AXELLE RED  et  RENAUD

 

AXELLE RED et RENAUD à Annecy ( jeudi 12 décembre au Hall des expositions.) 

 Rencontre avec celle qui en parle le mieux, sa complice de "Manhattan-Kaboul", Axelle Red, qui vient de sortir un très joli album? 

Axelle Red:Comment s'est passée la rencontre avec Renaud ?  

En fait, on se connaissait un peu avant. Notre première entrevue a eu lieu lors des Victoires de la Musique, à l'époque de "Sensualité". Je l'ai croisé dans les couloirs et il m'a lancé qu'il avait voté pour moi. Quand je lui ai dit que je n'étais même pas nominée, il m'a tranquillement répondu "Oh, ce n'est pas grave!"? Ensuite on s'est retrouvé sur les Restos du C?ur. C'était drôle parce qu'on n'avait que des minuscules bouts de chansons à interpréter, et qu'on attendait ensemble, pendant des heures, que ce soit notre tour.

"Manhattan-Kaboul" est l'un des plus grands hits de cette année, comme expliquer ce succès ?  

Je crois que les gens se sont reconnus dans cette chanson parce que les mots étaient justes et honnêtes. Avec son passé soixante-huitard, tout le monde a bien compris que Renaud ne cherchait pas à profiter d'un événement aussi tragique que le 11 septembre pour faire un succès. C'est l'un des plus grands auteurs français et une personne extraordinaire. On se ressemble. La même fragilité peut-être?" 

Dans votre nouvel album "Face A/Face B" on retrouve le thème du 11 septembre, mais aussi celui des mines antipersonnel. Un morceau est même dédié au jeune Carlo Guiliani, mort de la manif de Gênes?

 Je ne suis pas une anti-mondialisation, mais je sympathise avec leurs idées. Qui sait, un jour peut-être je descendrai aussi dans la rue. En fit, je n'ai que très peu de respect pour les grandes Nations et leurs dirigeants qui oublient qu'ils sont avant tout au service du peuple".

Dans "Voilà tout ce qu'on peut faire", vous leur donnez même des leçons. Un peu utopique ?"  

Je sais bien que je ne vais pas changer le monde avec mes chansons. Mais si je peux faire passer un petit truc, en même temps que je fais danser les gens, c'est bien, non ?

Dans "Je me fâche", vous exprimez aussi la difficulté d'être en même temps une mère, une artiste et une femme. 

"Parce que c'est pas facile d'être une femme dans notre société, surtout après l'arrivée d'un enfant. Moi, après Janelle, j'ai cru que je ne pourrais plus jamais composer, à cause de tout ce bouleversement hormonal. J'ai eu très peur, mais c'est revenu. J'avais juste besoin de temps. Les gens ne comprennent pas ça. Ils ne comprennent pas non plus que l'on peut être mère et rester ambitieuse. Ils nous jugent aussi beaucoup en fonction de notre physique. Enfin faut pas trop que je montre que je suis trop féministe. Ma mère m'a prévenu : "Si tu continues comme ça, les hommes n'iront plus acheter tes disques !"

 Propos recueillis par Ève Moulinier  

Renaud