Alcoolisme : le Baclofène sur le point de sortir de la clandestinité
18/01/2013 Sophie Caillat* journal rue89.
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sur l’alcoolisme et le BaclofèneEt pourquoi pas l'essayer pour ceux qui pensent avoir tout tenter ?
Qu’attendent les autorités sanitaires pour reconnaître officiellement le Baclofène , un relaxant musculaire, comme traitement contre l’alcoolisme ?
Un très long feuilleton est en train de s’achever, mais les patients-militants trouvent les derniers épisodes douloureusement longs.
Le Baclofène, molécule autorisée sur le marché depuis 40 ans comme relaxant musculaire, et utilisée depuis une dizaine d’années afin de traiter la dépendance à l’alcool, est en cours d’analyse à l’agence du médicament (ANSM). l’agence a trois mois pour les analyser et donner sa position. »
« Les autorités cherchent à gagner du temps »
Les autorités cherchent seulement à gagner du temps et à rejeter le délai sur les labos ». En effet, deux essais cliniques en double aveugle ont été récemment lancés :
L'étude Bacloville lancée par l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris auprès de 320 patients suivis pour un an
L'étude Alpadir financée par le laboratoire Ethypharm, qui vérifiera l’efficacité du médicament donné progressivement jusqu’à une dose élevée (180 mg, en trois prises par jour) dans le maintien de l’abstinence chez les patients alcoolo-dépendants sevrés, pendant six mois de traitement.
La procédure d’autorisation temporaire est destinée à aller plus vite.
Car d’ici là, les médecins continuent de prescrire ce médicament ou son générique en dehors de l’autorisation de mise sur le marché, c’est-à-dire à leurs risques et périls même si son efficacité n’a toujours pas officiellement été reconnue, seulement à demi-mot.
Le professeur Bernard Granger, l’un des promoteurs de cette reconnaissance, trouve l’agence du médicament « excessivement prudente » à cause des récents scandales de santé publique. Mais remarque que le cas du Baclofène est à l’inverse du Mediator, du Tramadol ou de la pilule de troisième génération car en attendant cette reconnaissance, l’alcool cause 120 morts prématurées par jour.
« On a un médicament à l’efficacité prouvée, comme l’a encore récemment montré l’étude Beaurepaire – même si ce n’est pas encore le niveau de preuve le plus élevé. Il apporte un plus majeur dans les possibilités de traiter les alcoolo-dépendants, « on n’a jamais enregistré d’effets indésirables graves »,et pourtant les autorités n’en favorisent pas l’utilisation. »
Refuser d’autoriser ce traitement, c’est « une perte de chance » pour les patients, et un « prix considérable pour la société »
Rappelons que l’alcoolisme, c’est 45 000 morts par an et un coût de 20 milliards d’euros annuels pour la Sécurité sociale.
Les alcoologues – qui prescrivent des cures de sevrage – ont tout fait pour sauver leur métier aussi longtemps que possible mais le sens de l’histoire est différent : « C’est comme dans les années 60, quand on a découvert le BCG et les antibiotiques, les sanatoriums ont disparu. »
Contre le « dogme de l’abstinence »
Très remonté contre le « dogme de l’abstinence totale », inventé par les Alcooliques anonymes en 1935, Yves Brasey qualifie leur logique de sevrage absolu de « torture » : « L’odeur d’une eau de toilette ou du vinaigre réveille le besoin », raconte-t-il. Surtout, il la juge particulièrement inefficace :
« Sur 100 personnes qui ont besoin de se faire soigner, 80 vont refuser à cause de l’abstinence. Et sur les 20% qui restent, il y aura 90% d’échec, donc au final 2% de malades soignés. »
Au contraire, explique-t-il, avec le Baclofène, il est possible d’atteindre une consommation raisonnable* (soit jusqu’à deux verres par jour pour les femmes et quatre pour les hommes selon la classification de l’OMS). Une étude menée par son association comptabilise sur 399 patients guéris 123 abstinents et 276 qui ont une consommation proche de la moyenne nationale, débarrassés du mécanisme de dépendance.
Maintenant, il demande aux autorités d’« arrêter de jouer la montre » en repoussant sans cesse la reconnaissance du Baclofène comme traitement officiel de l’alcoolo-dépendance.
* Dans l'attente de résultat probants, ne vaut-il mieux pas combattre contre "l'illusion du possible"?. mais d'un autre coté, si celà doit être un plus, pourquoi pas ? ( note personnelle SVPat)