Article du journal "Le Soir" :
Renaud sans voix ni loi
Posté le 22 juillet 2007

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Renaud/SPA

 sans voix ni loi

 

                                        La place de l’hôtel de ville avait pris de belles couleurs avec Zoé puis Laurent Voulzy, même si ce dernier a planté son dernier quart d’heure “Rockcollection”. Renaud, devant une foule incroyablement compacte, jusqu’aux derniers rangs du carré VIP, a mis la touche finale à ce tableau. C’est pourtant avec 35 minutes de retard que le “chanteur énervant” s’est présenté sur scène.
Arrivé tardivement à Spa en famille, accompagné de son épouse Romane Serda et de leur fils Malone, Renaud ne s’est donc pas pressé pour entamer son concert. Une vilaine chute dans les escaliers à son hôtel aurait même hypothéqué un temps le concert. Avant qu’on ne le convainque d’assumer ses obligations.
                                        Point de courbatures apparentes, pourtant, à l’entame de son spectacle, qui débute sur un air de flûte de pan pour “Malone”, dédiée à son marmot qu’il décrit ensuite comme “surdoué”, déjà en âge (précoce) d’articuler un “Fuck You Sarko” ou de rappeler les 1975 jours de détention d’Ingrid Bétancourt. Renaud abat ses cartes: c’est le teigneux qui est en scène, teigneux qui poursuit son concert avec un “Marchand de cailloux” aux sonorités irlandaises, avant sa diatribe déjà ancienne sur le Paris-Dakar, “500 connards sur la ligne de départ”. Pas question pour le Renard d’en changer la moindre ligne; au contraire même: taper sur le clou. Etre le chanteur énervé plutôt que le Renaud de “Boucan d’enfer”, un Renaud avec “une patate d’enfer, en Belgique, vous dites une frite“, plaisante-t-il. Un Renaud à favoris et bandana, comme en ses plus jeunes heures.

                                        Qu’attendre d’autre de Renaud en 2007 sinon que cette présence de poil à gratter indolore? Une voix: il n’a pas fallu attendre les premiers mots de “Malone” pour savoir qu’elle n’est pas là, et qu’elle ne viendra pas du tout. La faute à la clope, et à des cordes vocales tapissées de goudron “depuis 40 ans.” Et d’y aller de sa rengaine “Arrêter la clope”. Comme si, au bout du compte, chacun des morceaux venait illustrer le propos tenu l’instant d’avant par le “chétron sauvage”. Pas la voix, donc, mais cette complicité forgée au fil des ans avec son public, et qui repose aussi sur des chansons qui défient le temps, des classiques comme “En cloque”, “Morgane de toi” - où une seconde voix vient pallier le souffle court de RS. Qu’importe que Renaud soit devenu le moins bon chanteur de ses morceaux, ça assure derrière lui, avec le fidèle JP Buccolo. Et les chansons existent absolument par elles-mêmes, plongeant l’auditoire dans sa mémoire radiophonique. Les nouveaux morceaux comme les anciens, parmi lesquels “Baby-Sitting Blues”, de nouveau d’actualité”, “Etre né sous le signe de l’Hexagone” ou “Dès que le vent soufflera”, avec lesquels le concert touche doucement à sa fin. Sous la pluie. Mais il n’y a que quelques vilains esprits pour avoir invoqué un lien de cause à effet.

 

Renaud