Plusieurs personnalités, dont Renaud, défendent Pascal Sevran
du jeudi 11 janvier 2007
Nous souhaitons apporter notre
témoignage sur notre ami comme l'ont fait avant nous Bertrand
Delanoë ou Jack Lang.
Pascal Sevran, incident clos
:
By : Christian Authier, Philippe Besson, Christine Clerc, Benoît
Duteurtre, France Gall, Christophe Girard, Roger Hanin, Frédéric
Mitterrand, Renaud, Thierry
Séchan et Denis Tillinac.
Les propos contestés de Pascal
Sevran au sujet des populations noires ont suscité émotion et
réprobation. Cette émotion et cette réprobation étaient, à
l'évidence, compréhensibles. (A cet égard, regrettons que ses
écrits aient été déformés et reconnaissons également que sa
parole était sommaire).
Pascal Sevran a rapidement présenté des
excuses sans ambiguïté, expliqué combien la réalité de la famine lui
était insupportable et regretté que l'Afrique ne soit pas mieux
soutenue, notamment par les pays riches, dans sa lutte contre les
maladies et la mortalité infantile. Il a, par ailleurs, entrepris de
se rapprocher des associations qui avaient condamné ses propos. Il a
ainsi rencontré le président de SOS Racisme qui l'a trouvé
«atterré et digne». A l'issue de leur entretien, Dominique
Sopo a proposé à l'animateur de France 2, qui en a accepté le
principe, d'effectuer un reportage en Afrique afin d'apporter un
éclairage sur la situation de ce continent trop souvent supplicié.
On peut donc aujourd'hui considérer que ce regrettable incident est
clos.
Les esprits étant désormais apaisés,
nous souhaitons simplement apporter notre témoignage sur Pascal
Sevran, notre ami, comme l'ont fait avant nous Bertrand Delanoë ou
Jack Lang. On peut certes adresser à Pascal Sevran des reproches (et
parfois certains d'entre nous ne s'en privent pas) : pointer par
exemple ses emportements, ses postures quelque peu conservatrices,
son affection immodérée pour les chansons et les accordéons, ou sa
franchise coupante.
En retour, on doit lui reconnaître les
qualités qui viennent en miroir de ces reproches (nous ne sommes pas
non plus économes de nos compliments) : ses convictions profondes,
son souci de défendre le mérite républicain et de souhaiter la fin
des désordres, son acharnement sans faiblesse à mettre en valeur le
patrimoine français, ses fidélités inexpugnables et sans calcul, sa
sincérité. Comme chez tout homme, ses qualités sont aussi ses
défauts. Et les paradoxes apparents ne constituent pas des
contradictions mais dessinent le parcours d'une vie.
Il est toutefois un sujet sur lequel
nous ne l'avons jamais trouvé ambivalent, jamais : c'est celui du
racisme. Tout, dans sa nature et dans sa culture, le rend étranger
au racisme. Lui, le fils d'une immigrée espagnole, a appris d'emblée
la différence qui tient à la nationalité et grandi dans le respect
de l'altérité. Lui, l'homosexuel, a éprouvé très jeune la violence
invisible provoquée par la dissemblance et mené le combat contre l'
homophobie quand tant d'autres se taisaient. Lui, le secrétaire
d'Emmanuel Berl, a fait ses humanités auprès d'un des grands
penseurs du XXe siècle. Lui, le proche de François Mitterrand, a
partagé les combats contre les discriminations. Lui, l'homme de
scène et de télévision, a traversé les tourbillons et les rencontres
avec le public où toutes les couleurs, toutes les races, toutes les
religions se mélangent, sans distinction. Lui, l'écrivain respecté,
acteur et spectateur de son temps, a tenté de dire l'horreur que lui
inspirent les blessures infligées à ceux qui ne peuvent
se défendre. Il nous paraît donc injuste de chercher à lui coller
l'étiquette infamante de raciste. A coup sûr, il ne la mérite pas.
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