Par
Sébastien Gabriel *
Est sorti d’son Econoline
Qu’y avait parké comme un tas
de’marde
Devant mon bar
J’ai dit à Steeve : « Lâche
la machine
R’gard’-moi ça m’gars,
cherck-z’y ’a face
Cherck-z’y l’allure
Criss qu’y a l’air cave
Le poncho, la barbiche
Les dreads tout croches comme Bob
Marley
Les babouches à Gandhi
Un signe de peace, un clou dans
l’nez
Moé, j’te gage tout c’que tu
veux,
Qu’y va nous quêter du cash
Pour descendre au Guatemala
Fumer son hasch.
Ben avant qu’y aille ouvert sa
trappe
J’y ai calicé deux paires de
claques
Pis j’ai dit :
Hé toé, tu m’énarves
J’pense ben qu’ t’as rien à
faire chez nous,
Crisse ton camp, t’es pas dans ma
gang
Enwoye d’écrisse
Pis prends ton trou.
Une pitoune talons hauts
La face orange, chormée full raide
S’est ramassée au cinq à sept
Dans ma taverne
J’ai dit à Steeve : Lâche
la machine
M’as-tu vu l’espèce de guidoune
Check-z’y ‘es jos
Pis les foufounes
Le toupet crêpé
La gomme-balloune, jeans délavés
Du parfum à cinquante cennes
Sacoche à franges, gilet bedaine
A’s’pense ben belle, a’
s’pense ben faite
Hey fille, on est pas au Dag’
Moé, j’aime pas trop les Ginette
Ni les agaces
Avant qu’alle aille bu son zombie
J’y ai un peu serré ‘es ouies
Pis j’ai dit :
Hé toé, tu m’énarves
J’pense ben qu’ t’as rien à
faire chez nous,
Crisse ton camp, t’es pas dans ma
gang
Enwye d’écrisse
Pis prends ton trou.
Un grand baveux à pinch
Bottes de moto, coat en prélart
A commencé à jouer au tough
Dedans mon bar
J’ai dit à Steeve qui avait tilté
Hostie j’ai peur ça c’t’un
motard
Y a l’air narfé
Sors ton crowbar
Avec ses barniks noires
J’vois pas ses yeux pis ça m’fait
chier
Hey j’pense ben qu’y me r’garde
Faut qu’y arrête ça, m’as l’déwrencher
C’est quoi c’t’hostie d’bolac-là
Qui vient montrer ses gros bras
Faut qu’y s’en r’tourne chez les
Hell’s
Voir si chus là
Avant qu’y aille caller sa grosse
Mol’
J’l’ai accoté su’ l’mur des
bolles
Pis j’ai dit :
Hé toé, tu m’énarves
J’pense ben qu’ t’as rien à
faire chez nous,
Crisse ton camp, t’es pas dans ma
gang
Enwoye d’écrisse
Pis prends ton trou.
Après ça y a eu un punk
Un vrai, une lette, avec un rat
Pis un Gino dash en menou
Genre d’sour’ de bras
Quand Stevve a scrappé ‘a machine
On avait pas une crisse de cenne
J’ai réfléchi
J’ai dit : Bonyenne !
J’bâti s’un frame de chat
J’ai pas
d’mussels, j’pas ben ben gras
Pis demain un ben plus tough
Que moé va p’t’êt’ me faire
mes bottes
Si c’gars-là m’arrache la tête
Me r’fait les dents à coup
d’barre
Si la Mort me paye la bière
Pour mon last call
Avant qu’a’ m’envoye en enfer
Faire tchin-tchin avec Lucifer
J’y dirai :
Hé toé, tu m’énarves
J’pense ben qu’ t’as rien à
faire chez nous,
Crisse ton camp, t’es pas dans ma
gang
Enwoye d’écrisse
Pis prends ton trou.
Sébastien Gabriel ( Genève 30 avril
1999)
Extrait du site de Sébastien:
L'auteur compositeur et interprète Sébastien-Gabriel
Couture a commencé sa carrière en interprétant le répertoire de Renaud
à Québec en 1991, et il a fait son chemin jusqu'en Europe où il mène une
carrière intéressante, notamment en Suisse où il est établi à l'heure
actuelle. Sébastien Gabriel écrit ses chansons. Il
crée lui-même paroles et musiques, si l'on exclut quelques textes qui lui ont
été confiés par des amis. Ses professeurs sont tous les génies des mots et
des mélodies qui ont sacrifié à la chanson francophone: les Brassens, Brel,
Leclerc, pour ne nommer que ceux-là.
Sébastien Gabriel est un amoureux du verbe beau, des textes qui ont de la
substance, et il oeuvre dans cette voie de toute son âme. Foin des paroles
vides de sens!
Qu'on nous donne des mots dans lesquels on
peut mordre et qui nous remuent la tripaille! C'est ce qu'il s'efforce de
réaliser.
- Renaud