Au  Coeur  d' une  cure

Notre envoyé spécial D... nous écrit depuis sa cure !!!!

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1-LES EFFETS D' UNE CURE

Bonjour à vous tous, à ceux qui m'ont déjà vue passer ainsi qu'aux "nouveaux".                                                              

    Je m'appelle D... et viens de me reconnaître (enfin ! je résistais jusqu'alors) atteinte de l'allergie alcoolique -ou maladie, chacun son mot finalement. Après plus de 17 ans de pratique quasi quotidienne.                               

    Pourquoi, je le reconnais maintenant et pas avant ? Parce que peut-être que je n'avais pas eu les explications qui me permettaient de me classer définitivement dans les dépendants pour qui la moindre goutte d'alcool relance le "processus". Je me considérais en fait comme une buveuse excessive. Jusqu'au jour où, je consulte un psy régulièrement et suis suivie par le service alcoologie de mon hôpital de région, mon médecin gastro-entérologue dont la grande majorité des patients est alcoolique, m'a admise dans son service pour un sevrage d'une semaine 

  Merveilleux : j'ai passé une semaine de repos complet, sous surveillance et suis ressortie en pleine forme mais ai pourtant rechuté au bout d'un mois d'abstinence heureuse.                                                                                                          

    Me reconnaissant incapable désormais de gérer seule ce problème, j'ai opté pour la cure d'où je vous écris aujourd'hui. J'en suis à mon onzième jour, pratiquement à la moitié.                                                                                  Quand on choisit bien son centre ou plutôt qu'on a la chance de bien tomber, ce qui est mon cas parce que apparemment, ce n'est pas pareil partout, c'est une expérience formidable.                                                                            On apprend beaucoup sur la maladie (l'allergie) alcoolique, les effets néfastes sur certains organismes font PEUR et on apprend aussi beaucoup sur soi, par un intense travail psychothérapeutique à la fois avec le médecin et un psychologue ainsi que par d'autres disciplines prévues au programme (art-thérapie, par exemple) qui nous guident dans notre recherche personnelle.
Un mois ce n'est pas de trop pour se donner les prémices d'un renouveau à la vie, pour se fixer des objectifs (impératif) et se reformater finalement. On est tous internautes ici donc vous verrez tous ce que je veux dire.                                                                                                                                                                                                         

        Se reprogrammer dans une vie désormais sans alcool... Le travail est ardu mais on n'a pas le choix. Et il faut le faire quand on est dans la catégorie de ceux pour qui c'est irréversible. Il parait que les Américains travaillent sur un traitement qui annihilera complètement l'envie ou le besoin d'alcool pour les alcooliques. Bon, ce n'est pas encore prêt, alors pour l'instant, on n'a que l'abstinence et ses béquilles (réunions, etc) pour s'en sortir. Faut faire le deuil de l'euphorisant, du stimulant, du produit qui nous apportait à tous un bénéfice puisqu'on le recherchait.                                                                                                                                          

                                                       Ce matin, justement, on travaillait avec le médecin sur les aspects positifs de l'alcool et il nous disait très justement à mon avis "cherchez-les bien, parce que c'est important pour vous de les reconnaître pour pouvoir avancer". En fin de séance, il nous a quittés en nous souhaitant bon week-end et en nous rappelant "réfléchissez".                                                                                                                                                                                                   On ne peut bien réfléchir que sobre, c'est clair.                                                                                                                    

        C'est un des bienfaits de la cure. Les autres bienfaits sont l'accompagnement bien sûr, l'encadrement fait par des professionnels avisés du problème tant sur le plan psychologique que physique.                                                                                             

 Il y aura après la projection vers l'ailleurs.
Je recommande à tous ceux qui résistent encore de se dégager un mois de vie -au moins- pour tenter cette expérience.                    

Elle vaut vraiment le coup !
Amicalement,
D...



Je pense que ça va rappeler pas mal de souvenirs !!! 

2-D.... continue a nous faire partager:

                                        

...Nous venons de voir un film  bouleversant "Ma Rivière" qui retrace tout le parcours de la vie d'un alcoolique depuis sa naissance. De plus, il nous était présenté par un infirmier qui, à mon avis, vu l'approche et la présentation bien que très brève qu'il nous a fait du film, a été concerné de très près par le problème alcoolique. Il y a une émotion qui se dégage du personnage, une vibration, une fragilité qu'on ne ressent pas chez les... "normaux", les buveurs normaux pardon. Il a bien fait de revenir de vacances celui-là : on va l'avoir pendant les 15 jours qui nous restent. Ca va être vraiment quelque chose ! Ses mots résonnent encore en moi : "La vie est ouverte, c'est comme les écluses que vous voyez dans le film : les portes s'ouvrent toujours, rien n'est jamais fermé ou fichu définitivement".
Le film et le personnage de l'infirmier ont réouvert des blessures à vif chez certains d'entre nous. L'infirmier nous a demandé de faire un court récit sur notre parcours de vie, sur ses étapes marquantes, pour en parler après avec la psy, en cours lundi. Mon voisin de droite, celui qui dit qu'il n'a jamais rien à dire et sort les trucs les plus émouvants quand il s'y met quand même, s'est écrié "Et on doit lire ça devant tout le monde ce qu'on va écrire ? Alors je ne vais pas mettre grand chose !" Des blessures que j'ai devinées profondes chez ce fort gaillard au physique rieur malgré ses cicatrices sur le front. Comme quoi on peut bien se cacher derrière une apparence mais ça ne nous aide pas forcément. L'infirmier lui a répondu qu'il pouvait écrire ce qu'il voulait mais que c'était important de faire l'effort de le faire pour sortir de soi des choses qu'on ne soupçonne parfois même pas. La salle s'est vidée en silence et chacun est parti dans sa direction sans un mot.
D...



3-Deuxième semaine Pour D...

Bonjour à tous,
                     ... Ce week-end, j'ai décidé de rester au centre de cure pour éviter toute tentation au terme de cette
deuxième semaine. Ce serait trop bête. Et puis bien m'en a pris parce que j'ai "évacué" un gros morceau d'angoisse et pour la première fois de ma vie, j'allais demander de l'aide à quelqu'un pour parler :un infirmer  (quand on entre, c'est la première chose qu'ils nous disent "si vous avez besoin de parler, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, il y aura toujours quelqu'un pour vous écouter.") Les houles ont été terribles ce samedi entre l'envie de boire (sans vraiment avoir envie en plus, juste pour apaiser mon tourment en fait, ce qui est la base de mon alcoolisme en ce qui me concerne), les idées noires dont je ne parvenais pas à me débarrasser... J'ai joué le jeu, n'ai rien pris ( j'avais des anxiolytiques dans mon sac et ai laissé l'orage passer pour la première fois de ma vie en fait. Et le lendemain, le ciel était plus clair, je suis allée à la piscine municipale pour me délasser et faire un peu de sport, je suis ressortie dans une forme éblouissante, physique et morale et ai passé un bon dimanche. Cette nuit, j'ai rêvé d'alcool. On m'avait prévenue que cela pouvait arriver et je disais alors "bof, je n'en suis pas à ce point"... Eh bien vous voyez comme quoi on ne sait pas soi-même où on en est des fois ! Un alcool merveilleusement bon, odoriférant de la plus merveilleuse tentation possible... J'en ai eu jusque le goût sur les lèvres par anticipation et quand on m'en a offert... malgré l'envie irrésistible que j'avais d'y goûter pour de bon, j'ai dit "non". J'espère que j'aurai cette attitude dans la vie réelle quand de telles circonstances se présenteront. On va se dire que c'est un rêve prémonitoire tiens pour bien commencer la journée que je vous souhaite à tous bien belle. Ici, (...) beau temps sec et frais. Pas trop le jour pour sortir de la piscine les cheveux mouillés comme hier. De toute façon aujourd'hui, c'est lundi, donc on a des activités liées à la cure : débat sur un film vu la semaine dernière avec un infirmier alcoologue (et ancien alcoolique), relaxation et thérapie de groupe au programme.
D...



4-A suivre ... peut être ? 

Sun, 6 Oct 2002 

Bonjour S,
Tu vas y arriver puisque tu persistes, il n'y a pas de raison !
Aujourd'hui, on a vu un film sur la rechute justement et les pièges émotionnels à éviter notamment soit pour ne pas prendre le premier verre ou si c'est fait comment reprendre le cours des choses en main sans se laisser aller aux sentiments dévastateurs qui vont empêcher de se ressaisir rapidement.
Demain, les amis, je sors de cure... Oups, ça me fait un peu drôle tout de même de quitter ce cocon. Je me sens à la fois fébrile d'inquiétude et contente d'attaquer enfin mes projets qui se sont concrétisés matériellement durant cette cure pour ce qui est de l'organisation de ma nouvelle vie.

 C'est une très jolie image que celle du papillon. Je vais essayer de me la garder en tête pour traverser les turbulences que je pressens...t  Sans aucun doute, r ma sobriété toute récente m'a redonné une certaine sensibilité...
N'empêche : tout le groupe que nous constituions sommes allés au restaurant ce midi. Au début, je me sentais un peu bizarre, mal à l'aise que nous soyons tous au Perrier et puis finalement, tout a très bien été et nous avons passé un excellent moment. En plus, ce soir, je peux vous écrire alors que mes dimanches alcoolisés à cette heure... heu... je devais me réveiller de ma sieste avec des yeux encore tout fatigués.
En résumé, cette cure m'a permis de réaliser que je pouvais plus faire autrement que d'être abstinente, c'est déjà pas mal.
Mais en ce qui me concerne, pas de bouteille à la maison. Les copains qui viendront manger apporteront leur bouteille préférée et la ramèneront avec eux quand ils partiront. En début d'abstinence, je ne prendrai aucun risque. On verra plus tard. Pour le moment, je sens que c'est la meilleure solution pour moi aussi (je pense à la lettre de Jean-Louis) Mais ne sommes nous pas tous différents ?
A Hauteville, il y a un papie qui m'enchante "Mais qu'est-ce qu'ils nous font tous suer avec leurs théories à la gomme : moi si je décide d'arrêter de boire, je m'arrête, je ne vais plus en chercher comme j'ai fait avec le tabac il y a quelques années et c'est tout". Je l'admire parce que je ne me sens pas cette force. D...
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