Un petit joueur qui s'appelait Renaud

Clément Dibule

 
 
C’était un p’tit joueur qui s’appelait Renaud.
Il chantait ses douleurs avec un air penaud,
Un air provocateur, ou un air rigolo,
En tout cas, à toute heure, il jouait sur les mots !

Ah, quelle classe il avait : bandana, perfecto,
Santiags, jean délavé, putain qu’il était beau !
Sa mob pétaradait, des flammes sortaient du pot,
Les vers qu’il envoyait, des fois ça volait haut !

Le succès s’est pointé : quand des milliers d’ados
Se mettent à entonner ses refrains en écho,
Et sa voix éraillée qui passe à la radio,
Renaud, il a gagné, et savoure les bravos !

Sauf que faut pas rêver : l’homme n’est pas un robot,
Son cœur n’est pas blindé, et bonjour les bobos !
Sur la mer agitée de la vie, mon coco,
Tu peux vite déchanter, et ton bateau prend l’eau !

Renaud, il en a marre, devient tout ramollo,
Laisse tomber sa guitare, et finit au bistro !
Ah, elle est belle, la star, qu’est devenue poivrot !
Renaud s’appelle Renard, et ça sent le fiasco !

Traversée du désert, et le désert, c’est chaud,
Alors il désaltère, et pas moderato !
Il a perdu ses vers, sa femme lui dit : ciao !
Alors il lève son verre à sa vie « ground zero » !

Et la feuille reste blanche, c’est la panne de stylo,
Il écluse, il étanche, et va decrepito !
C’est tous les jours dimanche ! Mais à la fin, il faut
Se retrousser les manches, se remettre au boulot !

Car même pour la viande saoule, c’est jamais finito :
Le vieux rafiot qui coule peut se remettre à flot !
Ça lui fout bien les boules, ces deux tours aux infos,
Vient Manhattan-Kaboul : un sacré beau duo !

Il ne l’a pas volé, son retour en studio !
L’amour repointe son nez, alors il crie : banco !
Et voici un bébé, qui s’accroche aux lolos
De son amourachée : c’est pour lui le gros lot !

Et puis, quel grand malheur : re-non-stop apéro,
De nouveau peine de cœur, et retour du mélo !
Pour ses admirateurs : c’est « La Bande à Renaud »,
Dernier album qui fleure la fin des haricots !

Secoue-toi, p’tit joueur ! Et suis donc ce credo :
Faut kiffer son bonheur, la vie, c’est un cadeau !
Écrire est ton labeur ! Redeviens, illico,
Mon préféré chanteur, et j’espère à bientôt !

 

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Renaud