Conseils d'un ex-alcoolique

        qui s'en est sorti               

        grâce à la course

Ramses Kefi*Journaliste

Jean-François Lajeunesse, 55 ans, avait pris contact avec nous pour la première fois il y a un an. C'était par mail. Quelques lignes, pour raconter son histoire, celle d'un alcoolique que la course à pied a guéri.

Depuis le début des années 80, Jean-François est alcoolique. Jamais ivre, car il supporte « plutôt bien », mais dépendant. Il pèse plus de 100 kilos, fume 40 cigarettes et boit jusqu'à 6 litres de vin par jour.

Jean-François, alors courtier indépendant et conseiller municipal dans la région de Nantes, passe tout son temps dans les bistrots. Il en oublie de travailler. Viennent les dettes, l'isolement, puis le divorce, et une nouvelle compagne qui le met dehors. Tous les alcooliques guéris ont un « déclic » à raconter. Pour lui, c'est en 2001

« Mon fils, qui était ado à l'époque, me raconte qu'il vient de faire un footing. Et là, je m'effondre, je ne sais pas pourquoi. Je me rends compte que je ne suis même plus capable de mettre un pied devant l'autre. J'ai pleuré. »

Il décide que le sport sera sa thérapie. Pour se rapprocher de son fils, mais aussi de lui-même. De son corps, qu'il ne sent plus. Jeune, il était plutôt sportif, même bon coureur. Il y a longtemps.

Il se dit qu'il doit se fixer « au moins un objectif » pour ne pas définitivement sombrer :

« C'était la course ou me foutre en l'air car je n'étais plus bon à rien. Je n'aurais pas supporté un autre échec. Il fallait que j'arrive à courir. »

En quinze jours, il arrête de boire et de fumer. Des tremblements, le manque, et la volonté « de se réapproprier son corps qui l'emporte » dès qu'il refait ses premières foulées. Il savoure sa joie d'être de nouveau fatigué sainement 

« Au début, je marchais près de deux heures. C'était tellement bon de faire des kilomètres, de respirer. Le premier jour, en rentrant éreinté, je me suis rappelé cette époque où j'étais juste quelqu'un de normal. »

Il se remet à courir. Progressivement, à son rythme. Au départ, le souffle manque. Il faut réapprendre à respirer. A faire avec le froid ou la chaleur, qu'il a ressenti pendant vingt ans de manière plus ou moins artificielle.

La dépendance à la course a remplacé celle à la bouteille.

Initier les alcooliques à la randonnée *

 

Entre 2001 et aujourd'hui, il a perdu 40 kilos. Pas de régime particulier. Comme il prend l'habitude de courir quatre fois par semaine, la course lui impose très vite une hygiène alimentaire :  » Avec le sport, mon corps avait de nouveau les besoins normaux d'un homme normal. L'hygiène alimentaire se remet en place d'elle-même. »

Au gré de ses footings sur les bords de l'Erdre, il rencontre d'autres coureurs. Au départ, et jusqu'en 2007, il ne s'inscrit pas en club. Il s'entraîne seul. Mais des liens se tissent avec ceux qui, comme lui, marchent et courent régulièrement.

Il en fait l'une des clés de sa guérison : »

Le sport est une réaction en chaîne. Vous hésitez à deux fois avant de vous servir un verre parce que vous culpabilisez. Vous êtes tellement fier de ce que vous avez accompli. Vous avez envie de recommencer. Vous apprenez aussi à vous ouvrir, à vous confier. »

*Son site Jean-Francois Lajeunesse

 

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