Ces témoignages qui nous permettent de comprendre et se comprendre ...
Notre amie est toujours là pour avoir les mots justes, la phrase qui fait " tilt" et qui " accroche"!Je n'ai pu résister à l'envie de vous les faire partager ! Merci Mady
Nous sommes là !
A une certaine époque, je me disais chaque soir : demain, il faut que je
m'arrête.
Il m'arrivait même souvent de finir toutes les bouteilles en me disant : comme
cela demain matin tu pourras commencer ta journée sans alcool. Je ne sais si
j'étais vraiment convaincue au moment où je me faisais ces promesses.
Le lendemain et tous les autres lendemains, venait le moment où je ne tenais
plus et ou rien ni personne n'aurait pu m'empêcher d'aller chercher de l'alcool
sans savoir expliquer ce qui me poussait à agir ainsi. Il fallait que j'en ai !
Parfois, il suffisait même que j'ai juste fait l'achat de ma provision pour
la journée (il arrivait que je prévois trop juste) et je me sentais mieux déjà.
J'avais la possession de ce breuvage dont j'avais besoin qu'il coule dans ma
bouche puis dans mes veines et déjà je me sentais rassurée et plus en manque.
Combien de mois, combien d'années se sont ainsi écoulées ? Je serais bien
incapable de le dire.Parfois ce n'est pas au lendemain que je remettais mais à
la fin de la semaine pour x ou y raison, ou mieux encore à la nouvelle année.
Un jour, un samedi, j'ai touché le fond. Je n'étais pas plus ivre que les jours
précédents mais ce soir là, vraiment je me suis dégoûtée, je n'ai plus eu envie
de vivre. Je me demandais comment en finir et je ne voyais comme issue que la
mort. Finalement, poussée par je ne sais quoi, j'ai pris mon téléphone et j'ai
appelé ma soeur, j'ai aussi envoyé un SOS sur internet.
Ce S.O.S, tu y a répondu. Tu te souviens ? On a marché main dans la main pendant
plusieurs mois. On s'était donné rendez-vous après six mois d'abstinence.
Nous étions fiers, heureux, soulagés même si parfois c'était plus difficile.
Est-ce qu'à cette époque là tu t'es senti plus fort?
L'abstinence ça n'est pas facile tous les jours surtout si le quotidien est plus
ou moins difficile.
Un jour, tu as lâché ma main, on s'est perdu de vue.
Ne crois pas que j'y sois arrivée sans mal à tenir mais quand vraiment c'est
devenu trop difficile, je suis allée chercher de l'aide. Seule, je n'y serais
jamais arrivée. Je suis allée voir un médecin, je me suis servie aussi de l'aide
du forum. Et puis il y avait aussi P. qui m'a tellement aidée et qui s'en
est allé. Il était intelligent, fin, gentil, personne mieux que lui ne savait
parler de l'alcool et de ces méfaits, pourtant P. s'est laissé piégé et ça l'a
tué sans qu'on puisse l'aider.
Toi, tu es toujours là, avec nous. Parfois, tu dérailles un peu mais on t'aime
comme ça.
TA vie, tu as le droit d'en faire ce que tu veux mais ce dont tu dois prendre
conscience c'est que tu mérites le meilleur pour toi et que le premier rôle dans
ta vie, c'est le tien ! Tu es l'acteur principal
Tout le reste, les copains qui aiment prendre un verre, les c'est leur choix.
Le tien ça pourrait être de renoncer à l'alcool.
En tout cas, si tu te décides, n'oublie pas : nous sommes là ! Mady
Ne pas rester seul
Après ,et avec l'abstinence, mon chemin d'alcoolique ne s'est pas arrêté. Il m'a
fallu du temps pour réapprendre à vivre, pas toujours facile de garder les yeux
ouverts et même sans alcool, mes idées sont parfois encore embrumée.
Je suis une rêveuse, une idéaliste et il y a fort à parier que je le resterai.
Aujourd'hui, si mes idées d'un monde meilleur sont toujours présentes, j'ai
appris grâce au soutien de mes amis du groupe, qu'il y a des choses, des
évènements contre lesquels je ne peux malheureusement rien.
Parfois, j'ai des moments de doute, envie de baisser les bras. Le temps passe et
je reprends ma route.
Quand j'étais dans l'alcool, je ne parvenais plus à croire que la vie sans
alcool était une chose possible et qu'elle pouvait devenir réalité. Je pensais
très souvent à m'arrêter et sans cesse je me cognais contre les murs. Je
m'imaginais jetant ces bouteilles par la fenêtre mais je vidais leur contenu.
Souvent, très souvent, je me levais le matin en me disant : aujourd'hui, c'est
fini. Je ne tenais pas. Je conduisais les enfants à l'école et je passais au
magasin.
Parfois, au réveil ou pendant la nuit, je finissais les bouteilles de la veille
en me disant que c'était pour ne plus en avoir le matin. Je ne m'en sortais pas
jusqu'au jour ou... enfin c'est arrivé !
Il ne faut pas se décourager mais au contraire continuer à lutter contre ses
pulsions, continuer à espérer. Ça fait partie du parcours qui nous mène vers une
vie sans alcool et puis, et surtout, il ne faut pas rester seul.
Voilà... un tit peu de mes pensées intimes. Mady