22 33 >>> Une critique que j'aurai pu écrire
Grand public ce jeudi 25 avril 2013 (merci le HLM)
Je t'aime....moi non plus !!!!
....et l’œil n'était pas encore dans la tombe, mais regardait Thierry !
Je crois que j'aurai dû continuer à lire la suite de cette première lettre ( même si j'ai du mal à accepter la jalousie évidente de Thierry par rapport à son frère) mais en plus j'ai voulu aller voir la lettre concernant Romane et là...... la totale !
Je ne sais pas quand je reprends la lecture !
Une critique que j'aurai pu écrire ...si j'avais enfin terminé la lex cture du livre '(SVPat)
Autobiographie épistolaire
Drôle de garçon que ce Thierry Séchan (né en 1949), frère aîné du chanteur Renaud Séchan, mais aussi son premier admirateur, son biographe, son ami, son défenseur, son ange gardien, etc. Bon nombre d’ouvrages qu’il a produits sont consacrés à l’artiste, le frère surdoué, dernier poète de la chanson française, le chanteur anarchiste Renaud.
Dans ce dernier opus, il a choisi le genre épistolaire pour aborder la vie de Renaud, au début de manière chronologique, puis en revenant sur des thèmes chers au chanteur : la chanson, l’amour, la solitude, l’alcool… Séchan tente de renouveler le genre «roman sur Renaud» en écrivant directement à son petit frère, alors que depuis quelques années, le chanteur traverse une période assez sombre, restant très discret et ne comptant pas vraiment revenir sur le devant de la scène.
Séchan l’aîné est connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche et ne pratiquer aucune espèce d’autocensure. Il est clair qu’avec ce livre, et au travers de la forme épistolaire, il règle ses comptes et dévoile au grand public la part sombre et peut-être secrète de son petit frère.
Leur histoire commune est à la fois banale et grandiose. La famille Séchan a toujours baigné dans l’écriture, la poésie et la chanson. Renaud était donc prédisposé. Thierry revient sur leur enfance parisienne, rue Paul Appel, leur scolarité au lycée Montaigne et leur inscription dans un groupuscule d’extrême gauche. Bien sûr mai 68 met le feu aux poudres et les deux jeunes loubards-bourgeois vont prendre des directions similaires. Revendication, engagement à gauche, poésie anar, musique populaire : leur destin est tracé.
Le lecteur est touché par quelques confidences mais très vite lassé par un déballage quelque peu impudique sur la vie privée du chanteur. En effet, si Séchan reste sobre durant la première moitié du livre, la seconde a tendance à être polémique. Romane Serada, la seconde femme du chanteur, est la cible de ses foudres et l’auteur, dans des redites assez curieuses, se perd dans des règlements de compte, l’autosatisfaction, se mettant en scène assez fréquemment et en citant tout du long certains passages de ses propres ouvrages. De la lettre au frère, on passe à l'autoportrait de l’auteur. Du coup, l’autocélébration, les règlements de compte familiaux et l’anecdotique prennent l’ascendant sur l’âme du chanteur d’autant plus que le style de l’auteur reste assez lourd (les notes de bas de pages sont confondantes tant l'humour y manque) et parfois très prosaïque. Sans oublier le problème éditorial que pose cette façon de salir des gens sur la place publique ou de révéler leur intimité dans une publication...
Les admirateurs du chanteur ne trouveront pas grand chose à se mettre sous la dent, même la sélection des paroles des chansons reproduites ici et commentées par le grand frère apportent peu car les commentaires qui les suivent restent extrêmement subjectifs. Renaud lui-même semble absent du livre tant Thierry Séchan est centré sur lui-même et sa perception du chanteur. Restent quelques anecdotes sur Brassens, Mitterrand et Bruel, qui touchent ou amusent ; mais cela ne suffit pas à donner un intérêt au livre.
Jean-Laurent Glémin