DROIT DE RÉPONSE DE RENAUD
SUITE
À L'ARTICLE DE MONSIEUR PARANAGUA DANS "LE MONDE " DU 25 OCTOBRE .
Paris, le 28 octobre 2005,
Cher Monsieur Colombani,
L'article de votre collaborateur Monsieur Paranagua en Une de votre édition du
mardi 25 octobre dernier, article relatant la soirée de la veille organisée par
le Comité "betancourt-idf" en soutien à Ingrid Betancourt et les 3000 otages en
Colombie, soirée offerte et mise en scène par Monsieur Jean-Michel Ribes et ses
amis en son théâtre du rond point des Champs Elysée à Paris en présence de la
famille d'Ingrid Betancourt, des anonymes des Comités de Soutien, de nombreux
artistes, personnalités politiques de tous bords, de personnalités du monde des
arts et des lettres, de nombreux médias, soirée débutée par la lecture d'un
message de solidarité de Monsieur Jacques Chirac Président de la République
m'est apparu particulièrement réducteur, falsificateur, manipulateur,
désinformatif, orienté politiquement dans un sens différent de celui d'origine,
et nécessite ce droit de réponse en mon nom d'abord, (puisque mon "implication"
est totalement détournée, mon "engagement" interprété abusivement) et, je
l'espère, au nom des comités de soutien comme de la famille d'Ingrid Betancourt
que j'ai le bonheur et l'honneur de soutenir dans cette épreuve.
Faute de me voir accorder ce "droit de réponse" légitime à cet article
mensonger, je me verrai alors dans l'obligation de tenter de le voir publié par
un de vos confrères dans un autre quotidien ou hebdo.
Monsieur Paranagua, après m'avoir demandé lundi soir copie du texte de ma
chanson "Dans la jungle" chanson écrite spécialement pour Ingrid Betancourt et
tous les otages en Colombie, et chantée en public pour la première fois ce 24
octobre, après l'avoir lue intégralement et recopiée sous mes yeux, se permet de
la résumer à une unique critique du groupe armé FARCS responsables de
l'enlèvement et de la détention de Madame Betancourt et de tous ces otages
politiques ou anonymes. Il cite abondamment les nombreux couplets de ma chanson
reflet de mes sentiments et convictions (couplets justifiés et assumés) mettant
en cause les méthodes, l'idéologie, des FARC, mais oublie sciemment de citer les
couplets relatifs au combat politique d'Ingrid Betancourt (combat auquel je
m'associe) contre la corruption du Président Uribe, de la majorité de la classe
politique colombienne, contre les collusions notoires entre, d'une part, le
pouvoir et les cartels de la drogue et du crime organisé, et, d'autre part, de
ces mêmes cartels de narcotraficants avec les différents groupes armés
(paramilitaires d'extrème-droite de l'AUC, guerrilleros marxistes des FARC et/ou
ELN) combat aussi enfin contre la misère et la guerre qui frappent depuis trop
longtemps le peuple colombien.
À la différence des comités de soutien dont la charte précise qu’ils sont
apolitiques et n’ont comme vocation que la défense des droits humains, je n’ai
personnellement jamais envisagé ma chanson ni ma participation à ce concert de
soutien comme à ceux encore à venir, (hélas…) ni mes propos auprès des
différents médias qui me sollicitent comme uniquement conditionnés par l’aspect
humanitaire (la détresse de la famille Betancourt face à la détention abusive et
si longue d’Ingrid). Si cet aspect est prioritaire pour moi, pour des raisons
affectives, humaines, il n’en reste pas moins que je suis un inconditionnel du
combat politique d’Ingrid Betancourt et tous mes actes et paroles ont toujours
correspondu à ce sentiment qui m’anime. Ce n’est malheureusement pas ce qui
ressort de l’article de Monsieur Paranagua.
Pour mémoire, les couplets « occultés » par ce Monsieur disent en substance :
"Anonymes oubliés, victimes de conflits où, de chaque côté, sévit la barbarie...
Des narcotraficants, d'un pouvoir corrompu, d'un indigne président vous payez le
tribut... Alors en chantant pour toi Ingrid, je veux aussi rappeler que tu
combats contre un double ennemi..."
Monsieur Paranagua aurait aussi été bien inspiré de citer quelques mots du petit
texte que j'ai écrit et lu en préambule de mon interprétation de ma chanson,
texte qui n'engage que moi et qui disait notamment "Puisse cette chanson frapper
le coeur, s'ils en ont jamais eu, des guerrilleros des FARC comme du président
Uribe, puisse cette chanson tuer les fascistes qu'ils sont !" ou encore "Nous
sommes des millions de citoyens épris de liberté et qui soutenons Ingrid dans
son combat contre la corruption, la misère, les narcotraficants, les exactions
des différents groupes armés qui n'aiment finalement que la guerre..."
Le livre remarquable d'Ingrid Betancourt "La rage au coeur", résume en 250 pages
plus de dix années de son combat contre la misère, mais surtout contre la
corruption du pouvoir et de presque toute la classe politique en Colombie (des
différents chefs d'état successifs et des partis, Conservateur et Libéral),
n'accorde que trois pages à ses "sentiments" vis-à-vis des FARC, il me semble
donc que réduire, résumer, le combat d'Ingrid et, partant, le mien, à la mise en
cause unique des FARC est une interprétation erronée, falsificatrice,
réductrice, de ce combat, interprétation qui arrange les intérêts du président
Uribe puisque ne désignant ses adversaires politiques des FARC comme seuls
responsable de la captivité de ces 60 otages "politiques" et plus de 3000
anonymes en colombie.
Monsieur Paranagua ignorerait-il le manque de volonté manifeste du pouvoir
colombien à signer l'accord humanitaire permettant la libération de tous les
otages, car leur captivité interminable (plus de huit ans pour certains d'entre
eux...) discrédite à ses yeux la cause des FARC dans l'opinion publique
colombienne et internationale ?
Et vous-même, Monsieur Colombani, de quel côté êtes-vous lorsque vous publiez en
page douze de la même édition du Monde du 25 octobre, une page entière de
propagande pour le président Uribe à travers la libération provisoire d'un chef
de guerre de l'ELN pour soit-disant tenter la mise en place d'un dialogue avec
l'ELN, ce qui n'a rien à voir avec l'Accord Humanitaire à négocier avec les FARC
? Qui est dupe de cette supercherie visant à donner le sentiment qu'Uribe fait
des pas en avant, des concessions, alors que chacun sait sa volonté de ne pas
négocier par ailleurs avec les FARC, obsédé qu'il n'est que par sa probable
réélection prochaine, réélection rendue possible par un modification de la
Constitution Colombienne dont tout le monde s'accorde à dire qu'elle ne fut
possible que par la corruption des sénateurs chargés de décider ou non de cette
modification ?
Et pourquoi cette « libération » datant de trois semaines fait-elle
opportunément pour Monsieur Uribe une page entière dans votre quotidien au
lendemain même de notre soirée de soutien aux otages en colombie ?
Le pouvoir en place à Bogota, a déclaré "ennemi du peuple colombien " toute
personne colombienne ou non, critiquant depuis l'étranger le pouvoir en
Colombie. Monsieur Paranagua qui, par amour pour ce pays probablement, amour
partagé par Ingrid, sa famille, moi-même et des millions d'individus sur cette
planète, obéit visiblement à la lettre à cette "déclaration"... Mais cette
"obéissance" l'amène à trahir quelque peu la vérité historique du combat
d'Ingrid Betancourt, du mien accessoirement, et de tous les citoyens du monde
solidaires de ce "combat".
Monsieur Paranagua, collaborateur de votre quotidien, s'avère donc être plutôt,
par cet article mensonger, un excellent "collaborateur" du président Uribe...
Bien à vous,
Renaud Séchan (dit "Renaud")
PS. Fier de savoir que l'extrème-droite me vole dans les plumes pour mon soutien
à "INGRID LA ROUGE" , et que la vermine stalinienne qui, dans mon forum la
traite entre autres noms d'oiseaux de bourgeoise et de p... , parce qu'ils
soutiennent quasiment inconditionnellement les FARC, me tombent dessus à bras
raccourcis aussi ! Les ennemis de la liberté se rejoignent