J'ai vu Renaud et j'suis patraque
J'ai vu Renaud, enfin j'ai croisé son regard. Pas capable de dire un mot, j’lui ai tendu un papelard, écrit plus pour moi que pour lui. Dans mes rêves, depuis toujours j'lui parle, y m’raconte des histoires, y m'écoute, y m’trouve classe. Dans mes rêves, il a pas d’visage, j’parle juste à ses chansons.
Renaud a toujours eu une place d’honneur dans mon univers parallèle, là ou j’ai mis Boby, Gainsbourg, Daniel Belanger, Brassens, Cabrel, Thomas Fersen, Miossec, Mano Solo et quelques autres.
Quand j’lai vu l’autre soir, il a lu
mes mots qu’arrivaient pas à dire ce qui m’amenait dans son bistrot.
J’venais d’acheter son boucan d’enfer, j’étais encore dans ses
chansons, j’me doutais pas que j’le verrai, comme ça vivant, bien réel.
J’suis restée là, à coté d’lui, a le maté de coté, vivre sa vie. P’tete bien que j’l’ai fait chier, p’tete bien que j’aurai du me casser. Lui c’est barré, mais moi j’ai pas pu bougé. J’suis restée la 5 heures, seule, en état de choc, inanimée. J’voulais pas quitter ce monde si étrange, si loin de ma réalité.
J’essaye de remettre Renaud à coté des autres, mais il est rebelle et reste là planté devant mes yeux, à la place de l’écran.
Pour moi Renaud c’est un grand Monsieur.
Mon esprit, mon coté bohème, est nourri par lui et par tout ceux qui savent
manier les mots.
Pis c’est tout
Émail à l'idole |
Bonjour Renaud
J’ai croisé ton regard, l’autre jour, dans ce
bistrot.
Maintenant j’suis patraque.
Doucement mais sûrement, je regarde en arrière.
Ca fait vingt-cinq ans que je vis pleinement, pas trop de remords, de regrets.
Jamais j’ai fait de conneries, toujours été dans les normes.
J’ai été à l’école, j’ai eu mon bac à l’heure.
J’ai continué, cinq ans dans les télécoms.
Pas par vocation, c’est toujours mieux d’être ingénieur que chômeur.
J’ai jamais fumé, même pas un tarpé.
J’aime l'eau, le soleil, la vie, ma famille, mes potes.
Mais pourquoi maintenant je trouve que y a quelque chose qui cloche.
Je reviens tout juste des US, pays sans poésie ou
presque.
J’ai vécu trois ans à Los Angeles, les pieds dans l’sable, ça délasse.
Start up, site web, stock option, pognon; j’ai connu tous ces trucs bidons.
Je suis maintenant à Heidelberg.
J'vis avec mon homme, on essaye de faire un bébé.
Ca marche pas.
J’ai la glande Tyrolienne qui cloche, parait que c’est ça qui m’empêche
d’être en cloque.
Actuellement je passe mes journées à parler à un PC,
Je crache des lignes de codes, j'vois le monde à travers un écran.
C'est pas passionnant.
J’voudrais écrire des bouquins, ou m’occuper de gamins.
Instit ou écrivain, ça serai drôlement bien.
Mais ça semble vachement dur de faire des virages dans la vie.
J’voudrais aider des pauvres, secourir des martyrisés,
sauver des malades,
Donner à bouffer à des gens qui crèvent la dalle.
Seulement, tout ça c’est des mots, ça reste dans ma tête.
Je me suis jamais bougée le cul pour les autres.
Bien sûr j’pourrais balancer de l’argent à des assocs.
J’aurais l’esprit tranquille, le portefeuille léger.
Mais j’ai peur de me faire avoir par des profiteurs, des entubeurs de
donneurs.
Renaud, t’as toujours eu une place d’honneur dans
mon univers imaginaire;
Là ou y a Boby, Gainsbourg, Brassens et puis des vivants aussi; Bélanger,
Cabrel, Thomas Fersen, Miossec, Mano Solo et quelques autres.
Faut maintenant que j’t’oublie, toi, le Renaud réel
pour ne garder que tes chansons.
Cette rencontre m’a montré à quel point j’étais ordinaire,
Mais j’veux être quelqu’un de quelconque heureux.
Ca en fera au moins un sur terre.
Je t’embrasse virtuellement
La Closerie des Lilas |
A vous tous de la Closerie des Lilas
Je veux vous remercier pour avoir su préserver
un lieu unique, magique.
J'suis rentrée chez vous un soir, pour voir comment était le bistrot du bon
Dieu de mon univers.
J'voulais juste boire un verre, j'voulais pas traîner, j'avais pleins de trucs à faire.
Le mec que je vénère était là, pépère. Vous
m'avez collée lui et je m'suis emballée.
J'suis restée là stupide, sans même le regarder, complètement paniquée.
Quand il est parti, vous m'avez recueilli. L'un
de vous lui a couru après,
et puis m'a rapporté quelques mots signés.
J'étais pas venue pour ça mais c'est maintenant tout ce que j'ai là.
Je suis restée tard, sonnée, drôlement étonnée
d'être là au milieu de tous ces gens,
parlants, charmants, charmeurs. J'pouvais pas m'arracher.
J'suis sûrement pas la seule à venir comme ça, polluer la Closerie des Lilas, surtout ne nous jetez pas.
Dans ma vraie vie, je rentre tout juste des US,
pays sans poésie ou presque.
J'vis a Heidelberg et je crache des lignes de code.
J'passe mes journées à parler a un PC.
J'vis avec mon homme, on essaye de faire un bébé.
Si jamais le petit bonhomme se décide à venir, je les emmènerai, lui et son
papa à la Closerie des Lilas.
Il faudra toujours des endroits pour s'échapper.
S'il vous plait continuez
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