Elle préconisait un avertissement pour femmes enceintes sur les bouteilles

  Un sénateur  déclare: «J'ai été victime du lobby viticole»


Le 15 janvier2004, le sénateur A-M Payet a déposé un amendement obligeant les fabricants de vin et d'alcool à inscrire sur leurs bouteilles un message sanitaire à destination des femmes enceintes. Adopté dans un premier temps, (... les sénateurs ont adopté un amendement de A-Me Payet (UDF) préconisant aux femmes enceintes de ne pas boire d'alcool. Cet avertissement devra figurer sur les bouteilles d'alcool....) ,

il a finalement été rejeté quatre jours plus tard.(..  Devant l'Assemblée, Jean-François Mattei (Santé) avait expliqué que les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé proposaient d'évoquer "la consommation faible" et non plus seulement "l'abus"....)

Explications du sénateur  de la Réunion.

Pourquoi avoir présenté un amendement sur les risques de l'absorption d'alcool au cours de la grossesse ?
A-M PAYET. – Le syndrome d'alcoolisation foetale (SAS) a des conséquences gravissimes : malformations cardiaques et faciales, retards de croissance et des acquisitions, troubles du langage et de la mémoire, entre autres. Plus tard, les enfants touchés connaîtront l'échec scolaire. À l'âge adulte, les études décrivent aussi des troubles psychiatriques et un risque accru de dépendance à l'alcool. Le SAS  frappe chaque année 6 000 nouveau-nés français. Un tiers de ces enfants, qui sont les plus gravement atteints, coûteront chacun environ un million d'euros à l'État.

Lors d'une visite dans un centre pour enfants handicapés de la Réunion, j'ai vu les séquelles dramatiques de l'absorption d'alcool durant la grossesse. Et j'ai été choquée. Il n'est cependant pas question de jeter la pierre aux mères car le problème réside dans le véritable déficit d'information qui touche toutes les femmes, y compris les plus diplômées. Les études scientifiques ont montré qu'une consommation même modérée peut causer des dégâts irréversibles. Les médecins disent aujourd'hui qu'il n'y a pas de consommation d'alcool sans risque pour le foetus. Pourtant, un document actuellement distribué en pharmacie n'évoque le danger qu'au-delà «d'un verre de vin ou d'une canette de bière par repas» ! Je voulais mettre fin à ce scandale et faire avancer la sensibilisation des femmes.


Qu'avez-vous proposé ?
Un article 17 au projet de loi de santé publique, obligeant les fabricants d'alcool – vin inclus – à inscrire un message sanitaire à destination des femmes enceintes sur chaque bouteille, pour les prévenir du danger. L'amendement avait été adopté contre l'avis du Ministre de la Santé....  Quatre jours plus tard, les sénateurs ont changé d'avis en adoptant une proposition contraire, déposée par le gouvernement. Ma proposition a été abandonnée.


Pourquoi ce retournement de situation ?
L'amendement a simplement été victime du lobby des fabricants d'alcool. Les sénateurs issus de départements viticoles ont été très sollicités. «Le texte a provoqué un grand émoi dans les régions viticoles qui subissent une baisse constante et importante de la consommation du vin», a par exemple expliqué un sénateur jeudi, au moment de l'examen de la seconde délibération.

 A l'instar de Roland Courteau (PS, Aude), plusieurs sénateurs ont défendu ainsi les bienfaits d'une consommation modérée de vin. "L'alcoolisme dépend de nombreux facteurs et appelle une prévention ciblée. Ne stigmatisons pas les consommations faibles", a-t-il lancé. Dans le même sens, Jean-Louis Lorrain (UMP, Haut-Rhin) a assuré qu'il ne s'agissait "pas de défendre le lobby du vin".


 Affligeant ! Une foi de plus, la Loi du Fric l'emporte sur la santé de nos futures générations ! ( SVPat)

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