La relation

Renaud/Mitterrand

(ou ce que j'en sais !)

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Merci à  Renaud Sechan fans , au  Kiosque à journaux   du  HLM des Fans ,

 à Christophe Kikoff

L'Enervant (le chanteur)

et sa tante

(le Doct. Madeleine Séchan)

ont bien gardé le secret

 

Renaud soutient

Clic sur les Images

 Mitterrand en 1988


RENAUDITTERRAND : Strasbourg

Suite au décès de Mitterrand, Renaud  écrit  dans Charlie Hebdo
Quand Renaud parle de Mitterrand en s'adressant à son épouse ....

Inauguration du Zénith

 Première rencontre avec Tonton

Engagement politique:  "Mitterrandien"  

 Socialiste

Tonton : Laisse pas béton

Tonton  la chanson

 

Baltique

RENAUD, dans Globe Hebdo, 22 septembre 1993.

 

GLOBE HEBDO / Mitterrand et vous, c'est une longue histoire d'amour turbulente ?

 RENAUD / Oh, c'est une longue histoire. Tout d'abord en 1981. J'avais alors une certaine popularité - c'était l'époque de Gérard Lambert - mais je n'avais été sollicité par personne pour la campagne, pas le moindre coup de fil. Est-ce parce qu'auparavant j'avais farouchement soutenu la candidature de Coluche ? Evidemment, au second tour, j'ai fait savoir que je voterai à gauche, pour François Mitterrand. Lui, je l'ai vraiment rencontré pour la première fois à l'inauguration du Zénith, en 1985 et la seconde fois, grâce à Globe mensuel, en 1986, quand vous aviez organisé une interview du président par une bande de jeunes.

  GLOBE HEBDO / Il existe une complicité certaine entre vous ?

RENAUD / Oui, j'aime ce bonhomme, je le revendique, je l'assume malgré les critiques de Bedos qui considère que c'est de l'Oedipe mal digéré. Et je dois reconnaître qu'il n'a pas tout à fait tort. Mitterrand a quelque chose de mon papa, dans la physionomie. Bref, c'est vrai qu'il m'arrive de le défendre quand on l'attaque, que ce soit des gens de gauche ou, à plus forte raison, des gens de droite. Pour cela, je mets en avant son immense culture, son charisme, son sens de l'Histoire, son humour... Oui, j'ai une grande affection pour lui. Mais le personnage ne peut pas faire oublier sa politique. Alors, pour conclure : « ami » oui, « valet » non. J'ai difficilement admis qu'à un moment, sa politique n'ait plus été en harmonie avec ce que le programme commun laissait supposer. Mais l'essentiel de mes « fâcheries » furent à propos du sommet du G 7 et de la guerre du Golfe.

  GLOBE HEBDO / Et vous l'avez pourtant soutenu en 1988 ?

RENAUD / Oui, malgré tout. Malgré quelques désillusions... Et puis, avec la cohabitation, j'avais revu le vrai visage de la droite : l'affairisme des privatisations, le copinage, l'enrichissement personnel du noyau dur de Balladur, la privatisation des chaînes, le massacre d'Ouvéa, Malik Oussekine, la violence policière à l'égard de la jeunesse qui s'était sensiblement calmée dans les premières années de socialisme... Et, étant donné l'hésitation du président Mitterrand à se représenter, j'ai cru bon, pour la première fois, de m'investir vraiment dans sa campagne électorale. Et profitant de ma popularité, je me suis offert une page dans le Matin de Paris pour dire : Moi, Renaud, j'appelle Mitterrand à se présenter : « Tonton, laisse pas béton. » ça m'a valu bien des lazzis et des sarcasmes, autant de la droite que de la gauche. Bedos qui se foutait de ma gueule à la radio : « Tonton, laisse pas béton et pourquoi pas, Tata, laisse pas bêta ? »  

JPEG - 15.5 koLe 12 janvier 1984, Jack Lang et François Mitterrand inaugurent la salle du Zénith à Paris.   Cette nouvelle salle ouvre ses portes à l’emplacement des anciens abattoirs de la Villette, à côté de la Porte de Pantin. Tout le gratin est invité, y compris Renaud qui inaugure la salle en étant le premier à présenter un spectacle sur cette scène du 17 janvier au 5 février.

 À cette occasion, Renaud rencontre pour la première fois Tonton.

Le Matin     7 déc.1987

Publicité offerte par la Chetron Sauvage à son président préféré. Tonton, laisse pas béton. Mouvement individuel énervant et indépendant pour la réélection de François Mitterrand.

 

  GLOBE HEBDO / Que s'est-il précisément passé au moment du Bicentenaire, en juin 1989 ?

RENAUD / On fêtait le bicentenaire de la Révolution et... on accueillait le sommet du G 7, les sept pays les plus riches du monde ! J'ai été sollicité par l'extrême gauche militante (la Ligue en l'occurrence) pour signer une pétition dénonçant cette mascarade, cette atteinte aux idéaux de la Révolution, qui aurait dû nous porter à manifester plus de solidarité avec les pays du tiers-monde. J'ai signé, et ce qui au départ devait se résumer à un meeting à la Mutualité est devenu, à mon initiative, un méga concert à la Bastille avec la Mano Negra, les Négresses vertes, Johnny Clegg. Tout ça me semblait être une vraie démarche d'homme de gauche. Mais, pour les médias, je suis devenu l'instigateur d'un anti bicentenaire. Toutes les questions s'orientaient sur mes relations personnelles avec Mitterrand et Attali. Moi, je me suis embrouillé dans des explications pas toujours très claires. Quelques semaines plus tard, quand Mandela est venu à Paris sur l'invitation personnelle de Danielle Mitterrand, j'ai revu François Mitterrand. Et au cours du repas, Mitterrand m'a dit d'un air malicieux : « Eh bien Renaud, vous ne partez plus en vacances ? - Si, Monsieur le Président. » J'étais sur mes gardes. Il ajoute : « Parce que je ne reçois plus de vos nouvelles. J'espère que vous m'enverrez encore de ces cartes postales que je me fais toujours un plaisir de recevoir. » Et c'est vrai que naguère, quand j'étais en vacances et que j'avais un coup de cafard, j'envyais une carte postale à mon président préféré. Je me disais qu'il y avait une chance sur un million pour qu'il la lise. Eh bien, ce jour-là, il m'a confirmé qu'il lisait bien son courrier. « Monsieur le Président, je vous écrirai encore bien volontiers mais je pensais que depuis le mois de juillet 1989, vous étiez fâché. » Je lui ai dit ça comme un petit garçon qui a peur de se faire gronder. Au lieu de quoi, il m'a répondu par un grand sourire en me faisant entendre qu'il n'en était rien. Pour le Bicentenaire, j'avais été attaqué par 1es « tonton-maniaques »; je me sentais d'autant plus à l'aise que le principal intéressé ne m'en tenait pas rigueur. Je pensais que le président préférait avoir un ami qui n'a pas peur de le critiquer plutôt qu'une cour servile et aveugle.

  GLOBE HEBDO / Et puis, en octobre l 991, il y a eu cette chanson, « Tonton », conséquente à la guerre du Golfe et où vous lui exprimiez votre désapprobation. Vous vous en êtes expliqué ?

 RENAUD / Oui, bien sûr. Il n'a pas ouvertement parlé de la chanson, mais, lors d'un dîner avec Charasse, il a fait une allusion a cet album en me précisant qu'il l'avait écouté et - je voudrais être sûr de retrouver la phrase exacte qu'il avait « une grande faiblesse pour [mes] chansons... même, les dernières ». Ces propos étant adressés à Charasse, et Charasse de me chambrer comme un fou, devant le président... Mais cette chanson, elle me tenait à cœur.

  GLOBE HEBDO / Avec lui, vous n'étiez pas d'accord non plus sur Maastricht ?

 RENAUD / Au moment de Maastricht, j'étais très dérouté par les engagements contradictoires des gens que j'aimais. l.es clivages traditionnels, comme d'ailleurs pour la guerre du Golfe, étaient bouleversés. J'ai finalement résumé mes états d'âme dans Charlie Hebdo. Je disais en gros que le jour du référendum, j'irai plutôt à la pêche à la ligne, tellement j'étais dépassé par ce problème. Je voyais d'étranges associations : Le Pen avec Chevènement, Marchais, Dominique Jamet ; de l'autre, vous (Globe mensuel) entre Giscard, Harlem Désir et Mitterrand. Je réalise alors qu'il y a un vrai non de gauche à Maastricht et un vrai oui de droite, des classes dominantes, les patrons... Finalement, j'ai pensé voter non - et je le fais savoir - parce que je ne veux pas de cette Europe des marchands. Puis, je vois Mitterrand à la télévision face à Séguin qui n'était vraiment pas à la hauteur. J'hésite de nouveau. J'ai finalement donné mon bulletin à ma fille de 13 ans, en lui disant : « T'es au courant ? - Oui, on en parle beaucoup à l'école - Je te donne mon bulletin, tu viendras dans l'isoloir avec moi et tu mettras ce que tu voudras. » C'est un peu lâche, d'accord. Et elle, elle a voté oui parce que les enfants de sa génération sont pleins d'espoir.

 GLOBE HEBDO / Les clivages politiques traditionnels avaient effectivement sauté. Le fait que l'extrême gauche et l'extrême droite se parlent en vue d'une alliance, cela vous choque-t-il ?

 RENAUD / Oui, cela me choque. Personnellement, l'extrême droite, je ne lui ai jamais parlé.

  GLOBE HEBDO / Le fait que votre frère, Thierry Séchan, qui fait de la littérature, ait donné une interview au Choc du mois (un mensuel d'extrême droite), cela vous choque également ?

 RENAUD / Je lui ai dit que c'est une erreur fondamentale. Et il se justifie, ainsi : « Je suis tombé sur un journaliste des pages culturelles qui a été plus honnête que nombre de ses confrères de la presse sociale démocratique, et qui m'a permis de relire mes propos, qu'il n'avait ni censurés ni falsifiés. » C'est maladroit, mais je ne suis pas l'avocat de mon frère. Et si c'est cela son seul crime, il n'y a pas  quoi fouetter un chat.

 

Engagement politique: période "Mittérandienne" !

Renaud a toujours assumé son affection et sa fascination pour François Mitterrand, auquel il envoyait des copies de chacun de ses disques à leur sortie.

Pourtant, après l'élection présidentielle française de 1981 où il avait voté au second tour pour Mitterrand, bien que se réjouissant de l'abolition de la peine de mort et l'autorisation des radios libres, Renaud s'opposa rapidement aux positions économiques et géopolitiques des socialistes notamment après le tournant de la rigueur opéré par le gouvernement Mauroy en 1983. La même année, il s'engage activement pour la Marche des beurs, comme il le fait plus tard pour la campagne Touche pas à mon pote de SOS Racisme. En 1985, il se rend à l'Élysée pour exiger des explications suite à l'assassinat politique d'Éloi Machoro, secrétaire général du FLNKS

Le 7 décembre 1987, Renaud signe une tribune « Tonton laisse pas béton » au travers d'une pleine page publiée dans le quotidien Le Matin de Paris pour convaincre un Mitterrand qui montrait de l'hésitation à se représenter à l'occasion des élections de 1988. Cela n'empêche pas Renaud de voter Pierre Juquin au premier tour et de poursuivre ses critiques sur le parti socialiste durant le second septennat de Mitterrand. En 1988, il signe une tribune dans Révolution pour exiger la libération d'Otelo Saraiva de Carvalho à l'occasion de la visite officielle en France du président portugais. La même année, il organise un concert à l'Olympia afin de réunir des fonds pour financer un hôpital palestinien. Renaud se montre également actif à l'occasion des célébrations du bicentenaire de la Révolution française en 1989. Il critiquait le fait d'inviter les « maîtres du monde » pour le sommet du G7 à Paris alors que la période était censée rendre hommage à la Révolution et aux sans-culotte. Organisateur d’un concert protestataire sur le thème « Dette, colonies, apartheid, "ça suffat comme ci », réunissant plus de 100 000 personnes Place de la Bastille, Renaud força le Parti socialiste à prendre position sur l'abolition de la dette. En 1991 Renaud désapprouva fortement le choix de François Mitterrand de s'impliquer dans la guerre du Golfe aux côtés des Américains, celle-ci se résumant pour lui à une histoire de sous que les Irakiens allaient devoir payer au prix fort. Il écrit diverses chroniques dans L'Idiot international de Jean-Edern Hallier.

Malgré ces divergences avec Mitterrand, Renaud entretient toujours un grand respect pour celui qu'il identifiait sous certains aspects à un père. Une chanson lui est d'ailleurs consacrée sur l'album Marchand de Cailloux (Tonton) et Baltique, du nom de son chien, sera un ultime hommage sur l'album Boucan d'enfer.     Source: .Wikipedia.org

 

Une famille au secret (Stock), Ariane Chemin et Géraldine Catalano    Extrait

A Gordes, Anne et François livrent leur secret au Dr Madeleine Séchan - rencontrée chez les Soudet. [...] 

En Avignon, tu avais été hébergé dans l'appartement de notre tante Madeleine, femme médecin attachante et pittoresque. Elle t'avait inscrit au cours Pigier. Toi, le poète, l'artiste, le saltimbanque, au cours Pigier ! Heureusement, cela ne dura pas. Après quelques mois passés dans un studio, en compagnie d'un chaton et de jolies autochtones, tu remontas à Paname dont tu étais toujours amoureux.

(Lettres à mon frère Renaud de Thierry Séchan)

 

Vient le moment délicat d'avertir la famille. A Clermont-Ferrand, Thérèse Pingeot, si pieuse, si pratiquante, s'affole. Comment? Un enfant hors mariage? Et qui plus est avec un homme marié? Mais Anne tient à garder l'enfant. Et quand Anne veut quelque chose... Chacun tombe d'accord: Anne ne peut pas accoucher à Paris, moins encore à Clermont-Ferrand. Trop de risques d'indiscrétions. Avignon est plus discrète. Madeleine Séchan, protestante calviniste, se montre compréhensive et propose ses services. Elle réserve elle-même la chambre d'Anne, à la clinique catholique Urbain-V, aux abords de la cité des Papes, et promet de veiller sur elle et sur le nouveau-né. 

Tant que sa grossesse n'est pas visible, la jeune conservatrice continue à suivre comme une ombre François Mitterrand. En juin 1974, elle l'accompagne ainsi à une Fête de la rose, à Giromagny, dans le Territoire de Belfort, à l'invitation de Jean-Pierre Chevènement. [...] Anne s'arrondit, la clandestinité s'impose. A la fin du mois d'août, la jeune conservatrice quitte la France pour Londres, où elle séjourne quatre mois. Le 18 décembre 1974, elle regagne Avignon pour entrer en clinique. Seule sa sœur est venue lui tenir la main. François, lui, a rejoint Latche. L'enfant naît à 22 heures, bleue, cyanosée, au terme d'un accouchement difficile. Le lendemain, le Dr Séchan se rend à la mairie pour déclarer l'enfant: "Mazarine, Marie, de sexe féminin, fille de Anne Pingeot, conservateur de musée, domiciliée à Paris (VIe, Seine)." Rien de plus. Officiellement, Mazarine n'a donc pas de père. Trop risqué.

Un secret bien gardé

 

         Suite au décès de Mitterrand, Renaud a écrit  un papier  dans Charlie  Hebdo où il disait toute l'admiration (l'amour?) qu'il avait pour cet homme en dépit de toutes les contradictions....

> Charlie-hebdo N°187 � 17 janvier 1996

Larmes à gauche... 

Le temps des cerises, c'est pas demain...

Vous avez pas pleuré, vous ? Moi au moins dix fois. Devant ma télé le soir même et tous les soirs suivants, en quittant la rue Le-Play, le mercredi soir à la Bastille sous sa photo monumentale, et même lorsque Barbara Hendricks nous a massacré Le Temps des cerises dans sa version Neuilly de cet hymne du peuple de gauche. Erreur de casting...

Quelque conseiller en communication attaché au PS, plutôt que de privilégier l'émotion et l'authenticité, aura probablement pensé, une fois de plus, en terme d'impact télévisuel. Là où un Marc Ogeret nous aurait arraché les tripes, la grande artiste nous a offert un numéro de virtuose lyrique ennuyeux et mondain. 

Mais si, vous avez pleuré... Forcément... Vous n'osez pas me l'avouer parce que, comme moi, vous gardez en travers de la gorge l'affaire Greenpeace, la guerre du Golfe et, surtout, la soumission à l'économie de marché. Mais, comme moi, vous savez qu'un homme qui aimait tellement les livres n'a forcément été guidé que par le désir d'y trouver un rempart à l'ignorance, à la barbarie, une source inépuisable de mots, d'idées et de sentiments qui mènent l'homme à un degré supérieur de conscience dans sa recherche de la beauté, de la vérité et de la justice.

Moi c'est pour ça que je l'ai soutenu, au moins au moment des grandes échéances électorales, pour ça que j'ai toujours assumé l'étiquette de «Tonton-maniaque» dont des journalistes «de gauche», plus volontiers que d'autres, m'affublaient avec ironie (comme pour se venger des relations affectives privilégiées que j'avais, contrairement à eux, la chance d'entretenir avec lui...). Je l'ai critiqué vertement parfois, il ne m'en tint jamais rigueur, le lion assoupi en veut-il à la puce qui le pique et lui rappelle les combats à mener ?

Bien sûr que vous avez pleuré... Même si ce fut sur vos illusions perdues, même si ce fut en souvenir d'une autre place de la Bastille quinze ans plus tôt, vous avez pleuré de rage contre la maladie et la mort, contre les chiens qui depuis un an s'acharnaient sur l'homme blessé, vous avez, comme moi, pleuré l'humaniste, son intelligence, sa culture, sa malice et son humour, et puis vous avez pleuré comme moi en réalisant, allez, avouez, que si vous aviez su que vous l'aimiez autant vous l'auriez aimé davantage. 

RENAUD

P.-S.1 : Je sais... Un homme d'abord ça pleure pas ! Regardez Ariette Laguiller... Miss Pol Pot ne sait probablement même plus ce que «pleurer» veut dire. Ses dernières larmes remontent à la prise du palais d'Hiver en 1917...

P.-S.2 : Jean-Jacques Goldman, dans Libé, écrit de Mitterrand : « Habileté, charme, il fut l'archétype de l'homme de droite. » Ben alors ? Il aurait dû te plaire... À moins que tu ne sois l'archétype de l'homme de gauche, toi pour qui l'engagement politique et la justice se résument aux Restos du Cœur

Danielle Mitterrand        

Socialiste

1

J' peux pas dire qu'elle était vulgaire
Ou arrogante
L'était même plutôt au contraire
Elégante
Comme une tartine de confiture
Dans l' café
Comme un graffiti sur le mur
Des W.C.

2
J' l'ai rencontrée dans une manif'
Pacifiste
Ça castagnait sérieux avec
La police
J' m'étais fait mal en balançant
Un pavé
J' m'étais foulé la ch'ville du bras
Le poignet
R
Elle était socialiste
Protestante et féministe
Un peu chiante et un peu triste
Institutrice
3
Croyait qu' le matin du grand soir
Allait v'nir
Croyait au grand souffle d'espoir
Sur l'av'nir
Genre de conn'ries qu' déjà quèqu' part
J'avais lues
Dans Minute ou dans un journal
Je sais plus
4
Elle m'a parlé d' Bernard Tapie
Enthousiaste
M'a dit qu'il avait du génie
Et d' la classe
J'ui ai dit: t'as raison, Ginette
C'est Karl Marx
En plus balèze, en plus honnête
En plus efficace
R
Moi j'étais rien-du-toutiste
Anarcho-mitterandiste
J' sais même pas si ça existe
Mais ça m'excite
5
Pi elle m'a dit qu'elle avait des
Relations
Qu'elle était potes avec un pote
A Tonton
Qu'elle avait dîné y a un mois
Chez Jack Lang
Que Guy Bedos avait r'pris quatr' fois
De la viande
6
J'ui ai dit qu' moi j' fréquentais plus
Les salons
Que j'avais connu Charles Hernu
En prison
Qu' j'avais bouffé une fois dans un
Ministère
Qu'objectivement c'était meilleur
Chez ma mère

R
Elle était socialiste
S' méfiait des écologistes
Détestait les communistes
Et les dentistes
7
J'ui ai dit: Ginette, faut plus m' parler
D' politique
On va finir par s'engueuler
C'est classique
Comment veux-tu que j' sois d'accord
Avec toi
J'ai d'jà du mal à être d'accord
Avec moi
8
Elle m'a dit: J' m'appelle pas Ginette
D' toutes façons
J' m'appelle Simone, si ça t' fait rien
J'ai dit: Bon
Pi faut qu' j' m'en aille, faut que j' retourne
Gare de Lyon
Avant qu'on m' vole ma mobylette
Ça s'rait con
 
 
1989 - Renaud - Socialiste par ptitcoeur312
9
C'est comme ça qu' ma socialiste
Qui avait si peur des voleurs
M'a largué en pleine manif
A cause d'un vélomoteur
Comment tu veux changer la vie
Si tu balises pour ton bien ?
On peut pas être à la fois
Un mouton et un mutin
R
On peut pas être à la fois
Et au four et au moulin
On peut pas être à la fois
Jean Dutour et Jean Moulin


 

T O N T O N

Bonhomme qui va austère
Au milieu des landes, des bruyères
Silhouette insolites
Bloc de granit
Tonton foule la terre
Lentement
Comme le temps

Le temps qui, pourtant, emporte
Les idées, les hommes et les amours mortes
Le temps qui lui reste
Dans la même veste
Avant de n'être plus
Qu'une statue
Un nom de rue


Il a son beau chapeau
Il a son long manteau
Il a son chien, le brave
Le gros qui bave
Il a le regard des sages
Il est la force tranquille, sereine
Il est comme un grand chêne
Il sait la futilité
De toute chose
La douceur et
La fragilité des roses

 

 
Tonton (ST) par dujreve

Bonhomme qui va austère
Au milieu des landes, des bruyères
Silhouette insolite
Bloc de granit
Tonton foule la terre
En sifflotant
Comme le vent

Le vent qui, pourtant, emporte
Son joli chapeau que le chien rapporte
Il est plein de bave
Ce n'est pas bien grave
Un chapeau ça se lave
Mais ça fait sale
Et tonton râle

Tonton est colère
Tout va de travers
L'Histoire, la gloire, tout foire
Parc'que ce soir
Le vieille homme a, c'est dur
Un caillou dans sa chaussure
Un vieux rhume qui dure
Et puis cette nuit, misère
Il a rêvé
Qu'un beau jour
La gauche revenait

Tonton s'en va
A petits pas ...

 

 

BALTIQUE       Baltique, le chien de Francois Mitterand  by Renaud
lls ont peut-être eu peur que je pisse
Sur le marbre du bénitier
Ou pire que je m´accroupisse
Devant l´autel immaculé
Peur que je ne lève la patte
Quelque part dans les allées
Où siège cette foule ingrate
Qui nous parle d´humanité
Ils ont considéré peut-être
Que c´est un amour pas très catholique
Que celui d´un chien pour son maître
Alors, ils m´ont privé de cantiques

Me voilà devant la chapelle
Sous cette pluie qui m´indiffère
Tenu en laisse par un fidèle
Allergique aux lieux de prières
Les gens parlent à côté de moi
Tu as de la chance toi au moins
La souffrance ne t´atteint pas
L´émotion c´est pour les humains
Et dire que ça se veut chrétien
Et ça ne comprend même pas
Que l´amour dans le cœur d´un chien
C´est le plus grand amour qu´il soit

Je pourrais vivre dans la rue
Etre bourré de coups de pieds
Manger beaucoup moins que mon dû
Dormir sur le pavé mouillé
En échange d´une caresse
De temps en temps d´un bout de pain
Je donne toute ma tendresse
Pour l´éternité ou plus loin
Prévenez-moi lorsque quelqu´un
Aimera un homme comme moi
Comme j´ai aimé cet humain
Que je pleure tout autant que toi
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens


 


 

Renaud