Le Noirmont - Il y a dix ans, son passage au Noirmont
avait été un événement et le Chant du Gros avait affiché pour la première fois
«Sold Out». Les fans purs et durs avaient adoré, les autres commençaient à
s’inquiéter. Ils avaient raison. Quelques mois plus tard, Renaud retrouvait ses
vieux démons. Ce samedi soir, le voilà de retour. Suscitant des réactions
contrastées. Notre face-à-face.
Pour Docteur Renaud...
Il faut être bien conscient que le Renaud qui sera ce
soir sur la Sainte Scène n’a (presque) rien à voir avec le chanteur des années
80-90. Et les spectateurs présents en 2007 au Noirmont se souviennent qu’ils
étaient plus en présence de Mister Renard que de Docteur Renaud.
La sortie de son dernier album, il y a dix-huit mois,
n’a rassuré personne. Et pourtant les miracles de la production ont sauvé les
meubles. Mais en public, ce n’est plus possible.
Alors pourquoi diable se réjouit-on quand même d’aller
le voir sur scène? Parce qu’au-delà d’une voix que l’on qualifiera poliment de
«rocailleuse et caverneuse», il y a le mythe. On vient le voir comme on vient
admirer un tableau jamais restauré du 16e siècle dans un musée!
Renaud est aujourd’hui une relique du passé. Et le
passé dégage souvent des sentiments agréables. Surtout quand on peut reprendre,
avec la foule, des chansons mythiques.
... et contre Mister Renard
Un homme accroché à son micro, voûté et hagard, qui
marmonne ses textes tandis que d’excellents musiciens font leur possible pour
rattraper un coup irrattrapable. Voilà à quoi ressemble un concert de Renaud
aujourd’hui, d’après les vidéos plus ou moins pirates que l’on trouve sur
Youtube.
Evidemment, son dernier disque laissait croire que
l’artiste allait mieux. Certains, tout de même, ont avancé que sa voix y avait
sans doute été un peu retouchée. Ce à quoi des «experts» se sont empressés de
répondre que les traitements sur la voix, c’est normal, tout le monde fait ça.
Mais dire ça, c’est comme placer au même niveau, pour
un shooting, un léger maquillage ou des retouches Photoshop qui doublent la
poitrine et effacent les bourrelets. Mais bien sûr, pour l’industrie du disque,
un Renaud déchu reste infiniment plus rentable que de jeunes artistes talentueux
mais peu connus.
Tout cela serait un peu moins triste si Renaud, on
l’aimait pas tant.
Nicolas Heiniger
*Merci à Cooks du HLM ...et à son ex-Patron !
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