Midi Libre 30/11/2011,
Les chansons de Brassens interdites
dans l'église
Au village
sans prétention, j'ai mauvaise réputation ...
Le refrain de Brassens colle parfaitement, à la petite commune de St Laurent-des-Arbres. (30)
Le Sétois Georges Brassens n'est pas en odeur de sainteté. (Ph. M.ANISSET)
Petit chichois gardois. Georges Brassens n’a pas droit de cité dans l’église de Saint-Laurent-des-Arbres. Le prêtre affectataire ainsi que le comité paroissial en ont décidé ainsi.
Le concert, organisé le 4 décembre par l’office de tourisme en hommage à l’artiste sétois mort il y a 30 ans, est prié d’aller se jouer au centre socioculturel.
"Les positions anticléricales de Georges Brassens posent problème"
"Trop c’est trop, estime de son côté, Jean-Pierre Alengrin, membre du conseil pastoral. D’abord, ce sont les positions clairement anticléricales de Georges Brassens qui posent problème. Et puis la paroisse dénonce aussi "le harcèlement et le comportement agressif de l’Office du Tourisme vis-à-vis du père Pierre Richard". "Le père Richard ne dit pas “non” systématiquement à ce type de concert avant de savoir de quoi il s’agit exactement", tient-il à préciser. Mais le problème, explique le croyant, c’est que l’Office du Tourisme n’a pas transmis le contenu exact du programme : "L’office du tourisme refuse de signer la convention de mise à disposition de l’église dont le non-respect des dispositions justifie le refus de l’organisation d’un concert".
Par voie de communiqué, le Président de l’Office du Tourisme, Bernard Houvet exprime sa colère avec véhémence : "L’intégrisme et le retour de la censure ne supportent pas les textes d’un humaniste libertaire qui est l’un de nos grands poètes dont le nom fleurit le fronton d’une multitude de bibliothèques et lieux publics". Estimant que, par cette décision, c’est une tradition vieille de 20 ans, celle du concert de la Saint-Nicolas, qui est mise à mal.
Bernard Houvet assure , mail à l’appui, avoir opéré "un tri sélectif des morceaux avant de montrer les titres au prêtre". Aujourd’hui, le président Houvet campe sur ses principes et refuse de "soumettre l’œuvre de Brassens à un contrôle du comité paroissial" en transmettant par écrit le détail des textes du concert : "C’est de la censure. Ce mot est peut-être trop fort mais j’avoue que j’ai eu la naïveté d’avoir cru que le répertoire que j’avais choisi pourtant avec tellement de précaution pouvait passer. Quand on joue Brassens dans une église, ce sont évidemment des textes humanistes. J’ai justement eu le souci de ne pas blesser les gens.