Vincent Roca - Le Fou du Roi du 18/11/04
Cher Renaud,
Je suis comme comme vous! Enfin pas tout comme vous, juste comme vous quand vous dites que vous avez , entre autre, une passion: je vous cite: "Quand j'écris le mot Fin en bas d'une chanson !" Pareil ! Là par exemple, quand j'écrirai le mot Fin en bas de ma chronique, je serais le plus heureux des hommes. J'en suis loin, à 4'30 !
Non que je ne veuille pas écrire de chronique sur vous , au contraire ! Ca fait 399 chroniques et cinq ans que mes mots se pavanent dans des modèles clinquants en DS-tombales, moteurs GT-Barbies, en Lorborghini_Lucchini-Fabrizio, en Santaigs-Diva-Bartoli-Mezzo-Torpédo, en Golf Volfs Klarsfeld1,7 litre Coca-Ligth. Cinq ans que mes phrases triment sur les Grands Bouvard en Vélo-solaire sous Mozart au bec ou dans des chroniques en sur-Régine. Cinq ans que mes Blas-blas déboulent à Bouton ouvert dans des Mercedes Bern sixAlcatel , des Porches PPDA, des coupés Le Zébre-ulcères , pointures métallisées, coffre sellerie cuir, 430 litres de Jaja. Cinq ans que mes batteries adjectives roulent torchées au Jean-Pierre Pernod - tiens, la semaine prochaine on m'offre même un tour en Rolls Rothschild, ceintures en croquo et strapantin . Cinq ans que mes paragraphes s'exhibent dans des vieux tacots de collection: fourgonnettes Delpech, tracteurs Dave , estafettes Horner, qui se sont même pour certain définitivement emplafonnés, envolés au Paradis des chroniques dans les valises de Claude Nougaro , Alex Metayer ou Jean Yanne !
Alors mes mots vous pensez s'ils rêvent depuis longtemps de s'offrir un petit tour en Renaud. Pauser leurs culs de mots sur de bons vieux sky à moitie décousus , faire hurler le moteur, crisser les pneus, cracher de l'oxyde de carbone et du jus de chichon sur le pavés des beaux quartiers , se balader dans une carrosserie balafrée couleur rouille, klaxonner au nez des bourgeois, brûler des feux, narguer les poulagats, titiller les lignes blanches , bouffer les stops tout phares allumés, rentrer dans le lard des chauffards du dimanche, d'autant que vous, vous êtes un modèle hybride, une sorte de Roadster décapotable , déraisonnable , Roadster Renaud, Raodster Panhard , si vous voyez ce que je veux direz, moitié moteur turbo 150 Chevaux, sièges bacquets, moitié Docteur Bobo, deux-trois clébards, banquettes de 2CV, freins à disque d'or, et plaquettes usées, pompe à eau anisée et durite pétée - tu rayes la carrosserie il y a toute le peinture qui vient avec !-
Vous êtes tellement rentré dans vos contemporains , vous avez tellement pris de "pets", c'est pas des pare-chocs qui vous aurait fallu , c'est des air-bacs sur chaque pore de la peau, sur chaque alvéole des poumons , sur chaque oreillette du cœur ! C'est quoi cette voiture avec le pare-brise tapissé de prunes ? C'est Renaud cabosser comme un malade ! Non rouler en Renaud, mes mots ça leur fait des vacances . Même si ça brimbaler dans un Boucan d'enfer ces bagnoles là; même si tu peux caler en pleine cote, c'est pas fait pour les circuits. Mais sur deux trois refrains, deux trois couplets, t'as pas de soucis à te faire ça te mène ou tu veux, c'est du Tout-terrain ! Tu te fais gratter sur l'autoroute par des berlines luxes assurées tout risque, des chansons formatée rythme teintés, serrures chromées et paroles "indigentalu ", orchestres de chambres plus salle de bains carrelées, batterie de cuivres rutilants et grosses caisses enregistreuses mais ces chansons là c'est que du toc.
De toute façon, mes mots aiment le refrain des écoliers , la chansonnette buissonnière, les petites mélodies de montagne à deux voix "Un Piano ,une guitare". Rouler en Renaud, peu être que ça paraît pas fiable mais c'est quand même du solide, depuis le temps que ça dure .Première mise en circulation 1968 , presque dix ans avant le premier cabriolet-Cabrel, t'as qu'à voir ! . Bon c'est le genre de bagnole, tu te retrouve un jour en rade au bord d'un ravin, sur une voie de garage: tu peux y est rester des années. Et alors ? Mélanger du gasoil à l'essence ça arrive à tout le monde. Quelle idée aussi de rouler à l' Amour ! ça fuit de partout, ça démarre jamais quand il faut, c'est plein de saloperies: enfin, un bon nettoyage et ça repart comme en 45 tour . Et t'as fouillé dans la boîte à gants ? T'as tout les titres qui t'ont vu grandir avec une poignée de Mistral Gagnant.
Alors vous voyez que j'ai toutes les raisons de la faire cette chronique! Non, si je me rechigne à l'écrire c'est que depuis quelques temps qu est-ce qu'on rabâche sur vous! Est-ce que ça vaut la peine d'en rajouter? Renaud retour devant le devant de la scène, c'est un peu comme le plat qu'on a fait avec Salvador: tout a été écrit ! Qu'est ce qu'on a gloser sur vos années d'absences, c'est toujours comme ça: " Ah Renaud, vous revenez au premier plan ? Quel succès , c'est extraordinaire. Alors que pendant des années on s'est bien gardé d'aller vous chercher. On va quand même pas tourner dans le caniveaux, y a pas assez de lumière ! Et puis avec la loi Evin, on peut pas montrer une marque de pastis à la Télé . Désolé! Revenez quand vous serez clean ! Alors moi, pour cette 400ème chronique j'aurai voulu faire comme à la radio, repasser simplement les chansons de Laisse Béton à Petit Pédé, de Germaine à Baltique , d'Hexagone à l'Entarté et les auditeurs n' y aurait vu que du jeu.
Bon, mais tu vois le mot "Fin" j'y suis déjà et la chronique je ne l'ai pas senti passée !