Cinq  cen mots    pour   Renaud
 

 


Je l’écoutais depuis l’école, oui ! C’était mon idole,
Le soir il me collait à la peau, j’étais jeune, j’étais ado.
Je l’ai connu à quatorze ans, trente sont passées maintenant,
Il m’a bercé avec mistral, il me poursuit avec trivial,
Les dimanches à la con, je mettais le son à fond
Pour écouter Jonathan, en fumant une « gitane »,
J’ai même dansé à Rome, fais un tour dans l’aquarium,
Et planté un bel oranger pour flirter avec la liberté.



        Liberté de rire, d’écrire ou bien de vivre,
        Renaud, t’as changé l’histoire de ceux qui t’écoutent le soir.
        Ces milliers de petits marmots, l’oreille collée à leur radio
        Qui marchent sur le même trottoir, maintenant tu peux y croire,
        Un jour le monde sera plus beau, ce sera ton plus joli cadeau.




A travers toutes ces années, j’me suis pas toujours marré,
J’ai galéré, j’ai divorcé, petits phénomènes de société.
T’as dévoilé tous mes tourments, t’es battu pour les enfants,
Pour ta famille et pour la vie, pour cette pauvre Terre aussi.
Moi je pense et je t’écoute, et parfois même aussi je doute
Quand je vois tous ces humains, mais que feront-ils demain ?
Toi tu t’es révolté, tu t’es dressé, tu as crié, tu t’es même agressé,
Et pour surmonter l’injustice, t’as subi bien des supplices.



        Supplices existentiels, charnels ou bien éternels,
        Renaud, t’as changé l’histoire de ceux qui t’écoutent le soir.
        Ces milliers de petits marmots, l’oreille collée à leur radio
        Qui marchent sur le même trottoir, maintenant tu peux y croire,
        Un jour le monde sera plus beau, ce sera ton plus joli cadeau.



T’as embarqué dans ton arche, un peu par force, un peu en marche
Mon p’tit Alex et mon Antoine, tu fais parti du patrimoine.
Au bahut, ils ont reçu une note qui t’aurais plu,
Dans le programme il y avait, un texte de toi qui leur parlait.
Toute cette philosophie ne s’est pas faite sans ennui,
Tu nous as tous transmis l’héritage de notre vie
Et pour te remercier Renaud, j’emprunte ta plume et ton stylo
J’en ai compris leurs valeurs, des mots pour ce qu’on a sur le cœur.



        Le cœur déçu, ému ou bien perdu,
        Renaud, t’as changé l’histoire de ceux qui t’écoutent le soir.
        Ces milliers de petits marmots, l’oreille collée à leur radio
        Qui marchent sur le même trottoir, maintenant tu peux y croire,
        Un jour le monde sera plus beau, ce sera ton plus joli cadeau.



Chez moi, pas de posters, juste un bouquin d’enfer
Écrit par ton frangin, et puis quelques dessins
Croqués sur le moment par un Marco poignant,
Des instants succulents qui remontent le temps.
Chez moi, pas de toc, que du vrai de l’époque,
Des CD un peu partout que j’écoute comme un fou.
Tes chansons m’envahissent et les murs se tapissent
De tes refrains en or, seuls tableaux, seuls décors.



        Décors hostiles, subtiles ou bien de style,
        Renaud, t’as changé l’histoire de ceux qui t’écoutent le soir.
        Ces milliers de petits marmots, l’oreille collée à leur radio
        Qui marchent sur le même trottoir, maintenant tu peux y croire,
        Un jour le monde sera plus beau ce sera ton plus joli cadeau.




L’encre noire de tes colères ne coule t’il pas de concert
Avec celle de ces guerres qui mettent le monde à l’envers,
Et à travers tous tes fans, tous ces hommes, toutes ces femmes
Qui pensent un peu comme toi, tous unis et déjà,
Ces milliers de frangins sont aujourd’hui les tiens,
Ils ont tous grandis et te remercient.
Prend ces lignes avec humour, ils te les offrent sans retour,
Prend les comme un clin d’œil ou comme un petit recueil
De ces années passées à vouloir tout nous raconter.

 

ALAIN. JUIN 2009. 

Renaud