Une maladie dont on ne connaît pas les causes...
...mais pour   en  connaître les  causes  faut-il déjà savoir ce qu'est la Maladie Alcoolique !
 La première chose à savoir est que l'on ne connaît pas les causes de cette affection. La dépendance alcoolique est une maladie mais rien n'explique pourquoi certaines personnes peuvent être victimes de l'alcool tandis que d'autres ne rencontrent jamais de difficultés.
Avec sincérité, certains  font état de problèmes qui les ont poussés à boire et qu'ils pensent être à l'origine de leur état: les motifs psychologiques, les soucis ou la fête, la solitude ou la mésentente, le chômage ou le travail ne sont jamais des motifs réels, mais plus souvent la conséquence des abus. Les "anciens buveurs" appellent cela des "alibis". Il est vrai que des épreuves arrivent à tous les humains qui les ressentent pareillement, mais tous ne se tournent pas vers l'alcool.
On n'explique pas pourquoi certains ne deviennent jamais dépendants, alors que d'autres tombent dans la  sur-consommation.
 
 Une maladie que l'on ne peut pas guérir
Si l'origine de l'affection est inconnue, nous ignorons aussi pourquoi la dépendance est toujours définitive. A ce jour, il n'existe pas de traitement qui permette de la maîtriser. On peut réparer les dégâts causés par l'abus d'alcool, on peut prévenir la rechute, mais l'alcoolo-dépendance elle-même n'est pas curable. Malheureusement, aucun traitement ne permet de retrouver le plaisir de boire ou de partager de nouveau un verre avec un ami. Il n'est pas d'alternative à la totale et définitive abstinence. Rétablir une consommation naturelle des boissons alcoolisées est actuellement chose impossible.
 
  Quand on commence on ne peut plus s'arrêter.
L'alcool ne fait pas partie des produits indispensables...
Chacun sait que l'humain a besoin d'aliments solides et d'aliments liquides. Les premiers sont la viande, les légumes, les fruits, etc. Les seconds apportent l'eau nécessaire: jus de fruits, lait, vin, bière, cidre, toutes les eaux minérales...
Voici comment cela fonctionne: lorsque le corps a besoin d'aliments solides, l'esprit reçoit un message qui s'appelle la faim. Lorsque le corps a besoin d'aliments liquides, l'esprit reçoit un message qui s'appelle la soif. Nous connaissons tous ces deux signaux. Lorsque le signal de faim se manifeste on pense de plus en plus à manger. Notez-le, on finit même par ne penser plus qu'à ça, si le repas se fait attendre.
Mais ces deux signaux de faim et soif ont leurs contraires peut-être plus importants pour notre santé. On les appelle "signaux de satiété". 
Ces signaux sont d'une extraordinaire précision.  Un petit dérèglement, en avance ou en retard, dans l'apparition des signaux dont on parle, entraînera maigreur ou obésité. Pour l'eau la précision est très grande et chaque prise de boisson est rigoureusement programmée par le corps ; l'arrêt instinctif est impératif : le déplaisir remplace vite le plaisir d'étancher sa soif. Ces choses, que vous avez reconnues, se passent ainsi pour tous les aliments et boissons sauf pour certains :
- le chocolat : pour presque tout le monde, le chocolat ne fait pas apparaître les signaux de satiété mais au contraire augmente l'envie au fur et à mesure que l'on en mange ; c'est ce qui en fait une friandise appréciée, même après les repas copieux ;
- l'alcool entraîne la même réaction, mais pas chez tout le monde , pour 8 à 11% des personnes, celles qui vont tout à la fois l'apprécier, le rechercher et en pâtir : les alcoolo-dépendants.
L'alcool est un aliment qui se boit. Il empêche, chez vous, l'apparition du signal de satiété et, pire encore, rend le besoin plus vif. Cette réaction, qui n'existe pas chez tout le monde, constitue tout le danger de la maladie puisqu'elle va en sens contraire des lois biologiques, donc de la vie. Elle oblige à ingérer des doses forcément toxiques puisque la régulation naturelle ne vient jamais la limiter, comme il en est pour les autres substances (sauf le chocolat). L'alcool, pour vous, fonctionne à l'envers des autres aliments. Étant hospitalisés on ne vous a pas donné d'alcool, et vous en avez de moins en moins envie à mesure que votre corps s'en débarrassait. Alors que, sans manger, vous auriez eu de plus en plus faim....
Voici ce qui se passe chez les personnes alcoolo-dépendantes :
- pas d'alcool dans le corps : pas d'envie, pas de besoin ;
- de l'alcool dans le corps : boire encore n'arrête plus l'envie de boire. Il s'ensuit une réaction psychologique de recherche de boisson, mais personne, alcoolique ou pas, ne peut arrêter la consommation d'un produit qui augmente lui-même l'appétit de le consommer.
 
Mais pourtant les autres?
 Normalement, quand on a bien mangé on n'a plus d'effort de volonté à faire pour arrêter. C'est justement ainsi que les personnes sobres s'arrêtent de boire. C'est même pour cela qu'elles sont sobres. Ceci est très important mais peut-être, pour vous, très difficile à imaginer.
Vous êtes tous allés au restaurant ou à la terrasse d'un café. Il ne vous a pas échappé que des voisins quittaient parfois la table laissant une bouteille de beaujolais encore à moitié pleine ou une canette de bière non achevée. 
Réfléchissez, dans le même moment vous avez vous-même laissé du pain dans la corbeille sans même y penser. C'est de la même manière que ce voisin de table a abandonné ce reste de boisson. Il ne l'a pas fait parce qu'il aurait eu de plus de volonté, ou plus de sens moral, ou plus de force de caractère... Tout simplement, pour lui, l'envie de vin avait disparu, comme pour vous-même, l'envie du pain que vous avez laissé.
Chez un Malade Alcoolique l' envie persiste et augmente à mesure qu'il boit: "quand je commence je ne peux plus m'arrêter". Ainsi la volonté est mise à l'épreuve c'est l ' alcoolisme. Et c'est une loi naturelle que, pour le boire ou le manger, elle soit toujours perdante. Ici, l'humain n'a plus qu'à obéir! En fait, ce que le patient dépendant ne connaît pas vis-à-vis des boissons alcoolisées, c'est cette disparition du besoin, qui épargne la volonté, et qui fait que les autres sont sobres

Ce qui vient d'être dit va vous expliquer cette "attitude typique de l'alcoolique". Au premier rang la manie de cacher l'alcool, devient parfois une obsession.

La personne dépendante qui agit ainsi se comporte, sans le savoir, comme tous les êtres qui redoutent une privation de nourriture ou de boisson. Un patient, qui enterrait ses bouteilles dans son jardin avait remarqué que son chien y enterrait ses os. Tous deux obéissaient à un même réflexe de survie. Pendant la guerre chaque famille faisait des provisions et "ne le criait pas sur les toits". Chez la personne dépendante, la crainte du manque provoque les mêmes réflexes et le même secret. 
 Tant de mal à en parler
C'est sur la question de la parole que le buveur rencontre de graves problèmes. Sans qu'il le sache, le patient est confronté à des impossibilités de parler que tout le monde éprouve : il ne suffit pas de disposer de la parole pour pouvoir exprimer ses pensées. 
La personne dépendante ne recherche plus l'alcool pour accompagner un repas, ni pour trinquer, accueillir ou fêter. Elle va vers la boisson pour aucun de ces motifs particuliers mais parce que son corps le réclame et qu'elle lui obéit. Elle ne donc peut ni le dire, ni en parler : la prise d'alcool devient un acte secret.
En général, mieux que quiconque, le patient connaît ces blocages qui s'imposent à lui et le mettent si loin des autres. Il est en effet des moments où il aurait besoin de parler, surtout quand il commence à ressentir son impuissance à s'arrêter seul.
Mais ce qui ne peut se dire ne peut davantage se laisser voir:  le geste de boire ne peut se montrer. Le secret et la solitude finissent par s'imposer.  Il serait pourtant bon alors de se confier à quelqu'un, famille, ami ou médecin.

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