Dix jours
après la mort de leur fils Benjamin, 16 ans, un adolescent
d’Albertville décédé lors d’une soirée trop alcoolisée à Tournon
(Savoie), Laurence et Arménio Mendes-Condeixa, ses parents, ont décidé
de sortir de leur silence. Ils lancent aujourd’hui (27/12) un
appel à la prudence à destination de tous les jeunes, afin d’éviter
d’autres drames alors que pour le réveillon du 31 décembre, l’alcool va
de nouveau couler à flots.
Victime d’un coma éthylique, Benjamin affichait 4,5 g d’alcool dans le
sang lorsqu’il est mort, le 18 décembre. Il s’est étouffé en
régurgitant. Laurence Mendes-Condeixa est une maman détruite : « C’est
l’horreur. On ne peut pas accepter de voir son fils mourir comme ça à 16
ans. Benjamin était plein de joie de vivre, avec un cœur en or. C’était
un passionné de vélo BMX, de musique. Il était bassiste dans un groupe.
Elève de 1re bac pro, il voulait devenir électricien. Je lance un appel
à tous les jeunes : faites attention! On peut faire la fête, mais sans
boire autant. On ne doit pas faire des concours avec de l’alcool, jouer
à celui qui tombera le premier. Il y a des ados plus faibles que
d’autres. Et là, c’est mon petit Benjamin qui a ramassé », lâche-t-elle,
des sanglots dans la voix. Le drame s’est déroulé dans la maison d’un
lotissement de Tournon. En l’absence des parents de la jeune fille et du
jeune garçon qui organisaient la fête. Benjamin et trois de ses copains
sont arrivés avec un pack de bière. Mais d’autres jeunes majeurs ont
apporté plusieurs bouteilles de vodka.
« Tout est allé très vite. Vers 20 heures, j’ai accompagné mon fils à cette soirée. Et vers 22h50, on m’a appelé car il allait très mal, explique Arménio Mendes-Condeixa. Quand je suis arrivé sur place, il y avait le Samu, les pompiers. Mon fils avait le visage tout bleu. J’ai compris que c’était fini. Benjamin buvait un peu, comme beaucoup de jeunes. Mais il a dû aller trop loin. Les jeunes ont une expression qui résume tout : se mettre minable, en buvant une quantité énorme d’alcool en peu de temps. Pour être le plus mal possible. C’est un effet de mode. Ils sont dans un esprit de compétition. Ils ne veulent pas décevoir les copains. Alors, ils boivent cul sec. Ce n’est plus de la fête, c’est de l’autodestruction, qui peut être mortelle. Le décès de Benjamin est malheureusement là pour le prouver. »
« Outre l’alcool, c’est aussi l’indifférence qui a tué mon fils, reprend le papa en deuil. Alors qu’il y avait une trentaine de jeunes, on l’a laissé seul dans une pièce, allongé sur le dos.(1) Il n’avait plus la force de se tourner sur le côté pour régurgiter sans s’étouffer. Si quelqu’un l’avait mis en position latérale de sécurité, on aurait peut-être pu le sauver. Lorsqu’on voit que quelqu’un ne va pas bien, il ne faut pas attendre en se disant que ça va passer, qu’il va cuver son alcool. Il faut tout de suite appeler les secours, les parents », insiste le père de Benjamin.