Reviens, Renaud…
Acte 2
par Alfred Térieur » 19 déc. 2018
Reviens, Renaud, reviens ; reviens avec tes mots
Éternels pour chanter les gentils, les salauds.
Nous t’écoutons sans fin dans ce monde sans grâce
Avec ton cri de rage ou tes tendres amours,
Un poing toujours fermé dans la gueule des sourds,
De jolis vers polis pour en garder la trace.
Reviens, Renaud, tes mots m’ont bercé quand j’étais
Enfant débile et seul, si triste au vent mauvais.
Ni mes ennuis mortels ni le monstre nocturne
Au fond de mon placard n’ont pu tenir longtemps,
Usant à tes chansons leurs griffes et leurs dents,
Désertant à tes vers ma misérable turne.
Reviens, Renaud, reviens esquisser un destin
Émouvant, déprimant, soumis ou bien mutin,
Nourri par la colère ou bien par l’impuissance.
Au gré de ses tourments, nous rions, nous pleurons,
Unis contre les cons, les méchants fanfarons,
Divisés quand le juste accuse la malchance.
Reviens, Renaud, reviens dénoncer nos travers
Et te foutre de nous qui marchons à l’envers,
Nimbés de vérités aussi molles que folles,
Abrutis de rancœurs, de hashtags, de télés,
Utopiques ersatz d’esprits déboussolés,
Debout mais ignorants sur nos pauvres guibolles.
Reviens, Renaud, reviens rire avec tes amis,
Énerver l’imbécile, amuser les petits,
Nécessaires couleurs de tout rêveur bohème,
Audacieux et fidèle à tes propres valeurs,
Utilise tes mots, tes tatatsins rageurs,
Diffuse ta révolte, écris un beau poème.
Reviens, Renaud, reviens : Loubard, Renard, Phénix,
En tout cas bien vivant, plein d’amour et de diqs.
N’écoute que ton cœur, tes héros, leur sagesse :
Au bistro, sur la mer, en ville ou loin de tout,
Une pogne à Manu, une autre pour Loulou,
Dédé, Gérard, Mimi, Germaine ou la Gonzesse…
Reviens, Renaud, reviens, ou plutôt reste là,
Entouré de Pierrot, Malone et Lolita.
Navigue dans les mots pour vaincre les déprimes.
Accorde ta guitare afin de voyager,
Unique et doux plaisir, jusqu’au vieil oranger…
Dans le bœuf des copains, fais péter quelques rimes !
LDB, juin 2018