34 % des élèves de 3e
ont déjà été ivres
L'immense majorité des élèves de 3e a bu
au moins une fois et plus d'un tiers a déjà fait l'expérience de
l'ivresse : bien avant la cigarette et les joints, l'alcool est la «
drogue » la plus répandue chez les pré-adolescents.
L'alcool représente « une substance
inquiétante » car elle est « largement banalisée à un âge précoce »,
souligne l'expert Mickael Naassila, professeur à l'Université
d'Amiens et directeur du groupe de recherche sur l'alcool et les
pharmacodépendances (Grap) de l'Inserm.
Les données préliminaires d'une vaste enquête conduite auprès de
collégiens français viennent confirmer « la précocité et la
prédominance de l'alcool » chez les plus jeunes en comparaison
d'autres « produits psychoactifs ».
Dans cette enquête réalisée en 2010 auprès de 11 638 élèves français
âgés de 11 à 15 ans, 34 % des élèves de 3e déclarent avoir fait
l'expérience au moins une fois de l'ivresse. En 4e, ils sont 17,2 %
et en 6e, 6,8 %, selon cette enquête dont les résultats
préliminaires ont été publiés cette semaine.
Ces chiffres sont relativement stables, voire en légère baisse par
rapport à une précédente étude du même genre réalisée en 2006, a
souligné l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT)
lors de la présentation des chiffres.
59 % des 6e ont déjà bu de l'alcool
Mais le nombre de collégiens qui disent avoir fait l'expérience au
moins une fois de l'alcool reste particulièrement élevé même pour
les classes les plus jeunes, a souligné l'OFDT lors du colloque «
Drogues, alcool, tabac chez les 11-14 ans : en savoir plus pour
mieux prévenir » organisé par la Mission interministérielle de lutte
contre la drogue et la toxicomanie (Mildt).
À partir de la 6e, six élèves sur dix (59,3 %) déclarent avoir bu au
moins une fois, en 3e, ils sont plus de huit sur dix (83,2 %) dans
ce cas.
« Une donnée importante sur l'alcool c'est la banalisation et
l'acceptation sociale » dont bénéficie ce produit, souligne le Pr
Naassila qui affirme voir une intensification des phénomènes de «
binge drinking » qui consiste à consommer beaucoup d'alcool en peu
de temps.
L'enquête régulière « ESCAPAD » (Enquête sur la santé et les
consommations) réalisée par l'OFDT sur les jeunes de 17 ans relevait
en effet une augmentation des « ivresses répétées et régulières » :
10,5 % déclaraient plus de 10 ivresses par an en 2011 contre 8,6 %
en 2008.
Source L'Union/L'Ardennais du samedi 7 avril 2012
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«
Ivresses répétées et
régulières
« De nouvelles données nous indiquent que ces intoxications massives
et ponctuelles ont des effets assez nocifs chez les jeunes à un
moment où le cerveau n'a pas fini son développement », souligne le
Pr Naassila.
Les adeptes du binge drinking montreraient des « déficits » en terme
de « mémorisation spatiale, de mémoire de travail, de stockage
d'informations » par rapport à ceux qui consomme également de
l'alcool mais de manière « plus espacée dans le temps » selon ce
chercheur.
Il est en outre désormais assez solidement établi que plus on
commence tôt à consommer de l'alcool, plus on a de chance de
développer ensuite une dépendance à l'alcool, souligne le psychiatre
Yann Le Strat.
« L'âge du début de la première consommation est un facteur
prédictif d'une dépendance ultérieure et un marqueur de l'intensité
de cette dépendance » explique ce psychiatre de l'hôpital
Louis-Mourier en région parisienne.
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