On
pense toujours que ce "genre de problème"...
...n'arrive qu'aux autres!
C'est le cas, non pas pour moi, mais pour mon frère
B. qui est alcoolique depuis bien longtemps je pense et qui, au jour
d'aujourd'hui, ne veut pas le reconnaître... ou l'avouer. Depuis 3 ans, je me
bats avec l'aide de mes parents pour l'aider.
Il a bientôt 37 ans. IL vit du RMI, seul, trop seul je pense. Il est très
intelligent, a un potentiel énorme tout le monde le dit mais il le gâche
totalement, malheureusement.
Je vivais seule à l'époque, dans un studio. Un jour, je reçois un coup de fil
de sa part, me demandant de lui envoyer un peu d'argent. Il n'avait pas mangé
depuis quelques jours, vivait à droite et à gauche, chez les copains. J'ai
refusé car ce n'était pas la première fois. Je lui ai proposé de venir vivre
chez moi quelques temps (huit mois) ; le temps de trouver du travail.
Peu à peu, je ne me sentais plus chez moi. Lorsque je rentrais, je le trouvais
ivre, très énervé. Il lui arrivait de tout casser. Il m'a tapé 2 fois sous
l'emprise de l'alcool. Ca a été un véritable cauchemar, il restait des journées
entières devant la télé, au lit à être d'une humeur massacrante.
Ma mère s'était occupée de lui trouver un logement social avec l'aide d'une
assistante sociale. Ce sont des logements pas très bien fréquentés, mais
c'est mieux que rien.
Ce jour là s'est mal passé, il avait beaucoup bu et à commencer à être très
agressif, voire violent envers ma mère et moi-même. J'ai dû faire intervenir
la police qui la garder l'après-midi. Le soir, nous sommes allées le chercher.
Il a fait une cure à Létra pour arrêter de boire et est allé à l'hôpital…
IL ne
trouve pas sa place dans la société, est très caractériel mais très
sensible, très sentimental. Il a enduré de grosses déceptions dans ce domaine
d'ailleurs. Il se considère comme la tare de la famille alors que l'on ne cesse
de le soutenir.
Je n'ose pas aller le voir de peur de sa mauvaise humeur. Il est très agressif dans ces propos, dans son regard, je vois de la haine. Non pas après moi mais après la vie tout simplement, la société. Tout est de la faute des autres, jamais de la sienne. Il n'a pas de copains, s'enferme dans cette solitude et il est vrai que mes parents et moi-même sommes épuisés moralement de le porter à bouts de bras sans cesse. Ma mère lui apporte à manger les fins de mois car il n'a plus un sous. Son loyer est de 200 francs par mois, il lui reste 2000 francs pour faire le mois. Il n'a pas le téléphone, a arraché sa sonnette de porte. Il ne relève plus son courrier depuis plusieurs semaines tant il appréhende les factures et autres... Il transpire de devoir faire une démarche administrative tout seul. C'est terrible car il refuse toute aide. Il laisse les problèmes s'installer et s'empirer. Nous avons rendez vous mes parents, ma sœur et moi avec son assistante sociale pour discuter et voir si on le met sous curatelle.
B. le refuse mais je pense que c'est la meilleure solution pour lui, pour éviter
les huissiers. Trois ans de lutte incessante, parfois on y croit, parfois on
perd espoir. J'apprends à me préserver aussi, suite à une grosse dépression.
Aujourd'hui, je vais bien. Ma mère, elle, ne dort plus très bien et je crains
qu'elle finisse par craquer.
Ma lettre est longue, je m'en excuse mais comment l'aider? Il nous ment, prétend
ne pas être alcoolique car il boit surtout le soir et non le matin. Ce n'est
pas tous les jours mais très souvent et assez régulièrement. Il s'est blessé
plusieurs fois en tombant. J'ai honte mais parfois je voudrais qu'il disparaisse
de ma vie pour ne plus le voir souffrir et ne plus avoir à en souffrir. JE N'EN
PEUX PLUS et en même temps, je ne peux pas le laisser tomber, il n'a que nous.
Je me dis que peut-être, si on ne cherche plus à s'occuper de lui, ça va
l'aider à réagir, à se prendre en main ? Que faire ?
B. a commencé une thérapie et a laissé tombé car il dit qu'il ne sait pas
quoi dire à la psy. Il commence tout et ne finit rien. Il ne doit pas être
fier de lui, j'imagine. Je me demande comment il fonctionne dans sa tête, j'ai
beau chercher, je ne comprends pas tout. C'est terrible pour nous mais pire pour
lui je pense. Que va t-il devenir ? Il refuse la vie mais n'a pas le courage de
mourir. Il subit son destin comme un martyre.
Lettre de C....15/06/2002