TEMPÊTE
SUR SA RENOMMÉE...
En marge de la vente aux enchères
"Brassens à travers Gibraltar"
à
l'Hôtel Drouot le 22 octobre 2022
Le 22 octobre 2022, Georges
Brassens aurait eu 101 ans.
C’est la date choisie pour
une vente aux enchères où sera dispersé à Paris un énorme ensemble (plus de 400
lots) de souvenirs et de manuscrits du monument de la chanson et anar national.
Mais cet événement est menacé
par une contestation des héritiers de l’artiste, qui ont saisi la justice pour
demander son interdiction en référé. Serge et Eve Cazzani, neveu et petite-nièce
de Brassens, s’opposent à la vente aux enchères d’objets lui ayant appartenu par
Françoise Onténiente, fille de son secrétaire et complice de toujours Pierre
Onténiente
Si ça vous intéresse ....
"Je suis la fille de Pierre
Onteniente, surnommé Gibraltar. Dans le milieu professionnel de mon père, j’ai
toujours été la fille de Pierre, l’ami-secrétaire de Brassens ; je
n’ai pas le souvenir d’avoir été appelée par mon prénom ! Comme beaucoup
le savent, Pierre et Georges se sont connus à 21 ans dans un
camp de travail obligatoire en Allemagne. Mon père tenait la bibliothèque
et c’est lui, alors, que l’on
surnommait le « Poète » sans doute parce qu’il avait la tête dans
les nuages. Georges était un lecteur compulsif : ils se sont rencontrés
et liés d’amitié dans cette bibliothèque. Georges a eu une permission, Pierre,
qui était son garant, lui a dit de ne pas rentrer au camp après la permission et
ils se sont donné rendez-vous à la fin de la guerre, devant la perception du 9e
arrondissement de Paris où Pierre
était fonctionnaire. Un jour de 1945, Georges l’attendait devant la porte. Ils
avaient 24 ans et ne sont plus jamais quittés. Après des années, à la
fois joyeuses et difficiles, Georges a commencé à être reconnu et à gagner de
l’argent. La grande aventure a commencé…
Je suis née en 1956 ; Pierre
a épousé ma mère, Lucienne, et, surtout, en 1957, Pierre
a démissionné du Trésor public, s’est associé avec Georges et ils ont
fondé ensemble les Éditions musicales 57. Une extraordinaire histoire d’amitié,
qui leur appartenait à eux seuls et qui échappait à tout entendement extérieur…
Pourquoi Pierre a-t-il accepté et même souhaité cet engagement total,
indéfectible, ce dévouement permanent envers Georges
? Pourquoi Georges s’est-il livré avec cette confiance aveugle et absolue
à Pierre, lui laissant gérer son
argent, sa carrière, lui livrant ses secrets, ses problèmes et ses
besoins petits et grands ? Cette relation qui leur était propre est,
cependant, devenue une histoire familiale.
J’ai grandi à la lumière, ou à l’ombre parfois, de Georges. C’était comme
une deuxième figure paternelle. Nous vivions tous à son heure et à son rythme.
Nous avions deux lignes
téléphoniques (alors difficiles à obtenir) : un numéro spécialement dédié à
Georges pour qu’il ne risque pas de trouver la ligne occupée ! Ses animaux
vivaient une partie du temps chez nous. Ma mère faisait le courrier et la
comptabilité des Éditions… Une
petite entreprise familiale. Un jour, il m’a donné son piano, avec une gentille
lettre d’encouragement, pour que je
devienne, peut-être, une grande musicienne. Je l’ai déçu… Quand j’ai eu le
permis, il m’a donné ma première
voiture, une Austin Mini, haut de gamme, tableau de bord
en loupe. A cette époque, je rêvais de Katmandou et cette voiture «
bourgeoise » me gênait, je n’ai
jamais osé lui dire que j’aurais préféré une 2CV ! Sa mort en 1981 a été une
déflagration familiale. Pierre cependant a continué de
faire vivre les Éditions plus de dix ans, et presque jusqu’à sa propre
mort, en 2013, il a participé à la
promotion et à la diffusion de l’œuvre de Brassens. Il avait tout oublié, sauf
qu’il était le secrétaire de Georges. Moi, au fil des années qui sont passées,
je me suis rendue compte, comme sans
doute ceux qui ouvrent chaque jour leur fenêtre devant un paysage ou un
monument familier, tout d’un coup classé au patrimoine mondial de l’humanité,
que Georges était un monument
classé. J’habite la maison de l’impasse Florimont, dans le 14e arrondissement,
maison où mes parents se sont
installés en 1976 lorsqu’ils l’ont reçue en héritage à la mort de
Georges. Des centaines de personnes viennent en pèlerinage devant cette
maison. Georges est toujours
présent dans ce coin de Paris. Après des années de vie au milieu des archives,
objets et documents de mon père,
qui l’ont suivi toute sa vie, j’ai décidé que ma mémoire n’avait pas besoin
d’eux. Qu’ils feraient, je
l’espère, le bonheur de certains. "
Françoise Onteniente.
Le délibéré du référé intenté par la famille du chanteur sétois Georges Brassens, son neveu et ayant droit Serge Cazzani, vient de tomber ce jeudi 20 octobre après-midi au tribunal judiciaire de Paris : la vente aux enchères prévue est suspendue le temps que le débat sur la propriété soit jugé au fond. ( 1 mois envr.)
... Extrait d'un article d'Arnaud Boucomont- Midi Libre.
"Du vol"
Selon Eve Cazzani, la
fille de Serge qui lui avait donné pouvoir pour le représenter, Françoise
Onteniente aurait "dissimulé, caché, ça s'appelle du vol" ce document comme
d'autres. "Depuis des années c'est ce qu'elle prépare. Elle pense obtenir 1, 2
ou 3 M€, c'est tout ce qui l'intéresse". Eve Cazzani estime que certaines pièces
"font partie du patrimoine français".
"Violence extrême"
De son côté, Françoise
Onténiente se dit "très affectée" par la démarche des Cazzani. "C'est une
trahison de l'amitié qu'avait mon père avec Georges. Ils ne me lâchent plus
depuis longtemps. Mon père gardait tous ces documents parce qu'ils étaient à
lui. Qu'on me considère comme une voleuse, c'est d'une violence extrême pour moi
et la mémoire de mon père."
Quant à l'estimation
financière de ce qu'elle aurait à y gagner, Françoise Onteniente parle d'une
"estimation stratosphérique, surréaliste". Et s'interroge : "Je ne pense pas que
la famille Cazzani soit totalement désintéressée".
Nouvelle plainte
La
famille Cazzani affirme de son côté qu'elle aurait donné les éléments du
patrimoine à la BNF à Paris et à l'espace Brassens à Sète. En 2015, l'ayant
droit Serge Cazzani avait déposé une plainte pénale pour "abus de confiance" et
"vol", finalement classée sans suite. "Nous venons de réentamer une procédure
pour tout récupérer et tout donner dans la foulée", assure Eve Cazzani.
....
En marge de cette affaire...
Le Mythique bistrot du gros dégueulasse de Brassens " aux sportifs réunis" ou chez Walczac à Paris ouvert dans les années 50 ,vient de fermer ses portes
Espérons qu'une association ou la mairie de Paris fera revivre ce lieu pour en
faire un petit bistrot musée Brassens, dans son quartier où il vivait.