Publié le
19/02/2017
La Montagne
8.500 personnes dans un Zénith qui n’avait
qu’une immense tendresse et un vrai respect pour Renaud le renard. C’était
samedi soir.
Grand écart. Depuis Gérard Lambert,
jusqu’à Héloïse, c’est tout ou presque l’histoire de Renaud qui défile. Entre un
aventurier de quartier et une petite fille de presque six ans dont la maman est
cette Lolita suivie en son temps par un mariole d’au moins quatre ans qui
voulait lui piquer sa pelle et son seau. D’hier à aujourd’hui. D’avant-hier à
samedi soir, au Zénith d’Auvergne, où 8.500 personnes étaient réunies pour
célébrer le retour de chanteur à perfecto qui arborait un tee-shirt à l’effigie
d’Yvan Colonna.
J’ai une sacrée rhino qui affecte
singulièrement mes cordes vocales (!) Mais bon, vous n’êtes pas venus écouter
Céline Dion ou Pagny hein ?
Voilà pour l’emballage. Sinon, la
voix ? C’est Renaud qui en parle le mieux et très rapidement histoire d’évacuer
l’affaire. Dès après l’ouverture et l’exécution de Toujours debout. « J’ai une
sacrée rhino qui affecte singulièrement mes cordes vocales (!) Mais bon, vous
n’êtes pas venus écouter Céline Dion ou Pagny hein » ? Voilà. L’ironie est
maîtrisée, la lucidité avérée. Place à ces morceaux inscrits au patrimoine de la
chanson et que chacun va s’appliquer à reprendre plus de deux heures durant. Peu
importe ce qui sort du micro. En cloque, Marche à l’ombre, La pêche à la ligne,
la désignée mythique Mistral gagnant, Manu, Morgane de toi, Hexagone, etc. « Je
sais que vous préférez les vieilles…, mais je vais vous chanter aussi de
nouvelles chansons », ponctue celui devenu Phénix mais qui avoue une santé
fragile. Défilent alors J’ai embrassé un flic, Hyper-casher ou Les mots.
Le Zénith chante. Il y a de la
nostalgie, de la compassion, de la tendresse, de l’amour et toujours un respect
magistral pour cet artiste qui a séduit il y a presque quarante ans, un bon
paquet de celles et ceux qui sont là et reviendront, peut-être, le 9 mars
prochain pour la deuxième séance.
Geneviève Thivat & Julien Dodon
Côté fans
Laurent et Dominique, de Gelles, sont arrivés plusieurs
heures avant le début du concert. Photo Jean-Louis Gorce
Afin d’être au plus près de
leur idole, certains fans s’étaient postés derrière les barrières dès le début
de l’après-midi. « Nous sommes arrivés à 14 h 30, et il y avait déjà du monde »,
raconte Nathalie, exploitante agricole au Vernet-Sainte-Marguerite qui était
dans les toutes premières places de la file d’attente quelques minutes avant
l’ouverture des portes en compagnie de son mari Bruno, de son filleul Pierre et
de son cousin, Loïc.
Plusieurs heures d’attente qui ont été l’occasion « de
faire des connaissances, s’amuse la quinquagénaire qui n’avait pas revu
l’interprète de Docteur Renaud, Mister Renard, sur scène depuis ses seize ans.
Nous sommes tous devenus copains. »
Sa passion, la productrice de Saint-Nectaire l’a
transmise à son fils et à son petit-fils de quatre ans. Une histoire semblable à
celle de Corentin. Le jeune Clermontois d’une vingtaine d’années, bandana rouge
dans la poche « pour se rapprocher de l’esprit que Renaud incarnait », l’a «
dans les oreilles depuis tout petit. Mon père était fan et il m’a tout fait
découvrir. Lors de sa dernière tournée, j’étais trop jeune pour aller le voir.
Je ne pensais pas qu’il reprendrait la scène. C’est inespéré. »
Son bandana, Thierry l’a, lui, laissé dans l’armoire.
« Quand j’étais jeune, je m’habillais comme lui », se rappelle l’inconditionnel
du chanteur. Avec sa belle-sœur, Sandrine, présente à ses côtés hier, l’habitant
de Neussargues-Moissac (Cantal) avait « assisté au concert à la Maison des
sports de Clermont-Ferrand. C’est un très bon souvenir. »
Sa passion « a déteint, rigole son fils Yoan, présent
à leurs côtés. J’ai été bercé avec Renaud. On l’écoutait toute la journée. » Le
chauffeur routier, « qui met une cassette ou un CD du chanteur dans le camion »,
se montre admiratif du parcours de son idole. « Il est balèze. Passer par où il
est passé et revenir comme ça, il faut le faire. »
Nous ne l’avons jamais vu sur scène. Nous avions peur
de ne plus le revoir.
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« Comme le dit la chanson, il est toujours debout,
toujours vivant, s’enthousiasment Dominique et Marie qui ont pris place, grâce à
une opportunité de dernière minute, pour la première fois à un concert de leur
artiste préféré. Nous ne l’avons jamais vu sur scène. Nous avions peur de ne
plus le revoir. »
Peu de temps avant de prendre place dans la fosse, le
couple venu de Vichy s’attendait à ne « plus voir le Renaud que l’on a connu à
cause de sa voix cassée et de ses déboires mais ce sera un plaisir quand même. »
Et c’était bien ça le plus important.
Mathilde Thomas
Vidéo Stéphanie Delannes