Cent soixante douze  moins Une !

Quelques suppléments d'information....
C'est dans une pièce « Les chansons de Georges » que Michel Décary utilise ces 172 titres de chansons de Georges Brassens. ( y compris les chansons posthumes) présentes dans l’intégrale 1992 à l’exception d’une seule ! Un tour de force de l'écriture qui est l'objet d'un concours organisé par Radio-Canada où les auditeurs doivent trouver la chansons manquante! 
 Devant l'intérêt suscité , Michel Décary décide de produire un disque compact: Les Chansons de Georges (ED du Menteur EM00001- le 12 mars 1993)

 

Les 172 chansons de Georges moins Une


Voici quelques trompettes pour la renommée
D'un gorille à la mauvaise réputation
Un modeste bonhomme, chanteur du temps passé
Un joueur de flûteau chassant les papillons

Sur la route aux chansons, cet oiseau de passage
A semé des marguerites et des myosotis
Qu'il offrait en ballades, espérant par les âges
Qu'elles rejoignent les belles dames du temps jadis

Partout, à Carcassonne, même à Montélimar
Sur la rue Didot, dans le verger du roi Louis
Sur les bancs publics, les amoureux à guitare
Ils chantent ses blasons à leurs petites amies

A l'ombre des maris, l'ancêtre un peu voyou
Nous a tout raconté de ses amours d'antan
Pénélope, Fernande et la fille à cent sous
Des marquises, des passantes, des femmes d'agents

Des Vénus callipyges, des tondues, des traitresses
Mélanie, Marinette et la brave Margot
Des religieuses, des sceptiques, des revenants
Des princesses méchantes avec des jolis seins

Jeanne, Bécassine, la liste est infinie
Ce roi moyenâgeux, combien il en a mis
Des cornes d'Aurochs au front des croquants cocus
Hector n'a plus sa femme, ses deux oncles non plus

Au bois de son cœur, il a aussi vu des casseuses
Devant lesquelles il s’était fait tout petit
N’oublions pas celle restée pucelle, l’heureuse
La première qu’il a eue sous son parapluie

Parmi tous ces romans d’amour de quatre sous
Pas de marche nuptiale, très peu d’amour heureux
Que des non-demandes en mariage et surtout
Quatre-vingt-quinze pour cent de délice scabreux

Heureux qui comme Ulysse a connu la marine
La ballade à la lune au vent des Pyrénées
Si seulement elle était jolie la coquine
Il ne se contenterait pas de la fesser

C’est vrai ce bricoleur est de la mauvaise herbe
Oui, mais Dieu s’il existe ou encore l’antéchrist
Sauf le respect que je leur dois, admirent le verbe
De Georges et le chantent aux pêcheurs qui les visitent

C’est faire concurrence déloyale aux anges
De chanter à ceux qui sont morts pour des idées
« La ronde des jurons », « Le pluriel », « La légende
de la nonne », ça les fait paraître démodés

Tel Gastibelza chantant des pensées aux morts
Le bon petit Jésus fredonne « Les lilas »
« Tempête dans un bénitier »,mais pire encore
In petto « Ce n’est pas tout d’être mon papa

Au boulevard du temps qui passe, c’est un orage
Appelé par Saturne, ce mécréant encore
Qui lui a fait passer le pont bien avant l’âge
Honte & qui peut chanter, maintenant qu’il est mort

Cette fois-ci les quat’z’arts ne se sont pas moqués
Il ne la fera pas la guerre de 14-18
Il n’était pas fantoche son bulletin de santé
Comme sa mère qui a pris le 22 la fuite

Comme il en fit dans son testament la supplique
Sur la plage de Sète, on lit son épitaphe
« Misogynie à part , c’était un brave type
Pas du tout enculé, tout à fait pornographe »

A ses funérailles, dans le style d’antan
A part les fossoyeurs, tout le monde affligé
Tonton Nestor, le vieux Léon ce Don Juan
Même le pauvre Martin qui a mal tourné


Tous étaient là, pleurant à l’ombre des grands chênes
Des patriotes, des grands-pères orphelins
Les yeux mouillés par l’eau de la claire fontaine
Des pères Noèl, des petites filles, des philistins

Comme des épaves, les quatre bacheliers
Chantaient tout bas « La ballade des cimetières »
L’oncle Archibald appuyé contre un amandier
En bon fantôme lui adressait des prières

Des lèche-cocus, rois boiteux ç l’andropause
Un vieux Normand, son frère revenant d’Italie
Un cambrioleur avec une bouteille, une rose
Tristement chantent « A l’ombre du cœur de ma mie

De partout, des gens qui étaient nés quelque part
Buveurs de vin entre l ‘Espagne et l’Italie
Dans les bistrots, les légions de copains d’abord
S’embrassaient tous et unissaient leurs litanies

On criait à l’hécatombe, à l’assassinat
Les mauvais sujets repentis comme des sœurs
Entonnaient « La complainte des filles de joie »
On lui aurait bien donné la légion d’honneur

Même la cane de Jeanne et le petit cheval
Les moutons de Panurge avec les rats de cave
La fourmi de Clairette et une vache pas banale
Déguisée en fleur chantait « Quand les cons sont braves »

Si le grand Pan ou le bon Dieu l’avait voulu
En trompe-la mort, il chanterait pour l’Auvergnat
Encore, mais Cupidon s’en fout, ce faux cul
Ah ! sale petit bonhomme, putain de toi

C’est comme hier, le temps ne fait rien à l’affaire
Le passéiste est toujours auprès de son arbre
Son œuvre n’est pas une histoire de faussaire
Il n’y a rien à jeter, pas de châteaux de sable

Le jour où l’on me chantera la messe au pendu
Je dirai merde à ceux qui ne pense pas comme nous
Je quitterai ce monde comme Jehan l’advenu
Et Georges, je prendrai rendez vous avec vous


Paroles / musique’ et chanté par Michel DECARY - Montréal 1993/Parution initiale::J'aime mieux faire ça tout seul de Michel Décary (1993, Éditions du Menteur, EM 00001).

Brassens

 
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