Plaidoyer pour ... l'apéro !!!
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D'ordinaire, ce sont les chauffards de la route qui comparaissent devant le Tribunal. Pour conduite en état d'ivresse. Parce que l'alcool, avec son complice le plus zélé, la vitesse, est le plus souvent montré du doigt.
Mais en ce jour, c'est un procès singulier qui s'ouvre devant la 11e Chambre Correctionnelle de Marseille.
Au banc des accusés: l'apéro, ennemi juré du couple, du travail bien fait, de la ponctualité et de l'eau minérale....
Le bâtonnier Maah...., avocat spécialiste de l'assurance et de la victimologie, a
cependant décidé de plaider pour lui.
A Marseille, l'usage de l'apéro est mis en accusation devant le tribunal, présidé par le bien nommé Salomon.
L'acte
d'accusation est sans concession:
-Les Hommes désertent leur domicile et abandonnent leur famille à l'heure du
délit.
-Même les femmes le pratiquent parfois., même si c'est avec la plus de
discrétion.
-L'apéro décale l'heure des repas des enfants;
-Il fait traverser la rue à des arbres inconscients.
-Il assomme lorsque l' on en abuse, il peut devenir meurtrier.
-Tous sont "chargés", lorsque le patron dit enfin:" C'est la mienne!"
C'est pourquoi je prends aujourd'hui la défense de l'apéro à Marseille ou "apérologie".( C'était bien des années avant l'avènement du TGV Méditerranée.)
Le huitième
jour, Dieu descendit sur le Vieux-Port, qui était l'un des rares lieux de la
planète qu'il n'avait pas construit lui-même. Vingt-six siècles auparavant, les
Héllènes avaient déjà attaqué à l' ouzo, le pastis grec.
"Il devait faire quelque chose pour Marseille, pour qu'hommes et femmes aient du
plaisir. Il fallait qu'il crée un concept, un espace de partage du temps et des
idées, des mensonges vrais, des " parles verbales", pour le plus grand bien de
l'Humanité. Mais comment faire ?
Avec de la glaise, de la terre, de la pierre et des arbres, il avait fabriqué la
planète. Une fois encore, il fallait inventer.
Il créa successivement "les verres à momie", " la piste de 421", " les soucoupes à kémia"(l'apéro pied-noir), "les comptoirs de zinc", " les cuillères à absinthe", "les bouteilles d' eau de Seltz", " les ancêtres de Paul Ricard ,de Casanis et des 51...".
Quelques
regrets furent tout de suite exprimés. Ils sont toujours repris aujourd'hui par
le Parquet et les apôtres de la sécheresse des gosiers.
Monsieur le
Procureur, à Marseille, il n'y a pas de philosophie, pas de politique, pas de
vie, sans l'apéro. Vous confondez la vie sociale et la vie de famille. Vous
faites un amalgame osé entre la philosophie de comptoir et la mise en danger
d'autrui. Vous tirez d'une erreur passagère une conclusion hâtive et définitive
sur un usage local incontournable que la France entière nous envie. Vous ignorez
qu'à Marseille, l'heure de l'apéro est ...bénie des Dieux ! Ouvrez les yeux. Une
terrasse sur le Vieux-Port ou bien à l'ombre des platanes du quartier de
Mazargues, " C'est le Paradis !"
"Mesdames et Messieurs du Tribunal, de grâce, ne cédez pas à la tentation que
vous suggère avec force l'accusation. L'apéro ne peut pas à être coupable d'une
erreur individuelle.
Si j'osais, en fin d'audience bien sûr, je vous dirais :
"C'est la mienne ! Qu'est-ce que vous prenez ? " .
Avec
modération et sans voiture !"
Plaidoirie à jeun
recueillie par SVPat qui la tient de Denis T....