22 ans …

... le 10/7/22

Vingt-deux ans ce 10 juillet que je me retrouvais perfusé pour commencer mon sevrage alcoolique et ma cure de 2 mois. Pourquoi y penser maintenant ? Serait-ce le « Flash » tant redouté ? Non, heureusement de ce côté, je crois que j’ai passé ce cap  et que je suis guéri, non pas de la maladie dont on ne guérit pas et qu’on garde à vie, mais de toutes ces « alertes » des premiers temps.

Mais d’un coup je me demandais, ce que sont mes amis de misère devenus ? Et je revois leurs têtes, leur expressions, entends leurs récriminations aussi clairement qu’il y a 22 ans.

 L’ex-légionnaire qui nous a quitté au bout d’un mois car il craignait de ne plus pouvoir honorer sa gonzesse dont il était amoureux fou : on nous met du bromure dans les aliments affirmez-t-il ! Vous pouvez dire Non, je sais que vous mentez ! Je me casse !!!

 Et le futur trader, toujours branché sur son ordi à consulter la Bourse et espérant le « bon coup de bourse » qui le mettrait à l’abri?

  Qu’est devenu Mamadou, cette mère de famille qui voulait s’en sortir pour bien élever ses enfants et pour qu’ils n’aient pas honte à l’école de leur maman ? Elle s’accrochait tous les jours à cette idée

  Notre ami algérien  Amed, ça ne s'invente pas, qui nous initiât à l’harriza que sa compagne lui amené,  qu'on utilisait en remplacement de la moutarde, interdite sur les tables, car contenant de l’alcool qui nous était interdite au repas. Depuis, chaque fois que j’assaisonne mon plat de coucous, il me revient son visage et sa petite moustache. Pas  barbu  disait-il, mon Islam je le vis pour moi !

Et Robert, le doux poète qui avait fait une petite ode à chacun, chacune d’entre nous et même aux infirmières de la structure.

Et notre couple d’amoureux à nous, qui s’est formé malgré les interdits, durant nos deux mois d’hospitalisation, aura-t-il tenu après la sortie ou ontils rechutés ensembles ?

Et l'Ancêtre, 70 ans à l'époque, qui voulait bien se soigner à la demande de sa belle-fimme (La Garce qu'il l'appelait!) qui le menaçait de ne plus lui permettre de voir ses petits enfants s'il n'arrêtait pas de se saouler. Elle qui, vers la fin de la cure, etait venue  un samedi, jour des visites, flanquée  de deux jeunes adolescents, les petits-fils de l'Ancêtre.

Ou encore Casque à pointe, un quadra originaire d'Alsace , avec un accent pas possible, qui se passionnait pour la période 39/45 et la Seconde guerre mondiale !

Plus de nouvelles de tous ceux-là, et d’autres dont les contours me sont beaucoup trop flous, depuis l’interdit idiot de nos rencontres post cure des mardis qui nous a finalement séparé.

Le mardi est resté gravé puisque c’est un mardi, en descendant d’Aix et de cette réunion, que j’ai appris en voiture les attentats du 11 septembre.

Et puis, comment oublier le rôle essentiel et combien utile du forum Atoute où j’ai passé les premiers mois, voire années, de mon abstinence, dans lequel j’ai trouvé les conseils, les réconforts dont on a tant besoin à la sortie du « cocon » qui nous entoure durant le séjour en cure.

Alors, parce je veux rien oublier de mon passé, parce je vis au présent le fameux « c’est possible de s’en sorti», je vous offre (1) ces quelques lignes et les dédicace à celles et ceux qui doutent.

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(1) Je comptais poster ceci sur le forum Atoute/Alcool, pour témoigner. Mais en cherchant à me brancher sur leur site, je suis redirigé sur cette triste annonce.

 Dommage et tristesse Docteur Dominique Dupagne !