Vers un traitement personnalisé des alcooliques ?

 

Les progrès de la génétique permettent de mieux comprendre les raisons de la dépendance. Des soins adaptés à chaque type de patients sont donc à l'étude. Mais la recherche manque de moyens.

« Non, il n'existe pas un gène de l'alcoolisme et l'on ne trouvera pas la pilule magique qui permettra d'arrêter de boire du jour au lendemain. » Passé ce préambule qui a le mérite d'être clair, le Pr Michel Reynaud a des raisons d'être optimiste.

Comme tous ces collègues, réunis à Paris au congrès mondial de la recherche en alcoologie, ce psychiatre se félicite des récents progrès scientifiques. Le décryptage du génome humain permet de mieux comprendre certaines causes de la dépendance ou certains comportements. « On arrive ainsi à mieux définir différents types de buveurs, poursuit Michel Reynaud. Ceux qui ont besoin de sensations fortes, de conduites à risques sont différents de ceux qui boivent pour apaiser une souffrance. »

L'imagerie médicale offre aussi des clés de compréhension sur le fonctionnement du cerveau. « La simple vision de clichés montrant un verre d'alcool, une bouteille, provoquent une réaction dans certaines zones du cerveau du patient », explique le professeur allemand Karl Mann. Des tests qui permettent de mieux comprendre les moteurs de l'envie de boire.

Toutes ces recherches sont coûteuses et peu développées. « Nous n'avons clairement pas les moyens alloués au cancer, déplore Michel Reynaud, qui rappelle les 23 000 morts par an en France directement liées à l'alcool et les 45 000 décès qui y sont associés. « Ces travaux ont pourtant un but : trouver un traitement ciblé correspondant mieux au malade. »

« Il existe aujourd'hui deux grands types de médicaments, explique le professeur Michel Lejoyeux, ceux qui agissent sur l'envie de boire et ceux qui rendent intolérant à l'alcool. » Mais l'industrie pharmaceutique, qui voit là un vrai créneau de développement, travaille à la production de nouvelles molécules adaptées à différents types d'alcoolisme. L'une d'entre elles, le nalmefene permettrait d'agir sur la consommation excessive d'alcool et offrirait à des patients la possibilité de redevenir des buveurs modérés et non pas abstinents. Une vraie nouveauté. « Le médicament ne fait pas tout, temporise Michel Lejoyeux. Il représente seulement 30 % de la réussite d'une prise en charge. Il ne faut pas oublier tout l'accompagnement psychologique et socia

MAAH