Renaud, poète à fleur de peau
PARRAIN. Renaud est venu soutenir le 15 nov 07 au soir au Zénith de Rouen les jeunes
talents de France Bleu. Un moment « touchant et flatteur » pour le chanteur qui
livre ses émotions et révoltes du moment.
Extrême paranoïa, c'est le slogan affiché par Renaud sur son tee-shirt. Santiags
et bras de plus en plus- tatoués, le chanteur à fleur de peau a recommencé à
fumer. A quelques minutes d'entrer sur la scène du Zénith à Rouen, il dit en
coulisses son plaisir de venir soutenir les jeunes talents de France Bleu. Pour
son copain Bruel, il affronte même ce trac qui le saisit à chaque fois qu'il
chante en duo.
Renaud le doux, sans cesse titillé par Renard, son double désespéré et
désespérant. Parano ? Petit sourire. «C'est une de mes caractéristiques, j'ai
souvent l'impression que la terre entière m'en veut. Quand je vois une mêlée de
rugby, j'ai l'impression qu'ils disent du mal de moi...»
La mêlée n'est pas sportive pour Renaud. Il préfère se frotter aux dures
réalités qui le révoltent toujours. Avec les mots de ses chansons engagées, et
en soutenant encore et malgré tout «ma famille de gauche, pour dire ma colère
contre les tests ADN, je réponds présent. Même si le PS va à vau-l'eau, que
l'extrême gauche est divisée...» Fidèle, l'ex mitterrandolâtre ne regrette
vraiment pas «d'avoir soutenu les Verts et Ségolène Royal, car la politique
actuelle est dégueulasse. Sarkozy élu applique la politique de Le Pen dans les
habits du Républicain.»
Fondation pour les enfants
D'autres causes saisissent ce grand cœur, sublime poète à ses heures, quand la
rage le quitte. Renaud est en train de créer la fondation Malone, prénom de son
fils de seize mois, pour « aider les enfants qui souffrent à travers le monde» ,
de Manhattan à Kaboul... Le poulbot poilant a vieilli, mais reste gravée à
jamais la suave mélancolie de ses «Mistral gagnant» comme la bouleversante valse
lente de « Mort les enfants », «une de mes cinq chansons préférées ,dont la
musique est signée de Franck Langolff.»
A 55 piges, Renaud voue toujours aux gémonies la barbarie universelle. Celle qui
a englouti Ingrid Betancourt dans la jungle colombienne, pour laquelle il
organise à nouveau ce dimanche et au pied levé, avec la complicité de ses amis
artistes, un grand concert gratuit au Zénith de Paris, comme il l'avait fait à
Rouen.
Après une grande tournée cet été, son album « live » sera dans les bacs ce
lundi, suivi de près par un DVD. Dans sa collection de vieux vinyles, Renaud
possède des petites merveilles de la musique irlandaise. En 2008, il aimerait
bien, comme il l'avait fait avec Brassens ou les chansons chtimis, adapter de
nouveaux airs traditionnels. De ces ballades où les orangers font rempart aux
grenades.
Véronique Baud pour Paris Normandie (Édition du 16.11.2007)