vendredi 19 août 2011

La dépendance, une maladie chronique

La dépendance est bel et bien une maladie chronique du cerveau, selon une nouvelle définition de la Société américaine de médecine de la dépendance (American Society for dependance Medicine), destinée à aider proches et soignants à mieux comprendre les enjeux de son traitement.

 

Cela est vrai, qu'il s'agisse d'alcool, de drogue, de dépendance au jeu ou de troubles du comportement alimentaire, précisent les auteurs de cette nouvelle formulation. Et, comme pour les autres maladies chroniques, troubles cardiaques ou diabète, le traitement de la dépendance est une affaire de longue haleine.

 

Cette nouvelle définition a été saluée par les professionnels.

Ainsi, estime la Dre Nora Volkow, directrice du National Institute On Drug Abuse (NIDA), elle pourrait inciter plus de médecins généralistes à dépister les signes de dépendance chez leurs patients.

 

La dépendance est généralement décrite par ses symptômes comportementaux : la phase d'excitation, le manque, et les choses que les gens font pour obtenir la première et éviter le second.

La nouvelle définition ne contredit pas les recommandations habituelles fondées sur ces symptômes, mais elle vient spécifier que « le problème comportemental est le résultat d'un dysfonctionnement cérébral », explique la Dre Nora Volkow.

 

Selon elle, la rechute n'est qu'une complication normale d'une maladie chronique, ce que médecins et proches doivent prendre en compte. La pathologie cérébrale persiste des années après que vous avez arrêté de consommer une drogue.

 

Que se passe-t-il dans le cerveau? Il s'agit d'interactions complexes entre les réseaux émotionnel, cognitif et comportemental. La génétique y joue également un rôle, tout comme l'âge. Le cortex frontal aide à mettre un frein aux comportements malsains, explique Nora Volkow. C'est là que la région du cerveau qui commande la raison se connecte au centre des émotions, et c'est la dernière région du cerveau à arriver à maturation.

 

C'est une des raisons pour laquelle il est plus difficile pour un adolescent d'échapper à la pression d'un groupe expérimentant la consommation de drogue. Et même si une personne n'est pas biologiquement vulnérable, elle peut se mettre à boire de l'alcool ou se droguer pour faire face à un environnement douloureux ou stressant, ajoute Nora Volkow.

 

Quelle que soit la raison, le système de récompense du cerveau peut être modifié par une substance chimique, la dopamine, dès lors que cette substance le conditionne à aller rechercher le plaisir au moyen de cigarettes, d'alcool ou de drogue.

Quand quelqu'un est vraiment dépendant, ce système, détourné, le contraint à retourner à sa consommation, même s'il n'en tire plus aucun plaisir, le cerveau étant accoutumé.

 

Si « décrocher » d'une dépendance doit également être une affaire de choix et de décision de la part du patient, comprendre certaines des réactions cérébrales à l'origine de la dépendance pourrait « effacer un peu la honte et la stigmatisation » entourant ces questions, ajoute le Dr Michael Miller, de la Société américaine de médecine de la dépendance.

Alors que les neurosciences étudient surtout la dépendance aux drogues ou à l'alcool, la Société observe qu'il est aussi possible d'être dépendant du jeu, du sexe et de la nourriture, bien qu'il n'existe pas de données fiables à leur sujet. En attendant, Nora Volkow souligne que des recherches intéressantes sont en cours pour que ces connaissances en neurosciences puissent déboucher sur la mise au point de meilleurs traitements contre la dépendance, notamment pour prévenir les rechutes.

Quant au Dr Miller, un des axes de recherche prioritaires pour lui serait de comprendre pourquoi certains drogués guérissent plus vite et plus facilement que d'autres.

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