Texte trouvé sur le Forum de Vie Libre. J'aimerai que de nombreux malades, en quête de guérison, puissent le lire et avoir envie d'entamer les soins pour sortir de cette M...aladie  qu'est l'alcool ! En accord avec l'auteur du texte, je vous le livre à votre réflexion. Puissiez-vous en faire un bon usage et si cela  permet le fameux "Déclic" , je, nous, aurions alors atteint notre but. Merci à Marie77  (SVPat)  
 

Le déclic pour ma Mimi, et ceux qui veulent

Bon sang qu'il est beau ce mot, "déclic", comme un petit bruit qui se produirait dans notre tête, un petit clic pour une grande claque, (...) ça me rappelle une pub, c'était pas tout à fait ça mais ça y ressemble, pour la sécurité routière je crois, enfin bref, le déclic, quelle merveilleuse chose, quel moment intense, c'est une grande joie de mettre enfin un mot sur ses maux, et aussi une grande détresse de le reconnaitre....

                S'il y a déclic, c'est qu'il y a eu négation, comment peut on vivre sans savoir ? Comment réussit-on a passer tant d'années sans s'apercevoir que l'on ne va pas bien ? Peut importe aujourd'hui, je m'écarte de mon sujet.....

                Je voulais parler de mon déclic, du mien rien qu'a moi, de ma dernière fois, de mon adieu à la maladie, et de mon bonjour a la vie.....
 

11 juin 2006, j'ai invité du monde.....J'aime faire la fête, mais pas avec n'importe qui hein, que des bons vivants, des gens qui aiment rire, qui aiment manger, et surtout surtout qui aiment boire....

                J'ai invité deux couple d'amis, qui me connaissent bien, qui me voient souvent rouler sous la table, et devant qui je n'ai plus honte, d'ailleurs l'un d'eux boit autant que moi....Leur quatre enfants, et un autre couple, que je ne connais pas bien, vu une fois seulement, peu m'importe, j'ai vu qu'ils buvaient, c'est là l'important, ils viennent avec leur deux petites filles....
 

                On commence à 11 h du matin, T... et moi avons préparé 5 litres de punch, et des brochettes apéritives.....On est 4 à boire, 3 ne boiront qu'un verre, et un ne boit pas du tout.....

                Après les cinq premiers litres, on a encore soif, on a pas commencé à manger, T... se met au barbecue, et moi, je vais préparer cinq nouveaux litres de punch.....On mange, il faut du rosé et du rouge pour manger, sinon c'est pas bien, on mange pas sans vin......Avec le fromage, on reprendra encore du vin, du rouge ce coup là.....Et puis pour le dessert, nous boirons du champagne.....En tout, une vingtaine de litres d'alcool....

                Je ne vois plus clair, de toute façon, il commence à faire sombre....Je ne sais pas ce que font les enfants, je m'en fiche à vrai dire, j'ai soif, c'est tout....Les grands s'occupent des petits....Sans doute......

                Nous sortons des allogènes, nous sortons la chaine, nous mettons la musique à fond, on danse, on rit, on s'étreint, on s'embrasse , je me retrouve à embrasser un ami, le mari de mon amie....Ca ne me gène même pas.....Je ne peux pas dire que j'aime ça, mais ça m'est indifférent, on pourrais me faire n'importe quoi, je ne suis plus en état de m'en rendre compte....Je n'ai rien mangé....J'ai bu, c'est tout....On fait les fous autour du pneu de tracteur qui me sert de jardinière, on fait des galipettes par dessus, T... s'élance, retombe sur le dos, il restera plusieurs minutes sans pouvoir se relever, nous rions, inconscients qu'il s'est peut être brisé le dos.....Il finit par se remettre debout, mais souffre visiblement, je ne vois rien.....

                Je me mets dans un coin et je raconte mon enfance, je pleure comme une gamine, je morve je couine.....

                Les enfants sont cachés dans la haie (je ne le saurais qu'après), ils pleurent, ils ont peur.....Ils croient qu'il se passe quelque chose de grave parce que je pleure....

                Puis un clash, une dispute, un des invité part dans la nuit à pied....Les autres le suivent....

                Nous rentrons, je vais mal....Je bois un café.....Les enfants sont couchés....Ils se sont débrouillés.....

                Dans ce récit tout n'est pas dit, j'ai de nombreux trous noirs, et tant mieux après tout, ils me protègent de ma honte....Je vais me doucher pour essayer de dessaouler, puis je me couche......Je ne sais plus où je suis, qui je suis, ce que j'ai fait, je ne sais même pas qui est dans le lit avec moi, je m'en fou..................

                Il est trois heure du matin.......16 heures d'alcoolisation non stop....J'ai vraiment fait fort ce coup la....(J'en avais déjà fait des comme ça, notamment la fois ou on a vidé 19 bouteilles de rouge a 3), mais la.....chu vraiment mal....
 

12 juin 2006
                Le réveil est douloureux.....J'ouvre un œil, puis l'autre.....Je tourne la tête, putain que ça fait mal.....Qu'est ce qu'on a fait à ma tête, qui m'a mis un marteau et une enclume à l'intérieur...C'est lourd, lourd, lourd....Je reprend un peu conscience devant un visage d'enfant....

                Là, à ma droite ,dans le lit, entre l'autre personne (je ne sais toujours pas qui c'est ) et moi il y a mon fils....
                Il a trois ans et demi.....Il braque sur moi ses grands yeux bleus.....Les larmes me montent aux yeux....J'ai mal, si mal.....Pour moi, pour lui....Je le regarde, et je lui dit "je te jure que ça n'arrivera plus jamais.....Plus jamais tu ne me verras boire !"......
 

                Je me lève, ouf, c'est bien T... qui est la.....Mais après tout ça n'aurait rien changé, dans l'état ou l'on était.....
                J'ai du mal, j'ai gerbé partout....Dans les toilettes, dans la baignoire.....J'ai honte, honte, honte......Je nettoie avant que les enfants ne voient.....Mais peut être est-ce trop tard.....
                A ce moment mes envies sont multiples, d'abord je veux que cette douleur lancinante me quitte, puis j'ai envie de mourir, je veux qu'on m'écartèle, qu'on me fasse souffrir, je suis une merde, une pourriture, un déchet humain, une moins que rien, une loque.....Je vais mourir......
 

                Et en même temps, je me sens euphorique, parce que j'ai pris une décision, je me sens euphorique d'avoir compris, compris qu'il me fallait arrêter, compris que je n'étais qu'une droguée, compris que j'étais alcoolique.....Je sais enfin ce que j'ai.....
 

                Le temps passe, je réfléchis, j'ai besoin d'aide.....J'ai déjà essayé de ne plus boire, en vain, toujours je replonge, combien de fois ai-je dit:"Stop, c'est fini, c'était ma dernière cuite " ?? Combien de fois ai-je dit: "Non merci, je ne bois plus !" et combien de fois s'est on esclaffé en m'entendant le dire.....
                Je ne veux pas aller voir un médecin, j'ai bien trop honte de moi, trop honte de ne pas savoir résister...Je taperais sur le net, je vous trouverais.....Et voilà.....

18 septembre 2008,
                        Deux ans, trois mois et six jours.....
                        Je suis sobre....Je suis heureuse de l'être.....
                        J'ai eu mal, j'ai eu peur, j'ai eu des doutes, j'ai failli et voulu flancher.....
                        Mais ça a tenu.....J'ai fini par voir un toubib, évidemment, on n'y arrive pas tout seul.....Je te remercie toubib, pour m'avoir dit les mots justes....Pour m'avoir rassurée et m'avoir soignée..... Je te remercie petit peuple du forum, de m'avoir acceptée dans ton sein, de m'avoir soutenue, bousculée, engueulée, sourie, de m'avoir reçue chez toi, et surtout, de ne pas m'avoir jugée......

          
 La vérité est là, cette fois entière...

     Du moins pour le déclic, et la der des der !

 

               

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