, je voudrais pas voir la fin,
Pas écouter demain les sermons assassins
Qui diront "Dieu reconnaîtra les chiens !"

C'est une histoire trop moche,
C'est du mauvais cinoche !
Déchirons l'écran noir de nos silences !
Silence !
Moteur !
Ça tourne !
Action !
PAS BON !
EST—C'QU'ON PEUT CHANGER LA FIN ?
 


PAYSAN
Une première version de "Paysans" en 95 pour l'album " Belle de Mai" sur la musique de "Devant les lavabos".Gardé un paquet de phrases pour le "Pas de dimanches" à venir next CD.


Deux mille ans que tu te lèves
Toujours avant le soleil
Pour aller bêcher la terre
Caresser le blé qui lève

Combien de sueur, de peine
Avant que le grain, demain
Entre nos mains ne devienne
Un simple morceau de pain

Paysan
Au prochain printemps
Tu reviendras comme revient
L’hirondelle avec le vent
Paysan
Cette fois pourtant
La terre s’abreuvera du sang
Des banquiers des marchands
 


Deux mille ans que tu obéis
Toujours aux mêmes seigneurs
Dans les Ministères à Paris
Derrière leurs ordinateurs
Pour eux tu vaux moins que ton chien
Va leur dire à ces canailles
Que la terre n’appartient
Qu’à celui qui la travaille

Paysan
Au prochain printemps
Tu reviendras comme revient
L’hirondelle avec le vent
Paysan
Cette fois pourtant
Le grain qui germera fera
Eclater la terre

Ils ont mis ta terre en jachère
Ont saisi toutes tes machines
Mais ton fusil ta cartouchière
Sont cachés dans la remise

Menant les enfants à l’école
Au village demain matin
Devant le Crédit Agricole
Tu cracheras parterre

 



MARIE MISERE
(Chanson tragique)
CA ça me faisait marrer mais bon ... trop long pis pas de musique.

C’est sur un grabas misérable
Dans une chambre abominable
Que Marie Misère se meurt
Dans une cité inhumaine
D’une banlieue grise et lointaine
Plus épouvantable tu pleures
Sur son triste lit de détresse
Elle repense à sa jeunesse
disparue, à jamais partie
Dans les volutes de l’herbe folle
Et dans les vapeurs des alcools
Qui accompagnèrent ses nuits
N’a que trente ans et des poussières
Mais déjà l’ombre froide et fière
De la faucheuse se rapproche
De son pauvre corps décharné
Par une vie de pauvreté
Par une destinée trop moche

T’as pas eu d’chance Marie Misère
Si à ta naissance ta pauvre mère
T’avait app’lé Marie Pognon
T’aurais p’t’être eu une vie moins con
Sans peine et sans soucis
Plus belle et plus jolie
Mais tu t’appelles Marie Misère
Quelle galère !

Sa pauvre mère parlons-en
est morte elle n’avait pas cinq ans
D’une cyrrose foudroyante
Puis son père l’a abandonnée
Comme on laisse un chien sans collier
Alors commença la tourmente
D’une vie triste et dégueulasse
Un jour la rue un jour la Dass
Un jour un foyer misérable
Jusqu’à la prison forcément
Où elle passa quelques temps
Avant de finir lamentable
Rmiste sans avenir
Sans un ami sans un plaisir
Sans même la télé chez elle
Juste Radio Monte Carlo
Où elle écoute Jean Pierre Foucault
Qui rend sa peine moins cruelle

Dans sa détresse malgré tout
Elle rêve encore au beau jour où
Elle rencontrera un homme
Elle le voit droit et honnête
Au volant d’une Opel Kadett
Fringué comme un prince ou tout comme
Serait cadre, agent commercial
Dirigerait une sucurçale
D’un joli Crédit Agricole
Lui offrirait de beau bijoux
Une télé couleur et tout
Pour le cable une parabole
Des meubles de chez Conforama
Une cuisine Ikéa
Des vêtements et des sandales
Des vacances à Palavas
Et de temps en temps une place
Pour Yves Duteil à la Cigale

Mais de ses rêves il faut qu’elle sorte
Car soudain l’on frappe à la porte
De la sous-pente où elle crêche
C’est un huissier, un commissaire
Costumes sombres, allure austère
Regards durs et mines revêches
Nous venons saisir tous vos biens
Votre transistor votre chien
Vous nous devez quelques centimes
Alors Marie Misère hélas
D’un geste de folie, d’audace
S’empare d’un couteau de cuisine
Et frappant les hommes au hasard
Au plus profond du désespoir
Sans réfléchir les assassine
Le sang coule sur ses mains blanches
Du couteau dont elle tient le manche
La lame est au fond des poitrines

Réalisant soudain pas fière
Qu’elle est devenue meurtrière
Marie Misère veut en finir
Avec cette vie de chagrin
Avec ce tragique destin
Qui la poursuit et qui empire
Alors elle ouvre la fenêtre
Du haut de laquelle elle se jette
Adieu pauvre vie de misère
Mais elle tombe c’est trop bête
Sur le toit d’une Opel Kadett
Dont elle tue le propriétaire
C’tait un homme des hautes écoles
Patron d’un Crédit Agricole
La morale est sauve quand même
Le hasard de cet accident
A vengé quelques paysans
Ruinés par l’homme le matin même

T’as pas eu d’chance Marie Misère
Si à ta naissance ta pauvre mère
T’avait app’lé Marie Pognon
T’aurais p’t’être eu une vie moins con
Sans peine et sans soucis
Plus belle et plus jolie
Mais tu t’appelles Marie Misère
Quelle galère !
 


UN MONDE SI BEAU...
Écrit pour " Boucan d'Enfer", enregistré et chanté sur la musique de "Tout arrêter". Finalement, ai préféré "Tout arrêter" ... Pas vous ? Ah bon ...


J’ai descendu le Nil
Sur une jolie barque
J’ai vu les pyramides
Et Louxor et Karnak
Fumé le narguilé
Au café El Fichaoui
J’y serais bien resté
Au moins toute ma vie

Pourquoi ce monde
Qui est si beau
Devient-il immonde
Quelquefois ?
Pourquoi les humains
Que j’aime bien
L’entraînent dans un effroi sans fin ?

Au fin fond de l’Auvergne
Au milieu des volcans
J’ai oublié ma peine
Auprès de braves gens
Dans un village oublié
De tous les dépliants
Je serais bien resté
Au moins jusqu’à cent ans

Pourquoi ce monde
Qui est si beau
Devient-il immonde
Quelquefois ?
Pourquoi les humains
Que j’aime bien
l’entraînent dans un effroi sans fin ?

J’ai emmené ma gosse
Découvrir la lumière
Dans l’île de Patmos
Aux pieds d’un monastère
Pour son peuple, son décor
La Grèce est un pays
Que j’aimerai encore
A la fin de ma vie

Pourquoi ce monde
Qui est si beau
Devient-il immonde
Quelquefois ?
Pourquoi les humains
Que j’aime bien
L’entraînent dans un effroi sans fin ?

C’est aussi à Bayonne
Au coeur du Pays Basque
Que j’ai connu des hommes
Qui n’portaient pas de masques
M’ont fait aimer leur terre
Et aussi leurs combats
J’y reviendrai, mon frère
Et je finirai là

Pourquoi ce monde
Qui est si beau
Devient-il immonde
Quelquefois ?
Pourquoi les humains
Que j’aime bien
L’entraînent dans un effroi sans fin ?

L’entraînent dans un effroi sans fin ?
L’entraînent dans un effroi sans fin ?

 



LA NUIT EN TAULE
Écrit et chanté sur "Boucan d'enfer" puis jeté. On a gardé le play-back de Buc(Tubesque) sur lequel j'ai écrit "Princesse catalane" pour nest CD.

La vie est moche et c'est trop court
À peine le temps d'être malheureux
Tu pleures plus souvent qu'à ton tour
Tu te retournes et pis t'es vieux.

Tu vis ton enfance trop vite
Quelquefois douce, quelquefois terne
Bientôt la société t'invite
À intégrer une caserne.

Tu pleures ton paradis perdu
L'enfance à jamais envolée
Que tu n'revivras jamais plus
Qu'tu vois chaque jour s'éloigner.

Petite chanson désabusée
Un peu triste pardonnez-moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
Le désespoir tombe sur toi...

La vie est moche et c'est trop court
À peine le temps d'être malheureux
Tu pleure plus souvent qu'à ton tour
Tu te retourne et pis t'es vieux.

À vingt ans, tu cherches l'amour
Si tu le trouve tant mieux pour toi
Tu voudrais qu'il vive toujours
Mais un jour ou l'autre il s'en va.

Alors tu te retrouve seul
Et tu te détruis quelquefois
Tu ne pense plus qu'à ta gueule
Qui devient vite gueule de bois.

Petite chanson désabusée
Un peu triste pardonnez-moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
Tu pense que le diable est en toi.

L'enfant que tu as eu parfois
Grandit lui aussi mais, hélas
Quand il ne te méprise pas
T'annonce un beau jour "je me casse!"

Même ton boulot qui, souvent
T'apportait le bonheur, la joie
Te semble futile comme du vent
Tu n'le fais plus qu'du bout des doigts

Petite chanson désabusée
Un peut triste, pardonnez-moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
L'amour des autres te suffit pas

Tu vois tes amis disparaître
Le plus souvent bien avant l'heure
Artistes, écrivains, poètes
Tous ceux que tu aimaient se meurent

Tu te dit je porte la poisse
A ceux que j'admirais le plus
La vie est vraiment dégueulasse
Ciao Desproges, Brassens, Coluche!

Petite chanson désabusée
Un peut triste, pardonnez moi
Tu ne sais pas toujours pourquoi
La mort s'acharne autours de toi

Tu te lèves à pas d'heure, cassé
Et tu as mal ici et là
Dans ton miroir tu vois gravés
Sur ton visage, les dégâts

Que la vie, cruelle et sauvage
Et les jours, les années passés
Ont infligé à ton image
Et tu te hais à tout jamais

La vie est moche et c'est trop court
A peine le temps d'être malheureux
Tu pleure plus souvent qu'à ton tour
Tu te retournes et puis t'es vieux

La vie est moche et c'est trop court
A peine le temps d'être malheureux
Tu pleures plus souvent qu'à ton tour
Tu te retournes et puis t'es vieux.



L.O.L.I.T.A
Écrit en 91 pour "Marchand de cailloux"sur la musique de "Olé". Pourquoi j'ai pas gardé ? J'sais pas... Top cucul ? Probable ...


Lola L-o-l-i-t-a Lolita
Dans ton nom y'a deux "L" et tu m'demande pourquoi
Ben c'est parc' que dans le ciel y'a des p'tits anges comme toi
Eux aussi ont deux ailes dans l' dos et deux p'tits bras
Qui s'accrochent aux nuages comme tu t'accroches à moi


Dans ton nom y'a un "O" et tu m'demandes pourquoi
C'est l'eau de la rivière qui s'écoule et qui va
Rejoindre l'océan et le ciel qui fera
Tout retomber en pluie sur tes cheveux, Lola


Lola L-o-l-i-t-a Lolita
Dans ton nom y'a un "I" et tu m'demandes pourquoi
C'est parce que t'es un arbre qu'un nid s'est trouvé là
Pour protéger l'oiseau qui chante dans ta voix
Qui s'envole dans ton rire lorsque tu ris de moi


Dans ton nom y'a un "T" et tu m'demandes pourquoi
C'est le cuivre de ta peau qui te répond Lola
Que tu l'aimes l'été et qu'il n'aime que toi
Qu'le soleil est jaloux chaque fois qu’il te voit


Lola L-o-l-i-t-a Lolita
Dans ton nom y'a un "A" et tu m'demandes pourquoi
C'est toi ce petit tas d'amour tout contre moi
Ce petit tas de bois qui rechauffe mon toit
L-o-l-i-t-a Lolita
L-o-l-i-t-a Lolita
Je serai toujours là

 



UNE CHANSON
Une vraie merde écrite en 2000...


J’ai fait une chanson, je sais pas pourquoi,
P’t’être pour changer l’monde ou me changer moi,
Une mélodie, quelques mots comme ça,
Pour dire la folie de cette vie là,
Parler aux enfants, leur donner un peu
D’l’amour que j’ai dans mon p’tit coeur tout bleu...

J’ai fait une chanson, je sais rien faire d’autre,
Un peu d’émotion dans mon coeur et l’vôtre,
Pour parler des femmes que l’on aime trop,
Pour livrer mon âme dessous les projos,
Pour parler d’la mort ou du temps qui passe,
Des gens qu’on adore et s’en vont, hélas...

J’ai fait une chanson un peu dérisoire
Pour donner au monde un semblant d’espoir,
Un sourire peut-être, c’est toujours ça d’pris,
Une idée en tête qui vous éblouit,
Une mélodie, quelques mots comme ça,
Que serait la vie sans ces La La La...

J’ai fait une chanson, va savoir pourquoi,
Pour vous ennivrer au son de ma voix,
Parler de la vie, l’amour et la guerre,
Crier sans un bruit contre la misère,
Pour accompagner vos joies et vos peines,
Pour vous qui m’aimez, vous dire “je t’aime”...

 


UNE FEMME QUI S’EN VA...
Une autre merde écrite après ma "séparation" d'avec celle qui reste aujourd'hui ma meilleure amie , Dominique ..

Une femme qui s’en va ça ne revient jamais,
Ça se retourne à peine et puis ça disparait,
L’amour devient alors comme un couteau planté,
Plus rien ne peut guérir un coeur assassiné.

Une femme qui s’en va ça ne revient jamais,
Peu importe qu’on pleure sur les années passées,
Les larmes ne sont plus qu’un torrent d’eau salée,
Qu’une source inutile où l’on va se noyer.

Une femme qui s’en va ça ne revient jamais,
Et la mélancolie vient alors s’installer
Comme une pierre tombale sur une vie brisée,
Comme un jardin de ronces sur un coeur barbelé.

Une femme qui s’en va ça ne revient jamais,
Ça souffre doucement toute une éternité,
Puis un jour ça entend chanter la liberté,
Ça court au devant d’elle tout comme un évadé.

Une femme qui s’en va ça ne revient jamais,
Jusqu’à la fin du monde pourtant je t’attendrai,
Reviens-moi mon amour, reviens me pardonner,
Je ne te laisserai plus jamais t’en aller...

Une femme qui s’en va ça ne revient jamais,
Jusqu’à la fin du monde pourtant je t’attendrai...

 



JE T’EMMENE AU TOUQUET
Une autre merde, vaine tentative de refaire une " Jeune fille du métro"...


J’étais au coin du bar,
Un peu rond,
Quarant’ cinq ans à boire
Ça fait long,
Quand elle est arrivée,
La Ninon,
La porte en a tremblé
Sur ses gonds.

Sitôt dans la lumière
Du boxon
Tous les yeux se fixèrent
Sur l’canon,
Franchissant la première
Le perron :
Son incroyable paire
De ... Santiag’s à bouts ronds
Qui d’vaient coûter bonbon !

“M’gonflez pas, les blaireaux !”
Qu’elle nous dit,
“J’ai mal dans l’bas du dos
Où j’m’assis,
Par un bel empaffé,
Rue Blondel,
Je suis fait défoncer
L’a... rrière de ma 4L,
La portière et les ailes !”

Une fille dans l’embarras,
Moi, tout d’suite
Je cours, je vole, me v’là,
Je l’invite,
Elle accepte un café,
L’ingurgite,
‘Lors j’ui offre de goûter
A ma b... ière Mort subite
Qu’elle avale bien vite !



Après dix-neuf tournées,
P’t’être même plus,
Me d’mande de la ram’ner
Chez son gus,
J’ui dit “Ok, d’accord,
T’as plus d’bus,
J’te ramène mais d’abord
Faut qu’tu m’sus... sures dans l’cou
Quelques gentils mots doux !”

Une fois dans ma BM,
Rien qu’nous deux,
Je lui dit que je l’aime
Un p’tit peu,
Mais soudain je r’deviens
Silencieux
Quand elle pose sa main
Sur ma queue... d’tigre Esso
Qui pendait du rétro !

A l’hôtel où j’habite
A l’année,
J’veux lui montrer ma suite
Au premier,
Ell’ m’dit “J’ai une faim d’loup,
Ça gargouille,
J’pourrai facile te bouf-
Fer.... un ch’val en entier
‘Vec la selle et l’jockey !”

Elle m’agace un p’tit peu,
Ell’ m’les brise,
J’ui dit “Ma belle, tu veux
Que j’te dise ?
C’est rapé tous les deux
Pour Venise,
C’est mal barré pour qu’te
So.... llicite à nouveau,
Même pour un apéro !”

‘Lors la belle s’est cassée
Sans histoires
Encore une de ratée,
Quelle armoire !
C’est alors qu’j’ai pensé
Mais trop tard
Qu’j’pouvais lui proposer
Mon bras.... pour la ram’ner
Jusqu’à son escalier

De ces histoires d’amour
Ridicules,
Moi j’en vis tous les jours,
Ça pullule,
Pourtant parfois les meuf’s
Capitulent
Aussitôt que j’leur dit
Je t’em... mène au Touquet
Manger des crustacés !

 



PINPON
Une autre connerie(A chanter Avé l'Assent de Marseille...)

C'était un p'tit pompier
Qu'on appelait Pin-pon
Qui passait ses journées
A briquer son
Putain con
Qui passait ses journées
A briquer son camion

Briquait et astiquait
Avec un vieux chiffon
Le cuivre des poignées
Et le capot
Putain con
Le cuivre des poignées
Le capot vermillon

Pour éteindre les feux
Des maquis des buissons
Il hésitait un peu
Craignant pour
Putain con
Il hésitait un peu
Craignant pour son camion

A l'heure ou les sapeurs
Montaient braves au front
Il désertait les flammes
Les braises et les
Putain con
Il désertait les flammes
Les braises et les tisons

Pour aller faire reluire
Le bout doré de son
Si long tuyau en cuir
Lové en rond
Putain con
Si long tuyau en cuir
A l'arrière du camion

Ce pompier astiqueur
Qu'on appelait Pin-pon
Habitait juste au coeur
D'un p'tit village
Putain con
Habitait juste au coeur
Des monts du Luberon

Rencontra une dame
Qu'avait le feu au con
Lui déclara sa flamme
Lui offrit son
Putain con
Lui déclara sa flamme
Et lui offrit son nom

Cette jolie sirène
Qui attirait les garçons
Avec ses hanches pleines
Et son sourire
Putain con
Avec ses hanches pleines
Et ses petits seins ronds

Répondit au pompier
Oh, mon petit Pin-pon
Astique tes poignées
Brique ton bout
Putain con
Astique tes poignées
Ton bout doré si long

Cela fut dit sans haine
Sans la moindre passion
Et la jolie sirène
S'en fut faisant
Putain con
Et la jolie sirène
S'en fut faisant " pin-pon "


Connut bien des pompiers
Dans tout le Luberon
De ceux que l'on nous fait
Cachés dans les
Putain con
De ceux que l'on nous fait
Cachés sous les buissons

Morale incendiaire :
Si tu croises un canon
Si elle a l'feu au derrière
Pour l'attirer
Dans les buissons
Vaut mieux avoir des couilles
Putain con
Vaut mieux avoir des couilles
Qu'un joli camion . . .

 



PETITE FILLE SLAVE
Une 'tite dernière écrite pour Patricia Kaas, mise en musique par Stéphan Eicher( pas mal). Notre miss lorraine n'en a point voulu... En ai gardé quelques phrases pour next CD dans "Filles de joies"



Tu as quitté Bucarest
Ou Prague ou Varsovie
Pour t’en venir à l’Ouest
Dans les rues de Paris

Arpenter les trottoirs
de la périphérie
Où pour quelques dollars
Tu te donnes à l’envi

Tu as quitté Moscou
Ou les rues de Sofia
Pour finir tout au bout
D’un boulevard sans joie

Dans une nuit trop noire
Sous la pluie, dans le froid
Où tu t’offres aux regards
Où tu ouvres tes bras

Petite fille Slave
Petite fille esclave
Tu te donnes, tu te vends
Plus tu donnes moins tu prends
Tu reviendras un jour chez toi

Tu as quitté l’Ukraine
Peut-être la Georgie
Pour vivre une autre peine
Autre misère aussi

Soumise à des maffieux
Intouchables, protégés
Qui te crèveront les yeux
Si tu veux t’en aller

Petite fille Slave
Petite fille esclave
Tu te donnes, tu te vends
Plus tu donnes moins tu prends
Tu reviendras un jour chez toi

Tu as quitté Vilnius
Ou Kiev ou Tbilissi
Pour gagner un peu plus
Mais pour te perdre aussi

Sur ces trottoirs blêmes
Où pour quelques tordus
Tu fais croire que tu aimes
Toi qui n’aimeras plus

Petite fille Slave
Petite fille esclave
Tu te donnes, tu te vends
Plus tu donnes moins tu prends
Tu reviendras un jour chez toi

______________

Voilà ...  sur mon ordi j'ai que ça (Pis qq autres in-montrables, trop la honte) des dizaines d'autres dans mes archives manuscrites.

Merci de m'avoir lu....

RENAUD

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Y'a une fleur...
(Renaud Séchan)

Sur la terre ensanglantée
Par le sang des communards
Y'a une fleur qui a poussé
Rouge et noire.
Une petite fleur sans histoire
Que l'Histoire veut oublier
Mais que garde la mémoire
Des pavés.
Y'a une fleur, un coquelicot
Qu'un copain avais tatoué
Sur la peau.
Une fleur du mois de juin
Qui meurt aussitôt coupée
Dans tes mains...

Sur la terre libérée
Où des hommes se combattent
Y'a une fleur qui a poussé
Écarlate.
Une petite fleur sans histoire
Que l'Histoire veut oublier
Mais que garde la mémoire
Des damnés.
Y'a une fleur, un oeuillet rouge,
Qu'un soldat avait gardé
Au fusil,
Une fleur du mois d'avril
Qui a réveillé la ville
Endormie...

Sur la terre déchaînée
Où la haine a fait son nid
Y'a une fleur qui a poussé
Sans un bruit.
Une petite fleur sans histoire
Que l'Histoire veut oublier
Mais que garde la mémoire
Des baiser.
Y'a une fleur, une marguerite
Accrochée dans tes cheveux
Ma petite.
Une fleur de tous les jours
Mais qui ressemble un p'tit peu
À l'amour...

Les p'tites fleurs, pour pas qu'elles meurent
Faut qu'elles poussent au fond du coeur,
Moi j'ai un putain d'jardin
Au fond du mien.
Les fleurs sont comme les idées
Faut savoir les arroser
Pas les laisser piétiner
Par les chiens.
Y'a un bouquet d'immortelles
Un bouquet d'idées rebelles
Et jolies
Qui pousse dans mes chansonettes
Et qui fleurit dans ma tête
Sous la pluie...

 

Extrait des Manucrits de Renaud


L'oeuf à la Coque *

 Renaud (Sur Les Elucubrations d'Antoine)

 

                                    Avant-hier matin

                                    Je demandai à maman

                                    J' ai une de ces faims

                                    Que puis-je me mettre sous la dent ?

                                    Oyé !

                                    (...)

                                    Assis devant mon assiette

                                    Je me régale déjà

                                    Ma mère apporte une fourchette

                                    Et un tout petit plat.

                                    En fait d' pâtée d'escargots

                                    C'était une soupe aux poireaux

                                    En fait d' poulet à la broche

                                    C'était un oeuf à la coque

                                    Oyé !


 

* Source: La Briographie -Christian Laborde


Un texte "Inédit" ?

Plutôt un texte "oublié" !



J'ai volé 6000 milles.....

J'ai volé 6000 milles
Sur Air Liberté
J'ai quitté ma famille
Pour arriver chez toé

J'ai laissé à Paris
Mon Harley Davidson
Elle est belle en maudit
'vec elle j'ai l'air d'un bum

Quand y m'voient sur ma moto
Mes chums de là-bas
Y m'disent qu'ess que t'es beau
On dirait Claude Dubois

J'ai aussi abandonné
Ma fille, ma femme, mon chien
J'va bientôt les r'trouver
Au soleil, ca s'ra bien

J'leur dirai, pleurez pas
Si j'vous ai manqué
Je vous r'viens de là-bas
Plein d'bonheur à partager

Chus plein d'amour à c't'heure
M'en ont tant donné
M'ont donné tant d'chaleur
Qu'mon p'tit coeur s'est musclé

Québec mon amour
J't'oublierai jamais
Je t'aimerai toujours
Même l'hiver, même l'été

J't'ai'm'rai indépendant
J't'aimerai prisonnier
J't'aimerai comme un enfant
Comme tu m'as aimé

Renaud Séchan
14 juillet 1991

journal " le Soleil Page originale


Les Funérailles

A 7 heurs du matin

En allant acheter du  pain

Je vis l'enterrement

De Madame Legrand.

Y avait d'abord le croque-mort,

Suivaient ensuite les jésuites

La Sainte Famille du Père Camille

Puis la gentille mère Vanentine

Le grand monsieur qui nenait la file

Me rappelait l'Homme invisible.

Un homme ouvra un grand portail

Pour faire passer les funérailles.

Entouré d'un lur de pierre

C'est là qu'était le cimetière.

Le fossoyeur avait une larme à l'oeil,

Une croix en acier chromé

Achetée chez le marchand de jouets

Décorait la tombe de la mémé.

Y avait aussi le garde champêtre

Pour faire plaisir au gai croque-mort.

FIN

AMEN

Avec sa belle trompette

Qui jouait la Sonnerie aux Morts

 

* Source: La Briographie -Christian Laborde


DONNEZ-MOI...

 

Donne- moi dix centimes pour acheter des billes,

Disait le petit garçon

A son papa.

Donne-moi dix centimes pour acheter des bonbons

Disait la petite fille

A sa maman.

Et la maman donnait

Et le papa donnait.

Donne-moi vingt centimes pour acheter le pain,

Disait le malheureux

Au passant

Donne-moi vingt centimes pour acheter un timbre

Disait un homme

A un ami.

Et le passant donnait,

L'ami donnait aussi.

Donne-moi deux milles balles pour finir mon mois,

Disait la putain

A un homme.

Donnez-moi donc la main de votre chère fille,

Disait un monsieur chic

A un monsieur très bien.

Le monsieur bien donnait,

L'homme donnait aussi.

Donnez-moi s'il vous plaît un petit renseignement,

Disait un Noir

A un agent.

"Crève, sale Nègre !" 

 

RENAUD  * Source: La Briographie -Christian Laborde


Regardez, bourgeois !
(Renaud Séchan)

C'était à prévoir,
Je l'avais prédit .
...Encore l'abattoir,
Encore la tuerie.

Les flics rouillés
Depuis Mai dernier
Ressortent des cars
Avec leurs pétards.

Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !

Comble de malheur,
Nos petits pavés
Ne sont pas en fleur.
On les a noyés.

Sous le macadam
Ils sont engloutis,
Nous prendrons d'autr's armes,
Couteaux ou fusils.

Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !

Dans les bidonvilles
D'Aubervilliers,
Dans ceux de Belleville,
On en a assez.

De tous les cachots
Monte la colère,
Montent les impôts,
Baissent les salaires.

Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !

Les casernes dégueulent
Leurs soldats de bois,
Leurs soldats de plomb
Ou de je n'sais quoi.

Le sol est jonché
D'un sang rouge et noir
Qui vient arroser
Les pieds du pouvoir.

Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !

Le pays entier
Est paralysé,
Usines occupées,
Grève illimitée.

Les facs ne sont
Plus que des bastions
Où sont éduqués
Tous les enragés.

Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !

La révolte éclate,
Les grenades aussi.
Drapeaux écarlates
Partout sont brandis.

Guérilla urbaine,
On tire des toits.
Les lacrymogènes
Pètent çà et là.

Regardez, bourgeois,
Et la prochaine fois
Vous ne voterez pas !

Regardez, bourgeois,
Regarde, papa,
Pompidou est là !

 

 

Renaud