Un livre de Jean-Baptiste Vignol ( qui a aussi écrit Tatatssin, paroles de Renaud)
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« Dieu a dit : aime ton prochain comme toi-même. J’aime pas
qu’on me tutoie et je préfère moi-même. » (Pierre Desproges)
« Quand les borgnes comprendront que l’amour est aveugle...»
(Renaud)
Cela fait bien une vingtaine d’années maintenant que, de loin en loin, je croise un fan, un pote, un journaliste, qui me pose cette question: «Pourquoi t’as jamais fait une chanson contre Le Pen? Un truc bien métal comme t’avais fait naguère contre Thatcher ! »
C’est parfois demandé avec naïveté, d’autres fois
avec une nuance de reproche... Je réponds toujours la même chose: outre
qu’il est assez rare que l’on écrive une belle et intemporelle chanson sur
un sujet politique, et que ma fonction et mon ambition sont, si possible, de
faire de jolies chansons, outre que, dans ce cas de figure, le "sujet"
politique en question ne mérite à mes yeux ni quatrains ni rimes ni mélodies
parce qu’on ne compose ni ne versifie sur les métastases, j’ai la prétention
de croire que l’ensemble de mes chansons, d’Hexagone en 1975 à Elle est
facho en 2007, est un plaidoyer contre les idées de Jean- Marie Le Pen.
Il me semble que ma plume a, de-ci de-là, pas mal brocardé les institutions, malmené les Églises, l’armée, l’ordre établi, l’autoritarisme, dénoncé le racisme, l’homophobie, le drapeau, la nation, l’idéal de «travail, famille, patrie» si cher à Pétain et au FN.
Dans toutes mes chansons? Certes non. Nombre d’entre
elles n’ont pas d’autre ambition que de distraire, de faire sourire,
d’amuser. Mais j’apporte le même soin jaloux à l’écriture de celles-ci qu’au
plus féroce des brûlots ou qu’à la plus tendre des déclarations d’amour.
Être un jour peut-être considéré comme un auteur de la lignée des Pierre
Perret ou des Boby Lapointe me paraît une ambition raisonnable (quoique
peut-être présomptueuse, finalement), même si l’auteur de l’ouvrage ici
présent, Baptiste Vignol, n’hésite pas, lui, dans un autre de ses livres, à
me voir à la même table que les trois grands d’une célèbre affiche... Ce que
je veux dire, c’est que même ces chansons fantaisistes sont à l’opposé de
l’idéologie brunâtre de Jean-Marie de La Trinité. Car si son programme était
rigolo, ses idées amusantes, ses réparties à mourir de rire, ses slogans
hilarants, sa politique poilante, cela se saurait. Tout au plus peut-on lui
prêter une vision du monde et des relations humaines quelque peu
clownesques, c’est-à-dire à pleurer. (Non, je ne suis pas raciste anticlowns,
LICRA calme-toi, mais ils ont trop souvent fait pleurer ma fille!)
Tout comme mes chansons «engagées» sont aussi des chansons d’amour, d’amour de la justice et de la liberté, mes chansons d’amour sont, à mes yeux, elles aussi des chansons «engagées», et j’ai presque la conviction que c’est dans ce registre que mes bluettes sont les armes de destruction massive les plus efficaces contre le F-Haine.
Parce que j’essaie d’y exprimer un amour des
enfants, de l’homme et de sa fiancée, de notre planète et de tout ce qu’elle
comporte de vivant, humain, animal ou végétal (particulièrement lorsqu’ils
sont victimes de la barbarie, de l’injustice, de la tyrannie, de la détresse
au nom toujours du pouvoir et de l’argent). Parce que j’es- saie d’y
exprimer un amour de l’amour, de la fraternité, de l’empathie, de la
tolérance et de la liberté singulièrement incompatible avec les idées de
l’ex-borgne breton. (Non, je ne suis pas raciste antibre-tons, lycra-dentelle bretonne calme-toi aussi !) Je crois même avoir écrit naguère
dans C’est quand qu’on va où?cette phrase que ne devrait pas renier le plus
bigot des intégristes du FN: «L’essentiel à nous apprendre [...], c’est
l’amour de son prochain même si c’est un beau salaud! »
Jean-Marie, je t’aime.
RENAUD
PS: Je me demande si ma démonstration est bien concluante. J’aimerais donc
les métastases? Il est vrai que je m’en fabrique chaque jour en laissant
quinze euros chez mon marchand de tabac...