Paroles
d'abstinentes.......
1.la Féria
Je ne faisais pas partie de ces groupes de
gens...
Je suis allée à la Féria
quelques temps après avoir arrêté de consommer de l'alcool (peut être 3 ans)
et là ça m'a fait tout drôle... :
J'ai commencé à "descendre" les Allées sur lesquelles se passent le
gros festivités. C'était le soir, j'étais seule, je voulais faire l'expérience,
je n'y étais pas venue depuis mon début d'abstinence, j'e m'y serais sentie
trop en danger...
Et je regardais : Les "grappes" de "joyeux drilles" dont je
faisais partie avant, qui passaient d'un troquet à l'autre et avalaient les
verres les uns après les autres, riant ensembles en apparence mais jamais sans
un verre à la main, cette béquille leur aurait trop manquée... ils parlaient
trop fort, riaient trop fort, dansaient mal...
Je ne faisais pas partie de ces groupes de gens...
Et j avançais : Des groupes de "gentils danseurs" dansaient
scrupuleusement la "Magdaleina" ensembles, se tenant par la taille ou
les épaules, et regardant bien leurs pieds pour ne pas..."dépasser"...Ils
dansaient bien... J'ai souris, ils avaient l'air heureux avec leur danse si bien
maîtrisée...
Mais je ne faisais pas partie de ces groupes de gens...
Et je continuais : Des familles, des couples, des amis, étaient attablés
devant leur ration de" Paella " au choix avec la "gardiane du
toro tué la veille" made in Feria, menu 69Frs, un verre de Sangria ,
un verre de vin rouge et service compris... Ils étaient assis ensembles devant
leur assiette en plastique et regardaient les passants comme moi qui passaient
et les regardaient....
Je ne faisais pas partie de ces groupes non plus....
Je suis arrivée ainsi au bout des fameuses Allées et là il y avait les
groupes folkloriques qui animaient la soirée de leurs danses et musique ...Ils
étaient ensembles, fiers de ce qu'ils savaient faire et très joliment habillés...
Je ne faisais pas non plus partie de ces groupes là....
Et je suis rentrée chez moi... Je ne suis plus jamais retournée à la Féria
car je n'y ai pas ma place... Il
y a trop de monde et personne dans tout ce monde avec lequel je peux trouver ma
place...:)
Chez moi il y a mon mari que j'aime et qui m'aime... Il y a mes enfants que je chéris...
Il y a mes rares mais solides amis et IL Y A VOUS ! :))
Sylvie (Béziers- France)
Novembre 2002
2. Une valse ...
Donner un sens à ma vie sans alcool : une histoire de valse
?...
Quand j'étais dans l'alcool ma vie
"tournait" autour de la bouteille...
Tout le reste était secondaire, je l'assumais comme un robot plus ou moins
bien rodé : Je faisais ce que je devais faire par automatisme, que ce soit la
soupe pour les enfants, mon travail, le ménage, "le devoir
conjugal"...Je me levais le matin et tout était "orchestré",
chaque jour ressemblant à la veille...
Ma bonne ou mauvaise humeur dépendait du fait de mon approvisionnement en
alcool : Si j' en avais en stock (caché dans mes coins secrets) je riais et
étais de bonne humeur avec mes proches, si mon stock était vide j'étais
dans une telle angoisse et obsession de le réapprovisionner que je ne pensais
qu'à ça toute la journée. J'étais du coup très désagréable avec mon
entourage.
L'alcool était mon amant, mon ami, mon tortionnaire, mon but, ma raison d'être...
Il menait la valse de ma vie dans un tourbillon diabolique...
Puis, pareille à la pomme accrochée à sa branche tant qu'elle est verte,
j'ai mûri petit à petit, avec le temps, à force de souffrances infligées
par cet amant despotique auquel j'étais fermement accrochée ....
ET le jour arriva où je parvins à maturité et, comme la pomme, j'ai pu me détacher
de ma branche...
Je suis tombée sur un sol plein de pommes comme moi... Certaines étaient
mures, d'autres encore vertes rongées par un ver... Ces dernières ont péri,
immatures, mais les premières ont lentement, un jour à la fois, laissé échapper
leurs petites graines...
Certaines ont manqué d'eau et on séché, d'autres ont été mangées par les
oiseaux, mais quelques graines se sont doucement enfoncées dans la
terre accueillante et, chacune à son heure, se sont mises à germer...
Lentement, très lentement...
Et un jeune arbrisseau en est sorti, prenant racine, timidement... Certains
arbrisseaux ont été déracinés par le vent leurs racines étaient trop
fragiles, mais d'autres se sont enracinés de plus en plus solidement dans la
terre, ils ont voulu vivre, ils ont mordu à la terre et la terre leur a donné
son sein, et ils s'en sont nourris, nourris encore et encore jusqu'à ce
qu'ils deviennent de grands et robustes arbres, ou d'autres de souples et
solides roseaux...
Mais chacun des arbres que nous devenons en grandissant dans l'abstinence, que
nous soyons de la nature des chênes ou de celle des roseaux, oui, chacun de
nous est uniques; Nous apportons tous notre touche personnelle à cette grande
forêt que sont les êtres humains si nous avons le courage d'être nous mêmes,
avec nos plus et nos moins...
Et surtout si nous trouvons par quoi remplacer notre ancienne passion pour
l'alcool, passion destructrice, par des actes à vivre qui nous font vibrer et
grandir...:)
En vous écrivant de temps en temps sur ce forum, je me sens vibrer et ça me
va bien...:)
La valse, ça tourne, lorsque je parle de mes histoires de pommes et d'arbres
j'ai l'impression de valser aussi... Mais bon... Ca fait moins mal au foie que
les tourbillons occasionnés par le champagne ou le cidre...:)
Sylvie (Béziers France)
Novembre 2002
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