SVPat, le 1er mars 2016 
« Je ne bois plus une goutte d'alcool depuis 108 jours »
... disait ce 7 janvier, un Renaud apaisé et généreux qui rend ait hommage aux morts des attentats de janvier dernier. Renaud, "Un phénix qui renaît de ses cendres" comme il le dit si justement lui-même.

 Moi-même comme Auguste Charrier, président d’une association d’anciens buveurs,  dont je m’inspire  largement d’un article publié dans la presse par ce dernier  pour écrire le mien,  avons été à la place du chanteur.

 Aujourd'hui, plus que jamais, je me sens solidaire du combat qu'est en train de mener Renaud! 
  Alors je me raconte….

J’ai toujours bien aimé les textes de Renaud qui pour moi continuait à perpétuer l'esprit Brassens mais je n’ai jamais été  un fan, fanatique fou furieux, pour autant.
 Pourtant, faut dire que quand il s’est agi de remplacer le «vide des bouteilles » après mon sevrage ( et oui, chercher à se procurer sa dose d'alcool, celà vous prend de 'énergie mais aussi du temps!), j’ai pensé « faire un site » et l’œuvre de Renaud fut ma seconde page après celle du Maah où je raconte mes années galères et surtout mes espoirs du moment !
Ensuite, la sortie de Boucan d’Enfer et de son titre –révélation, Docteur Renaud, Mister Renard correspondant peu ou prou de mes 2 ans d’abstinence, j’ai eu cet élan de solidarité naturel envers le Renard car moi aussi, j’étais passé par là et je vivais pleinement le combat de l’abstinence !
 Et à  croire que nous, les alcoolo-dépendants, nous sommes tous liés humainement par un fil invisible, je me suis senti  lié plus fortement que jamais au Docteur Renaud .

Mais revenons à mon histoire.

Je suis sobre depuis près de 15 ans. J’ai commencé à boire dans mon adolescence, pour arriver à l’état  d’alcolo-dépendant sur le tard vers 40/45 ans 
 Et j’ai aussi eu la chance de m’arrêter à la cinquantaine, avant de me retrouver à la retraite à 55 ans.( ben oui, LA LUTTE PAIE, résulat de la grève historique des Postiers en ...1974 !)
Le milieu dans lequel je travaillais, de nuit dans un centre de tri de La Poste où c’était encore les PTT, n’était franchement pas le genre Milk-bar !
 Et puis l’alcool m’aidait, pense-je, à vaincre ma timidité naturelle pour prendre la parole en tant que militant syndical, responsable dans une brigade de 300 bonhommes.
 Aides provisoires et illusoires !

 Finalement, l’alcool est pour nous, les alcoolos-dépendants, un outil fabuleux. Boire, c’est comme prendre de la drogue, c’est finalement trouver une solution à un problème.
 Cette solution est malheureusement éphémère et dangereuse puisqu’un jour, on se rend compte que le piège s’est refermé sur vous et que la solution est devenue le plus gros problème.
 Lorsque l’on boit , c’est pour mieux taire ce que l’on ne peut dire. C’est une manière d’encaisser en retardant le moment de passer à la caisse émotionnelle.
 C’est pour ça qu’il faut mettre des mots sur sa souffrance et sur ses traumatismes : pour les digérer.
 Mes mots à moi je les mettais dans mon site , au moment même où Renaud lui les chantaient dans Docteur Renaud Mister Renard .

 Chaque jour est une nouvelle marche

 Lorsque vous tentez de sortir de l’alcoolisme, les jours passent et il est important de les compter. et c' est un signe très encourageant d’entendre Renaud dire qu’il est sobre depuis XX jours.
 Cela veut dire qu’il a dépassé la phase de l’addiction physique mais qu’il se bat encore avec la phase psychologique.

 Selon moi, chaque jour est une marche et il est utile de s’arrêter à certains étages pour reprendre son souffle et se féliciter du chemin parcouru. C’est pour ça que ce système de jours  gagnés est une très bonne idée. Lorsque l’on veut battre une addiction, il faut se fixer des objectifs réalisables. Compter ses jours d’abstinence, c’est un moyen de regarder vers l’avenir, de s’encourager et puis de se féliciter. Retrouver un aspect extérieur plus attrayant sera aussi un autre de ces moyens : le « relooking » de Renaud en fait-il partie ?

 Cette histoire de jours permet aussi de montrer aux autres que l’on avance. Ce qui est très important.
 Lorsque vous avez un cancer, les gens vous demandent comment vous allez.    
 Lorsque vous êtes alcoolique, c’est un peu plus délicat. Ils n’osent pas. Le sujet met mal à l’aise. C’est un moyen de contrer ce problème de considération et de reconnaissance sociale, d’assumer le droit à sa maladie alcoolique !.

 Depuis mes 52 ans, je n’ai pas rebu une seule goutte d’alcool. J’en ai aujourd’hui 67 et pourtant, je reste toujours vigilant.

 C’est aussi ce conseil que je donnerais à Renaud : accepter l’aide des autres, s’entourer mais surtout, rester sur ses gardes.
 Oui, ne pas avoir consommé pendant xx jours est énorme mais il ne faut cependant pas se sentir infaillible.  
 On reste toujours un peu plus fragile que les autres.
 D’ailleurs, les alcooliques sont souvent de grands sensibles que les circonstances extérieures peuvent vite ébranler.

 Et pour avoir suivi tous ces combats, avoir vu le Renard et en avoir discuté avec le Renaud,  je me sens un devoir naturel de protéger l’Artiste !
Solidarité de statut de malade !

 Si, au hasard d’une conversation, quelqu’un me dit que "quand même Renaud, il avait mauvaise mine" ou "qu’il tremblait un peu le pauvre", je répondrais que cet homme vit certainement une période de sa vie extrêmement douloureuse et inimaginable pour quiconque ne l’a pas vécue.
 Mais moi, qui je l’ai vécue et l’a vit encore et je tends la main à Renaud comme  je la tends à tous les alcoolos-dépendants.

 Et surtout, j’y crois. Je crois en son rétablissement.
Il n’y a pas d’âge pour guérir de l’alcoolisme et il est toujours temps !

MAAH