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Cours - Psychiatrie - Alcoolisme 

  PAGE  1   I et II *Définition  et Classification

 III et IV * Épidémiologie et Facteurs étiologiques   

  PAGE  2   V et VI *   Intoxication alcoolique aiguë  et  Intoxication alcoolique chronique

  PAGE  3   VII *    Complications de l'alcoolisme chronique 

  PAGE  4    VIII et IX *   Prévention et Mode de prise en charge

                                                                                                                     

par Olivier Guillou  Allez voir Le site

  Définition  et Classification Épidémiologie et Facteurs étiologiques 

I. Définition

1. Psychotrope

C'est une substance qui a des effets sur le système nerveux central

2. Alcoolisation:

C'est l'absorption par un individu d'une boisson contenant de l'éthanol.

3. Alcoolémie:

C'est la présence d'alcool dans le sang.

4. Alcoolisme:

- Est alcoolique, celui qui consomme chaque jour une quantité d'alcool supérieure à celle qu'il peut métaboliser sans danger, c'est à dire environ ¾ de litre de vin à 10° pour une personne de 70 kg.

- Il y a alcoolisme quand il y a une perte de la liberté de s'abstenir d'alcool ou quand il y a des complications médico-psycho-sociales.

- On remplace le terme d'alcoolisme de plus en plus souvent par le terme de syndrome d'alcoolo-dépendant.

5. Sujet alcoolique:

C'est un sujet consommateur habituel de substances alcoolisées qui subit une altération notable de sa capacité à maîtriser sa consommation ou qui a des complications.

6. Alcoolopathies:

Ce sont tous les dommages secondaires à l'alcoolisation aiguë ou surtout à l'alcoolisation chronique.

7. Alcoolo-dépendance

a.  Physique (ou physiologique):

Se définit par l'apparition d'un syndrome de sevrage après l'arrêt de l'alcoolisation.

b. Psychologique (ou psychique):

Cela correspond à une pulsion à absorber de l'alcool de façon répétitive ou régulière pour en retirer du plaisir ou pour supporter une situation vécue comme pénible. L'alcool est consommé comme un psychotrope

8. Accoutumance:

C'est le fait qu'un sujet qui consomme un toxique pour en ressentir les effets, va vouloir consommer de nouveau ce toxique pour en ressentir une nouvelle fois les effets.

9. Tolérance:

C'est la propriété que possède l'organisme de ressentir les effets d'un produit à dose précise sans qu'apparaissent les symptômes pathologiques. La tolérance est dynamique, c'est à dire qu'elle s'accroît parallèlement à l'augmentation régulière des doses nécessaires pour que les effets obtenus restent les mêmes. Après plusieurs années, la tolérance s'effondre souvent de façon définitive.

10. Sevrage:

C'est l'arrêt de la prise de toxique chez un sujet dépendant. Le syndrome de sevrage alcoolique est l'ensemble des signes pathologiques survenant à la suite de l'arrêt de l'alcoolisation chez un sujet ayant une alcoolo-dépendance physique.

11. Guérison:

C'est normalement la disparition totale d'un processus pathologique et dans le domaine de l'alcoolo-dépendance il vaut mieux ne pas parler de guérison mais de stabilisation.

12. Stabilisation.

Cela désigne un sujet qui maintient un état d'équilibre satisfaisant sans alcoolisation avec une qualité de vie qu'il juge bonne.

 

II. Classification

 

1. Formes symptomatiques d'alcoolisation.

a. Sujets abstinents:

Sujets qui n'ont aucune consommation d'alcool. Il peut s'agir d'un ancien alcoolique

b. Consommateurs tempérants:

L'alcoolisation est intermittente ou régulière. En tout cas elle est modérée et elle n'entraîne aucun problème d'ordre social ou symptomatique

 c. Consommateurs menacés (ou à risque):

L'alcoolisation entraîne un double risque de dépendance et d'alcoolopathies. Le but est de déceler très tôt les consommateurs menacés.

 d. Sujets alcooliques:

Ils sont très souvent alcoolo-dépendants. Généralement la dépendance psychologique va s'installer puis la dépendance physique. La frontière est très floue entre les sujets alcooliques et les consommateurs menacés.

2. Formes étiologiques.

a. Alcoolites :  (alcoolisme d'entraînement, alcoolisme d'habitudes, alcoolisme d'imitation, alcoolisme primaire).

 

        - Épidémiologie:

Cela représente entre 40 à 50 % de l'alcoolisme de l'homme et cela représente 1 à 5 % de l'alcoolisme féminin

        - Age de consultation:

A peu prés 40 ans. Il débute en fin d'adolescence.

Ce sont au départ des consommateurs occasionnels qui vont devenir des consommateurs réguliers. Ce sont des personnes qui boivent à table, du vin ou de la bière. Par la suite tout est prétexte à boire, avec des amis (jamais seul, toujours convivial). Leur consommation n'évolue peu. Elle est quotidienne et continue. 

Ce sont des personnes qui sont très rarement ivres. La tolérance va augmenter au fil des années. Peu à peu, la dépendance va s'installer à l'insu du sujet. Les sujets n'ont aucun sentiment de culpabilité.

 Généralement, ils prennent conscience de leur alcoolisme lors de complications organiques ou lors d'un sevrage involontaire ou lors de problèmes sociaux ou familiaux. Il y a souvent un alcoolisme identique dans la famille, surtout au niveau du père du sujet. Ces hommes ont souvent une femme plus âgée et ils ont beaucoup d'enfants. La sexualité des sujets est longtemps normale mais quand elle va se détériorer il y aura une jalousie pathologique du sujet par rapport à sa femme

        - Évolution:

- Un arrêt spontané au début de le sénescence (âge).

- Apparition de complications organiques.

- Évolution progressive vers l'alcoolisme.

b. Alcooloses  : (alcoolisme secondaire, alcoolisme psychique, alcoolisme névrotique, alcoolisme de décompensation).

 

        - Épidémiologie:

40 à 50 % de l'alcoolisme de l'homme et 60 à 80 % de l'alcoolisme féminin.

        - Age de consultation:

Entre 20 et 45 ans. Souvent des sujets jeunes, immatures avec des difficultés relationnelles et existentielles. Ils utilisent l'alcool pour l'effet psychotrope. Ils boivent souvent seuls, de façon dissimulée.

Ce sont des personnes qui ont peu d'attrait pour l'alcool et quelquefois du dégoût. Leur consommation est irrégulière, paroxystique. Ils peuvent rester plusieurs mois sans boire et les arrêts seront de plus en plus courts. Avec le temps il y a une dépendance psychologique qui va survenir puis une dépendance physique. Ils ont une culpabilité très importante vis à vis de l'alcool et ils essayent de lutter contre l'alcoolisme. Ces sujets consultent à l'occasion de troubles du comportement (ivresse), tentative de suicide, échecs familiaux ou professionnels. Ils ont peu de problèmes somatiques au départ.

        - Hérédité:

On retrouve souvent une névrose ou une psychose d'un parent, au niveau de la famille. Il y a souvent des problèmes conjugaux, fréquents et précoces, des troubles sexuels.

        - Évolution:

Cela évolue souvent vers des troubles graves du comportement avec parfois une évolution psychique possible.

c. Somalcoolose : (alcoolisme symptomatique, alcoolisme de perversion, dipsomanie).

 

        - Épidémiologie:

- 1 à 10 % de l'alcoolisme de l'homme.

- 15 % de l'alcoolisme de la femme

        - Age de consultation.

Entre 30 et 60 ans. La consommation est strictement clandestine, solitaire. Il n'y a aucun choix d'alcool. Le sujet prend n'importe quoi en quantité souvent faible mais suffisante pour une ivresse immédiate. Après la crise, le sujet a une crise de culpabilité très forte. Les crises durent de quelques heures à quelques jours et hors des crises il y a un dégoût de l'alcool. C'est une conduite irrationnelle de l'ordre de la perversion.

        - Hérédité:

- Aucun élément.

- Troubles de la sexualité très fréquents.

- Évolution:

La durée est indéterminée. Il y a un passage possible vers l'alcoolose.

d. Classification du DSM3.

        - Abus d'alcool.

Pendant au moins un mois, il faut soit une consommation pathologique d'alcool (incapacité de diminuer ou d'arrêter, épisode d'amnésie, la poursuite de la consommation malgré les perturbations), soit un handicap du fonctionnement social ou professionnel à cause de la consommation d'alcool.

        - Syndrome de dépendance.

L'abus d'alcool (mêmes critères) plus une augmentation de la tolérance ou un syndrome de sevrage.

 Épidémiologie et Facteurs étiologiques                         

 

 

III. Épidémiologie

 

1. La consommation d'alcool.

a. Consommation exprimée en alcool pur.

- C'est le reflet fidèle de la morbidité alcoolique.

- En France, on consomme 19 litres d'alcool pur par adulte de plus de 15 ans par an (133 litres de vin + 64 litres de bière + 2,5 litres d'alcool fort)

- Palmarès.

Plus gros consommateurs.

Moins gros consommateurs.

- 1er: France.

- 2eme: Portugal.

- 3eme: Luxembourg.

- 4eme: Espagne.

- 5eme: Italie.

 

- 1er: Japon.

- 2eme: Suède.

- 3eme: Chili.

- 4eme: Finlande.

 

 

b. Évolution de la consommation.

- Tendance à la diminution de la consommation de vin.

- La consommation de bière et d'alcool fort augmente.

- Dans les pays anglo-saxons c'est l'inverse.

 c. Au niveau mondial.

- La consommation d'alcool augmente.

- Augmentation du degré d'alcoolisation.

- Le coût moyen de l'alcool diminue.

2. La mortalité.

a. Cirrhose et maladie neuro-psychiatrique:

20.000 décès par an dus à l'alcool

b. Accidents de la route + cancers dus à l'alcool + cirrhoses + maladies neuropsychiques:

50.000 décès par an.

c. Les accidents du travail + accidents domestiques + suicides :

 70.000 décès par an.

Dans les accidents du travail, l'alcool est impliqué dans 15 % des cas

 d. Les accidents domestiques:

L'alcool est impliqué dans 20 % des cas.

Un homme de 25 ans qui sombre dans l'alcoolisme a une espérance de vie diminuée de 12 ans.

3. La morbidité liée à l'alcoolisme.

- L'alcool intervient dans 25 % de toutes les maladies.

- Le nombre de buveurs excessifs serait de 4,5 millions.

 

4. Le coût social de l'alcoolisme

Le coût direct lié à la maladie (hospitalisations et consultations) + le coût indirect (perte de productivité) + les arrêts de travail + les accidents et les délits = 130 milliards de francs par an (impôt de 6.000 francs par famille).

 

V. Facteurs étiologiques

 

1. Facteurs externes (ou sociologiques).

a. Facteurs culturels.

- La France est un pays de culture viticole. On a une consommation de type latin (consommation quotidienne avec des ivresses rares).

- Dans les pays anglo-saxons, c'est l'inverse: la consommation se fait le week-end avec des alcools forts.

- Inégalité des populations.

Culturelle: Interdiction dans certaines cultures ou religions.

Raciale: Les asiatiques sont protégés de l'alcool. 80% des asiatiques ont une anomalie enzymatique ce qui leur donne une très mauvaise tolérance de l'alcool. Cette anomalie se retrouve chez 20% des sujets caucasiens.

b. Facteurs économiques.

-  En France, plusieurs millions de personnes vivent de l'alcool. Plus les revenus des ménages augmentent, plus la consommation de vin ordinaire, de cidre diminue et la consommation de bière, de vin de qualité, des alcools forts augmentent.

-  Quand la densité d'occupation des logements augmente, la consommation augmente.

c. Les facteurs professionnels et familiaux.

        - Travail.

- Les personnes qui ont un travail pénible: les mineurs, dans les forges, dans les carrières, les dockers, les déménageurs, dans les cuisines.

- Les personnes qui ont un contact avec le public: les serveurs, les restaurateurs, les agents de police, les facteurs, les voyageurs de commerce, les hommes d'affaires, certains syndicalistes.

- Les professions agricoles, les marins, le Bâtiment et Travaux Publics ( BTP).

        - Familiale.

- Enfants d'alcooliques.

- Facteurs environnementaux et il y a un terrain génétique.

2.  Facteurs internes (ou individuels).

a. Facteurs psychologiques.

- L'alcoolisme et la dépression.

- Dépression primaire: le sujet déprimé va sombrer dans l'alcoolisme.

- Dépression secondaire qui survient après une longue phase d'alcoolisation.

- L'apparition d'une dépression chez un sujet alcoolique assombrit le diagnostic et augmente le risque de suicide.

     - L'alcoolisme et le syndrome anxio-phobique.

 - L'angoisse est l'une des principales motivations de l'ingestion d'alcool. L'alcool va apaiser l'angoisse momentanément.

      - L'alcool et les autres structures.

- Psychose maniaco-dépressive: le sujet peut boire dans les moments exaltés et il peut boire dans les moments déprimés.

- Schizophrénie: l'alcoolisme se voit surtout chez les hébéphrènes (schizophrènes prostrés) qui utilisent l'alcool pour se stimuler.

- Psychopathies: ils s'alcoolisent beaucoup

 b. Facteurs physiologiques.

- Le sexe.

Les femmes sont beaucoup plus vulnérables que les hommes et les complications surviennent plus rapidement pour des quantités d'alcool moindre.

- Le poids.

L'alcoolémie dépend du poids.

- L'âge.

Plus l'âge de l'alcoolisation est précoce, plus le risque de devenir alcoolique est important.

- États pathologiques.

Ils peuvent augmenter l'alcoolémie: hépatites virales, gastrectomies, dénutrition.

 c. Facteurs génétiques.

Il existe une transmission héréditaire de l'alcoolisme.

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