Lettre au chanteur Renaud
La passerelle
des indiens Hualapai
- Mec, t'as tout faut, t'as rien compris à la vie! Tu crois que tous tes fans t'aiment et même t'adorent. Ce n'est pas vrai. Ils ont besoin de toi. Un peu comme moi cette nuit. Tu crois qu'ils viennent pour te donner quelque chose mais tu te trompes, ils viennent pour te demander quelque chose et c'est toi qui leur donne. Toutes les petites lumières que tu vois briller dans tes salles de spectacle sont autant de petites bouteilles à la mer qui se reflètent sous la lumière des projecteurs. Alors moi aussi je t'envoie un SOS dans une mini bouteille, parce que je ne sais pas faire les choses en grand comme toi, mais seulement en tout petit. Et j'ai besoin que tu m'aides à agrandir ma bouteille miniature, et qui sait, peut-être qu'un jour je pourrais envoyer des bouteilles avec un autre message dedans. Ce soir ma petite bouteille a déjà grandi un peu en t'envoyant mon message. Si elle grandit suffisamment, c'est sûr que quelqu'un va finir par la trouver. J'ai envie que quelqu'un la découvre et l'ouvre, trouve le message, lise mon SOS, et me renvoie à son tour un message.
- J'ai fait un rêve. J'aimerais aller jusqu'au bout de la passerelle de verre sur le territoire des indiens Hualapai en Arizona, au-dessus du vide du Grand Canyon à Eagle Point, là où les esprits rendent visite aux vivants. Je voudrais m'asseoir un long moment avec toi, en rêve ou en réalité (si ça se trouve c'est la même chose), tout au bout du bout de la passerelle, et regarder le vide infini sous mes pieds, puis les esprits qui planent silencieusement dans les cieux au-dessus de nous. Mais si tu ne passes pas en premier, et que tu me dis pas d'avancer et d'oser venir à côté de toi, je n'aurais peut-être pas le courage de faire le trajet toute seule. Alors qu'est-ce que tu attends pour aller au bout de cette passerelle, regarder ce grand vide, le regarder les yeux dans les yeux, puis en communiquant un instant avec nos ancêtres et le reste de l'humanité, éclater d'un grand rire pour lui foutre la honte. Ce soir, j'ai fait un pas sur la passerelle, grâce à toi, en t'envoyant ce message. Mais toi, espèce de con, qu'est-ce que tu attends pour venir planer au-dessus du vide avec moi, entourés par les aigles, les aigles d'Eagle Point, qui ont déjà tout compris à la vie.
- Je sais qu'en ce moment, c'est toi qui envoie des bouteilles à la mer. Et tout ce que j'ai trouvé pour te répondre, c'est de t'en envoyer une à mon tour. Mais finalement, peut-être que ça n'a pas d'importance si on arrive pas à arrêter d'envoyer de petites bouteilles à la mer. Parce que un jour, sans prévenir, c'est le message dans la bouteille qui change. Alors dépêches-toi de passer de l'âme du bas à l'âme du haut, de transcender ta souffrance pour m'écrire une chanson, comme moi j'ai transcendé la mienne dans ce message. Une chanson avec la passerelle des Hualapai et les aigles d'Eagle Point qui planent et n'ont pas peur du vide. Fais-le, s'il te plait... avant de rejoindre les aigles. Je saurai que tu as bien reçu ma petite bouteille!
Une admiratrice un peu borderline... Dominique
par Dominique Weite,sur Facebook - lundi 21 novembre 2011