Quand l’alcool ne détruit pas que la santé !
En France, la consommation de boissons alcoolisées a régulièrement
baissé au cours des dernières décennies. Cependant l’abus d’alcool
continue de sévir, avec son cortège de conséquences sociales : violences,
accidents du travail, de la route… L’Institut national de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM) a
rendu publique une expertise collective sur l’alcool intitulée Alcool
: dommages sociaux, abus et dépendance. Premier enseignement, dès
l’âge de 20 ans, 7 hommes sur 10 consomment de l’alcool au moins une fois
par semaine ! Contre quatre femmes sur dix. Par ailleurs quel que soit leur âge,
les hommes sont plus souvent ivres que les femmes. Ces écarts ne sont pas
propres à la France d’ailleurs, puisqu’ils se retrouvent dans toutes les études
internationales. Pour les experts de l’INSERM, le fait « de boire son premier verre
d’alcool à un âge précoce serait prédictif d’une consommation excessive
à l’âge adulte. » Par ailleurs, l’institut s’est intéressé aux répercussions
de la consommation d’alcool sur la vie sociale. « L’alcool
est ainsi impliqué dans 10% à 20% des accidents du travail déclarés. Quant
aux accidents de la route sous l’influence de l’alcool, ils sont
responsables de 2 700 décès chaque année en France. », affirment
les auteurs. Sans oublier que la boisson est également associée aux agressions, aux
rixes, aux violences conjugales… D’après l’enquête nationale ENV (Enquête
nationale de Victimisation, 2000) menée auprès de 7 000 femmes de 20 à 59
ans, dans plus de 30% des cas de violences physiques
graves les auteurs d’agression avaient bu. Par ailleurs, l’excès d’alcool retentit sur le statut social : qualité
des études, type d’emploi, niveau de salaire… D’après une étude américaine,
les ménages ayant une consommation d’alcool trop
importante ont un niveau moyen de revenus inférieur de 30% à celui des autres
ménages. Les Américains ont également observé que les étudiants qui
consomment fréquemment de l’alcool poussent en moyenne leurs études deux années
moins loin que leurs collègues tempérants. Face à cet état des lieux, les experts de l’INSERM recommandent « d’intensifier
les campagnes d’information auprès de l’opinion et de mettre particulièrement
l’accent sur la promotion de la santé physique et psychique des jeunes.
» Le groupe d’experts insiste également sur l’importance de
messages clairs « sur les produits et leurs effets. » La formation des
acteurs de santé paraît donc indispensable, tout comme la stricte application
de la loi Evin en matière de publicité. La lutte contre l’abus de l’alcool et ses conséquences passent aussi
« par un meilleur dépistage des comportements à risque ». Il serait
par exemple intéressant « de donner l’opportunité à chacun de faire le
point sur sa consommation. Notamment par la mise à disposition au cabinet du médecin
d’outils d’autoévaluation. » Dernière recommandation, « une prise
en charge adaptée à l’alcoolo dépendance de chacun », pour faire
accepter cette dernière comme une maladie à part entière. En somme, il reste
beaucoup à faire ! Sources: INSERM, 25 février 2003