La dépendance à l'alcool
peut-elle être traitée avec
des médicaments?
Le traitement de la dépendance alcoolique(alcoolisme) n’est pas obligatoirement médicamenteux mais quand il est prescrit, il doit être associé à des changements environnementaux et sociaux.
Les médicaments disponibles sont
peu nombreux et d’une efficacité peu satisfaisante.
Les médicaments commercialisés en France:
Esperal (disulfirame) : "agit sur le principe de dissuasion. La consommation d’alcool provoque des réactions désagréables. Les avis sont contrastés sur ce produit même si les études montrent un taux de succès de 56 % (contre 39 % chez les témoins sous placebo)".
Aotal (acamprosate) : "n’est efficace que dans la recherche d’abstinence (à 12 mois, succès 27 % contre 13 % sous placebo)".
ReVia (naltrexone) : "n’est pas efficace pour la recherche d’abstinence mais est intéressant pour éviter les dérapages vers des consommations à risque (> 3 verres)".
Médicaments en cours d’études cliniques:
Naltrexone longue durée (Vivitrol) : "administration par injection mensuelle; ne sera pas commercialisé en France".
Nalmefene : "vise les personnes dépendantes qui ne souhaitent pas être abstinentes".
Topiramate (Epitomax) : "est un anti-épileptique à l’étude pour évaluer son intérêt dans la réduction de la consommation".
Ondansetron (Zophren) : "vise l’alcoolo-dépendance à début précoce avant l’âge de 25 ans".
Recherche sur le Baclofène:
Le Baclofène (lioresal) a été mis sur le marché en 1974 pour traiter les contractures musculaires d’origine neurologique à des doses de 30-75 mg/j. Dans l’alcoolisme, des études récentes montrent des résultats contrastés et une toxicité importante à forte dose. Parmi ces études, celle de O. Ameisen qui a publié son expérience personnelle de rémission de son envie de boire grâce à la prise quotidienne d’une dose massive de cette molécule (> 200 mg). Ce livre a mis celle-ci sur la sellette et a suscité des espoirs sans une base scientifique solide. Un essai clinique, coordonné par le Pr Michel Detilleux est en projet en France. Il comparera l’efficacité du Baclofène à la posologie de 90 mg/j à un placebo dans l’aide au maintien de l’abstinence de personnes alcoolo-dépendantes sevrées bénéficiant par ailleurs d’une prise en charge psycho-sociale.
Mais aussi une nouvelle piste:
Le LSD, remède contre l’alcoolisme? Selon une étude relayée par la BBC, le LSD pourrait aider les alcooliques à arrêter de boire.
La chaîne britannique explique que des chercheurs norvégiens ont analysé plusieurs expériences réalisées dans les années 1960 sur plus de 500 patients indiquant qu'une dose de puissant psychotropes avait des effets bénéfiques sur la consommation d'alcool durant les mois suivants.
Les tests ont été réalisés entre 1966 et 1970. A cette occasion deux groupes de patients suivant un traitement contre l'alcoolisme ont été constitués. L'un d'eux s'est vu proposer des doses de LSD variant entre 210 et 800 microgrammes. 59 % des patients du groupe ayant pris du LSD ont vu leur consommation réduire dans les mois qui ont suivi, contre 38 % pour l'autre groupe. Toutefois les effets positifs de la prise de l'hallucinogène inventé dans les années 1940 par le chimiste suisse Albert Hofmann ont disparu un an après la prise. Et les chercheurs de se demander pourquoi une piste médicale de lutte contre l'alcool a été si largement négligée.