J’arrête le 11 mai. Un jour
important, celui de mes 51 ans. J’avais toujours dit que je le ferais l’année
de mes 50 ans. Cela fait trente ans que ça dure. Je vais vraiment essayer
d’arrêter. Je suis inquiet pour mes bronches.
Ca va. C’est fini.
C’est l’alcool qui avait entraîné le départ de votre femme ou le chagrin d’amour qui vous a plongé dans ce refuge ?
Non, l’alcool c’était avant. Ce
fut évidemment un des éléments de la rupture mais pas l’élément
principal. En fait, ma vie était tourmentée… Et puis les plus belles choses
ont une fin. Mais Dominique est toujours ma femme, ma muse, mon amie, mon amour.
Et je crois savoir qu’elle ne m’a pas remplacé. Nous, c’est un peu comme
Birkin et Gainsbourg. Il n’a jamais arrêté d’écrire pour elle.
Si, mais je carbure au coca et au café
maintenant.
Cela m’est arrivé à cause de
l’inactivité, du stress, d’une dispute familiale. Je suis trop sensible.
Alors, je rebois par défi. Après avoir fini Wanted, à Toronto, j’ai connu
ma dernière rechute. Il faut dire qu’avec Johnny, Depardieu, Bohringer, nous
formions un peu les « alcooliques célèbres ». mais ce fut très
marrant. Gérard nous a apporté sa joie de vivre avec son énergie, son
humour… Depuis, la tournée m’a complètement guéri. Etre cinq jours par
semaine sur scène n’autorise aucune défaillance. Il faut assurer !
Finalement, quel a été le déclic qui vous a obligé à vous en sortir ?
Lorsque, l’année dernière, on
m’a remis une victoire d’honneur pour l’ensemble de ma carrière. Cela a
été un électrochoc. J’étais vexé. On me signifiait que ma carrière était
finie, que je ne ferais plus rien d’autre, que ma tournée acoustique avait été
mon chant du cygne. C’est vrai qu’à l’époque j’avais dix kilos de
plus, les cheveux gras, le sang bourré de saletés hépatiques… Je suis même
devenu un connaisseur en termes médicaux… Mentalement, j’étais une épave.
Spéciale
Renaud Samedi 29/03/03, France 2. Propos
recueillis par Elisabeth Perrin