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Renaud : tout un pastis !Je serais Renaud que je serais énervé. De tout ce foin. Encore une fois mon frère Thierry qui, toujours en mal de reconnaissance, fait son beurre sur mon dos et tambourine, à qui veut l’entendre et l’imprimer, que je suis dans un état alcoolique tel que je creuse plus encore ma tombe, que j’y vais de ce pas. Et l’omniprésent Hugues Aufray, aimant montrer à quel point il compte, en pleine promo de son album d’auto-reprises, qui en repasse une couche…
Faites chier les mecs, laissez-moi
vider mon verre tranquille !
Reggiani chantait : « Je bois /
N’importe quel jaja / Pourvu qu’il fasse ses douze degrés cinq / Je
bois / La pire des vinasses / C’est dégueulasse, mais ça fait passer
l’temps. » Et buvait. « Le Renaud ne boit que de l’eau / Le
Renard carbure au Ricard » chantait Renaud. Mais c’est Renard
qui tient la corde… Le métier de chanteur de Renaud est semble-t-il
à conjuguer au passé. La voix est tombée plus bas que les
chaussettes et l’inspiration est en berne. Dommage pour ce qu’il n’a
pas encore écrit, pas encore chanté. Faut-il pour autant jeter
Renaud avec l’eau de son pastis ? Sans doute pas. Tout ce qu’il a pu
chanter, rien que ce qu’il a pu chanter est déjà ça, jolie somme en
fait, beau répertoire. Et le Panthéon de la chanson lui est promis
comme une rare évidence. Thierry Séchan, dans sa lettre ouverte qui sert de préface à un livre à venir (« Putain de vie » de Claude Fléouter, livre que Séchan dit fort moyen, mais lui a fait une bonne préface – qu’il évente avant parution -), dit ne pas lui avoir écrit une lettre depuis que Renaud est entré dans cette carrière de chanteur, au début des années soixante-dix. Bah, t’as qu’à lui écrire plus souvent à ton frangin, et surtout discrètement : ce sera preuve d’amour. Pas le temps sans doute car Thierry Séchan répond aux micros qu’on lui tend et, comme nombre de ses écrits (il est journaliste et auteur pamphlétaire et a parfois collaboré – c’est le mot – avec des médias d’extrême-droite), c’est assez nauséeux. Je n’aimerais pas que mon frère, quel qu’en soit le prétexte, intente à ma vie privée, l’étale, et se permette des considérations sur mes états d’âmes, ma consommation d’alcool ou ma précédente épouse. « - Dis, c’est quoi ton métier, Thierry ? » « – Frère de Renaud » « - Et ça gagne bien ? »
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