L'avocat qui fait pâlir l'alcootest
Qu'importe les tests d'alcoolémie,
pourvu qu'on ait l'ivresse ! Christian T. peut aujourd'hui lever son verre au
nom de la Justice qui, contre toute attente, lui a rendu une décision favorable
le 26 octobre dernier. Cet automobiliste est, en effet, le premier à reconnaître
que le jour où la police lui a fait souffler dans le ballon, il était, selon ses
dires repris par Le Parisien, complètement "bourré au volant".
Le taux d'alcool
de ce récidiviste atteignait effectivement 1,4 g d'alcool
dans le sang. Le tribunal de grande instance de Lure, en Haute-Saône, a malgré
tout ordonné la relaxe pour le contrevenant.
Une décision a priori absurde et pourtant bien réelle, obtenue grâce à
son avocat qui a remis en cause avec succès la fiabilité des
éthylotests (ballons
indiquant si on est au-dessus du seuil légal de 0,5 g d'alcool
dans le sang) et des éthylomètres
(appareils utilisés par les forces de l'ordre indiquant précisément le taux d'alcoolémie).
"C'est ultra-vicieux, reconnaît sur LCI.fr maître
Jean-baptiste Iosca,
spécialiste du code de la route. J'avais
demandé à l'administration française de me fournir les certificats d'approbation
et les notices d'informations pour les
éthylotests et les
éthylomètres. Cela
m'ayant été refusé, j'ai saisi la Cada
(ndlr : la commission d'accès aux documents administratifs) qui m'a donné
raison et fait transmettre les documents". Et là, surprise. La notice de
fabrication stipule très clairement : "après avoir absorbé un produit ou
fumé, attendre 30 minutes avant de souffler dans l'appareil". Autrement,
les résultats peuvent être viciés.
Dans le cas de Christian T., les policiers n'ont attendu que 20 minutes,
obligeant le tribunal à juger le contrôle "pas fiable". Une décision
qui devrait faire jurisprudence, le parquet ne s'étant pas manifesté pour faire
appel durant le délai de deux mois imparti. "Cette décision sera forcément
suivie par les autres tribunaux, c'est implacable", affirme maître Iosca,
qui a également obtenu la relaxe pour deux œnologues.
"J'ai pu démontrer que lorsque l'on prenait de l'alcool
en bouche et qu'on le recrachait sans en ingérer la moindre goutte, le test
apparaissait quand même positif, ce qui prouve bien qu'avec les tests actuels il
est impossible de déterminer si une personne est ivre morte ou pas".
Le seul test indiscutable reste la prise de sang. Mais ce dernier n'est
obligatoire que lorsqu'il y a accident corporel, refus d'obtempérer ou
contestation. Contactée par LCI.fr, la Direction de la sécurité routière
rappelle que le Laboratoire national d'essai n'a homologué à ce jour que
deux tests chimiques et un test électronique et qu'il faudrait "déjà
vérifier si tout le monde parle des mêmes appareils dans cette affaire". Elle
rappelle par ailleurs que "ces appareils nécessitent une attente de 15 à 20
minutes maximum, et non 30 minutes, que fumer n'a aucun impact sur la validité
du test, mais qu'il faut respecter les modes d'emploi qui sont propres à chaque
appareil".
source Alexandre Guillet ( aguillet@lci.fr )