L’ALCOOL ....

    

                       ..... ET LE TRAVAIL

L'action pour la sobriété dans le monde du travail ne peut être efficace que si elle s'appuie sur un large accord entre les différentes instances en présence  direction et cadres, services médicaux et sociaux Comités d’hygiène de sécurité, et des conditions de travail (C.H.S./C.T.), syndicats représentants du personnel.

Tous n'apprécient pas de la même manière le rôle de l'alcool dans les accidents ou la maladie, ni les motivations du buveur ou les mesures à envisager pour remédier à la situation.

Une attitude, malheureusement trop répandue. consiste à tolérer, voire à protéger et à cacher pendant longtemps un buveur excessif puis à le sanctionner et même à le licencier quand son état s'est aggrave.

C'est là une solution de passivité qui conduit à des mesures extrêmes et en fin de compte coûteuses pour la collectivité

*               Beaucoup de médecins ne se trouvent pas dans les conditions requises pour parler d'alcool à leurs malades Et lorsqu'un praticien demande « Buvez-vous? » les malades répondent  Pas beaucoup , ou Comme tout le monde...

*               L'imprégnation alcoolique est reconnue comme cause directe de 15 t des accidents du travail et de 40 0/o des accidents de la route et du trajet, graves ou mortels.

Ce sont les professions les plus pénibles: forges, fonderies, bâtiment, dockers, agriculteurs, manutentionnaires, etc., et celles qui sont en rapport avec le public: représentants, artisans, cafetiers, facteurs, agents de police, presse. artistes, etc., qui sont les plus exposées aux dangers de l'alcoolisme.

             La soif, la fatigue. l'ennui, la répétitivité, sont des facteurs qui favorisent le recours à l'alcool.  C'est pourquoi l'amélioration des conditions de travail est une contribution indirecte mais importante à la lutte contre l'alcoolisme.

La maladie alcoolique atteint toutes les couches de la société et tous les échelons de la hiérarchie. Elle est forcément plus dramatique pour ceux dont le niveau de vie est le plus précaire et les conditions de travail les plus pénibles.

L’alcoolisme dans le monde du travail, comme ailleurs, en particulier un certain code de politesse associant force et  joie à l'alcool. pèsent lourd sur les comportements.

Les relations entre chômage et alcoolisation sont différemment appréciées. Mais on ne peut nier que l’oisiveté, l'angoisse. le découragement, se traduisent souvent par une recherche de l'alcool, qui accentue encore la vulnérabilité.

 

OBJECTIF SOBRIÉTÉ

La soif est un problème important sur les lieux du travail en particulier pour le travailleur manuel qui a besoin de calories supplémentaires - que l'alcool ne lui apporte pas - et qui est souvent déshydrate par la chaleur, la poussière ou l'effort. Il lui faut boire en quantités importantes des boissons qui désaltèrent (eau fraîche aromatisée ou non) et qui reconstituent (lait écrémé, jus de fruits, bouillons). C'est pourquoi il est souhaitable d'instaurer, chaque fois que c'est possible, une distribution de boissons sans alcool suivant des modalités adaptées à chaque industrie : buvette, chariots parcourant les ateliers, distributeurs automatiques (toute boisson alcoolique notamment la bière est interdite dans ces appareils). Chaque patron est tenu de mettre  à la disposition de son personnel une fontaine réfrigérante!

Le travailleur de bureau qui manque d'exercice doit aussi f aire particulièrement attention à ses consommations Il évitera l'alcool qui embrume et déprime ainsi que les repas trop copieux

Il serait anachronique et inopportun d'entreprendre une prévention contre le risque alcool dans l'entreprise sans que les dirigeants et les cadres donnent eux mêmes l'exemple en ce domaine

Le travail exige de plus en plus de capacités intellectuelles et psychomotrices. L'effort physique tend à diminuer mais l'attention, la vigilance, le jugement, la précision sont de plus en plus nécessaires.

Les effets répétés de l'alcool peuvent entraîner une détérioration mentale, y compris chez les jeunes, atteignant la mémoire. les facultés d'abstraction, de coordination.

A la longue, cette détérioration interdit toute adaptation à une situation nouvelle. L'alcoolisme entraîne par ailleurs des maladies et incapacités définitives, assignant les buveurs excessifs à l’invalidité peut persister le lendemain matin, l'alcool étant éliminé à raison de 0,15 g/ heure environ.

Ainsi une alcoolémie de 2,5 g vers 20 h se maintiendra encore au-dessus du taux légal le lendemain vers 7 h.

Il est difficile d'évaluer la part réelle de l'alcoolisation dans les accidents du travail : 15 à 20 t selon les études. Pour les accidents du trajet, on peut reprendre le pourcentage établi pour les accidents de la route en général : l'imprégnation alcoolique intervient dans 40 t des accidents mortels (études du Pr. Sot).

Le coût de l'alcoolisme pour l'entreprise: nous rappellerons simplement quelques-uns des éléments dont il faut tenir compte.

*          baisse de productivité médiocrité du travail malfaçons pertes de  temps,

*          arrêts de travail fréquents,

*           influence négative sur la motivation des collègues, « déstabilisation »  du climat

         de travail,

*          prix de l'accident comportant éventuellement l'indemnisation des tiers et la

        réparation des dégâts matériels,

                  *       mobilisation de travailleurs sociaux pour aider la personne en difficulté.

La sensibilisation relève d'une entreprise commune qui doit s'appuyer au départ sur la libre adhésion de chacun, et entrer dans un projet de prévention du risque alcool.

L'initiative peut en être une décision du C H.S./C.T , une proposition du médecin du travail ou de l'assistante sociale , une demande formulée par un militant ancien buveur ou par les représentants du personnel. etc. Elle peut découler aussi d'une volonté de la direction dont l'accord est, de toutes manières, nécessaire Si les difficultés se manifestent, il peut être utile de faire appel à des agents de l'extérieur, qui sont neutres. Parmi eux, les animateurs des Comités Départementaux de Prévention de l'Alcoolisme qui aideront à la prise en charge des problèmes à l'intérieur de la collectivité ou proposeront des actions de formation spécifiques.

Toute action constructive consiste à :

*          provoquer la réflexion afin de modifier sensiblement les attitudes et les mentalités,

*          faire connaître les données du problème,

*          montrer que l'alcoolisme est une maladie et non un vice,

*          faire admettre que l'alcoolisme peut se soigner et que cela en vaut la peine.

L'alcoolisme est une maladie progressive qui s'aggrave fatalement Si rien n'est fait pour l'enrayer. Le plus important, c'est d’intervenir avant les troubles graves du comportement et un délabrement physique avancé, c'est-à-dire quand les buveurs n ont pas encore perdu le contrôle de leur consommation. Ils sont alors capables de la réduire pour peu qu'on leur en ait fait comprendre la nécessité pour leur santé, leur Sécurité leur équilibre physique et mental  il faut aider les buveurs en difficulté et ne pas attendre la rupture familiale, l'accident ou, plus grave encore le licenciement Et pour cela, il faut dédramatiser le problème et favoriser les conditions dans lesquelles les soins pourront être acceptés et demandés.

 

SOIGNER ENFIN

Les soins nécessitent le recours à une équipe associant selon les cas les instances médico-sociales (internes ou externes à l'entreprise>. le médecin traitant, le secteur hospitalier, les différents types de dispensaire et les associations d'anciens malades.

Schématiquement, le buveur se voit proposer un traitement approprié, et, s'il y a lieu, un sevrage sous contrôle médical. Naturellement, rien ne pourra se faire sans son adhésion. Si les conditions. familiales et autres, le permettent, il pourra être soigné de façon ambulatoire, et sans interrompre son travail. Le programme thérapeutique comprend une période de suivi, durant laquelle le médecin du travail a aussi un rôle capital de soutien et de surveillance de la santé.

A la reprise du travail. il est souhaitable que la personne soit affectée à un poste ne comportant pas de charges physiques ou mentales susceptibles de la pousser à la rechute. C'est à ce stade que l'entourage va jouer un rôle prépondérant. Par son attitude, il peut aider, ou au contraire, nuire  "Tu es guéri, mon vieux, ça s'arrose... ". La solidarité doit jouer à plein vis-à-vis de la personne qui s'est soignée et qui reprend son rôle dans un bureau ou un atelier. Le premier service à lui rendre consiste précisément à l'encourager dans ses efforts pour ne pas recourir à l'alcool

          Situé en dehors de l'entreprise. le Centre d’Hygiène Alimentaire et d'Alcoologie reçoit essentiellement des buveurs excessifs qui ne sont pas encore dépendants de l'alcool mais qui consomment régulièrement une quantité trop importante de boissons alcooliques et présentent, de ce fait, un certain nombre de troubles, surtout digestifs.

Le consultant lui-même prend une part active à son traitement qui l'amène progressivement à réduire ses consommations ou Si la nécessité l'impose, à supprimer complètement l'alcool. Chacun dans l'entreprise doit se sentir libre de ne pas boire d'alcool, sans pour autant être considéré comme un être diminué se sentir regardé de travers ou avoir l'impression de perdre sa valeur.

 

Aussi une des premières décisions à prendre dans une           entreprise devrait être d'offrir toujours le choix :          "avec ou sans alcool" à l'occasion des « pots ou arrosages ».

 

 

  Retour MAAH